Le coup de théâtre des conservateurs
Baltimore, 19 novembre 2010 (Apic) Réunie cette semaine à Baltimore pour son assemblée d’automne, la Conférence épiscopale américaine a élu le 16 novembre Mgr Timothy Dolan à sa présidence, à la surprise générale. Agé de 60 ans, l’archevêque de New York aux tendances conservatrices, succède ainsi au cardinal Francis E. George, archevêque de Chicago, qui arrive en fin de mandat.
Coup de théâtre derrière les portes closes de l’assemblée d’automne de la Conférence des évêques américains. Alors que l’évêque de Tucson, Mgr Gerald F. Kicanas, 69 ans, actuel vice-président de la Conférence semblait tout désigné pour accéder à la présidence, l’assemblée lui a préféré l’évêque de New York, Mgr Timothy Dolan, portant ainsi un coup à la tradition. Mgr Kicanas a obtenu 111 des 239 voix, soit 17 de moins que son adversaire.
Selon l’agence de presse catholique américaine CNS, jamais, depuis les nouveaux statuts de la conférence épiscopale des Etats-Unis, élaborés après Vatican II, chose pareille ne s’était produite. Ce choix est une entorse inédite à la tradition et il illustre un virage conservateur de l’assemblée épiscopale américaine. Mgr Dolan ayant été préféré à l’archevêque de Tucason, Mgr Kicanas, plus libéral.
Dans les jours précédents le vote, une campagne avait été lancée sur Internet contre Mgr Kicanas, relate l’agence «Associated Press». L’objectif des différents blogueurs était de faire pression sur les évêques américains. On reprochait à l’archevêque de Tucson ses positions trop libérales: ne pas refuser la communion à certains politiciens catholiques dissidents, ne pas avoir condamné le président de l’Université Notre-Dame pour avoir rendu hommage au président Barack Obama – partisan du droit à l’avortement. CNS relate quant à elle que Mgr Kicanas était accusé d’avoir ignoré volontairement les preuves des abus sexuels d’un futur prêtre de Chicago, dans les années quatre-vingt.
A l’issue du scrutin, Mgr Kicanas affirmé respecter la sagesse de ses «frères évêques dans le choix de leurs nouveaux président et vice-président.» Rappelant que «la vie d’un prêtre est fondée sur le service – le service à Dieu, à l’Eglise et à sa mission», il a ajouté: «Servir comme vice-président a été une expérience merveilleuse.»
Mgr Dolan, qui est entré en fonction le 18 novembre, à la fin de l’assemblée des évêques, a exprimé son étonnement quant à son élection. «Nous étions 10 candidats. La posture de l’évêque n’est habituellement pas de se présenter pour un poste mais de tout faire pour l’éviter», dit-il en riant. Et de remarquer que les évêques mettent l’accent sur leurs diocèses mais aiment profondément la Conférence: «Nous respectons et apprécions la Conférence. Nous sommes immergés dans nos diocèses, la plupart d’entre nous trouvent que nous avons suffisamment de travail à la maison. (…) C’est ce que signifie le service à l’Eglise… Se rendre disponible.»
Encadré:
Mgr Timothy Dolan, archevêque catholique de New York, est le nouveau président de la Conférences des évêques des Etats-Unis. Cette élection confirme sa position de «visage de l’Eglise catholique aux Etats-Unis».
L’imposant, populaire et dynamique évêque d’origine irlandaise, est apparu comme l’homme providentiel pour donner un nouvel élan à la vie ecclésiale de «Big Apple». Avec plus de 2.5 millions de catholiques, l’archevêché est «seulement» le deuxième plus grand diocèse du pays, après Los Angeles. Cependant, la place toute spécifique qu’occupe New York comme «trendsetter» et métropole des médias et de l’économie a poussé Jean-Paul II à décrire l’archevêque de la ville comme «évêque de la capitale du monde».
Parmi les évêques américains, Mgr Dolan apparaît comme un conservateur modéré. L’ancien archevêque de Milwaukee n’a pas attendu longtemps avant d’être mis à l’épreuve par New York: dans la dispute nationale autour de la fondation d’un centre islamique avec mosquée à proximité de Ground Zero, le lieu des attentats terroristes du 11 septembre 2001, l’archevêque a pris une position modérée.
Né en 1950 à St-Louis, Mgr Dolan a étudié entre autres à Rome et est devenu, en 1987, collaborateur de l’ambassade du Vatican à Washington. En 2001, il est nommé évêque auxiliaire de son diocèse d’origine, St-Louis. En 2002, il est déjà appelé à Milwaukee et devient archevêque de New York en 2009. (apic/cns/associate press/kna/amc)
webmaster@kath.ch
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/le-coup-de-theatre-des-conservateurs/