«Notre théologie est celle des réformateurs protestants»
Fribourg/Bâle, 30 août 2010 (Apic) Peu connus en Suisse, les membres de l’Eglise Adventiste du Septième Jour – dont la centrale se trouve à Silver Spring, dans le Maryland, non loin de la capitale américaine Washington – sont pourtant quelque 4’300 fidèles baptisés vivant sur le territoire de la Confédération. Rattachés à une cinquantaine de paroisses, ils sont en fait bien plus si l’on compte les familles, car les adventistes ne pratiquent que le baptême des adultes. Ils dépendent de la Division «Eurafricaine», qui a son siège à Berne.
Coup de projecteur sur cette Eglise avec Christian B. Schäffler, 66 ans, qui a quitté le 1er août dernier la rédaction en chef du Service de presse adventiste suisse (APD-Schweiz) basé à Bâle, accompagné du nouveau rédacteur en chef de l’APD, Herbert Bodenmann (*).
Eglise évangélique, héritière de la Réforme, l’Eglise Adventiste a adopté le primat protestant accordé à la Bible (sola scriptura) et la doctrine de la justification par la foi en Jésus-Christ (sola fide, sola gratia). Au niveau mondial, cette Eglise, fondée en 1863 (**) aux Etats-Unis et présente aujourd’hui dans 204 Etats sur tous les continents, compte quelque 16,3 millions de fidèles adultes baptisés, mais ils doivent être bien 30 millions à fréquenter régulièrement l’Eglise.
«Notre théologie est celle des réformateurs protestants; nous sommes plus proches de réformateurs comme Zwingli ou Calvin que de Luther. Nous célébrons le culte le samedi, pas le dimanche; nous ne mangeons pas de viande de porc, et à l’instar de l’Armée du Salut, nous ne consommons ni alcool, ni tabac ni drogues», précise le Bâlois Christian B. Schäffler.
Ancien rédacteur en chef et fondateur du Service de presse adventiste (APD), il insiste pour que l’on ne confonde pas les adventistes avec les Témoins de Jéhovah. «Il n’y a pas de liens à faire entre eux et nous. Certes, relève-t-il, il est vrai que nous attendons la venue du Seigneur, le retour du Christ, mais nous ne prédisons pas la fin du monde, nous ne sommes pas une religion de la peur… »
Dans l’Eglise adventiste, seuls les adultes sont baptisés et le baptême se fait par immersion. «Normalement, les fidèles sont baptisés vers l’âge de 16 ans, après leurs instruction religieuse. Ils décident personnellement de faire cette démarche. Il y a aussi des jeunes qui sont baptisés à l’âge de 14 ans, mais ce sont là des exceptions», précise Christian Schäffler.
En Suisse, l’Eglise adventiste dispose de ses propres églises dans les grandes villes, et comme elle a ses cultes le samedi, elle peut ailleurs utiliser les lieux de culte protestant sans qu’il y ait trop de problèmes. Elle compte 25 pasteurs actifs à plein temps, qui s’occupent de deux ou trois paroisses. Ils sont formés à la Faculté de théologie de Friedensau, près de Magdebourg, en Saxe-Anhalt (ex-RDA), une institution fondée en 1899. Cette Université adventiste est reconnue officiellement par l’Etat du land de Saxe-Anhalt. Les pasteurs francophones sont en principe formés en France, à Collonges-sous-Salève, près de Genève.
Depuis 1921, le Campus adventiste du Salève est l’unique institution adventiste francophone d’enseignement supérieur en Europe. Cette la Faculté adventiste de théologie est reconnue par la Faculté de théologie de Strasbourg et l’Andrews University, à Berrien Springs dans l’Etat américain du Michigan. Il appartient au réseau mondial de l’éducation adventiste, le plus important parmi les confessions protestantes.
Herbert Bodenmann a été, de 2000 à 2004, directeur de ADRA-Suisse, l’agence adventiste d’aide et de développement, une ONG partenaire de la Chaîne du Bonheur depuis 2005. Certifiée par la fondation ZEWO, qui lui a conféré son label de qualité garantissant une bonne affectation des dons aux projets, ADRA soutient des projets aussi bien dans la coopération au développement que dans l’aide humanitaire et en cas de catastrophe. Il connaît bien la réalité de la Corée du Nord, car ADRA y a travaillé jusqu’en 2006, avant de fermer ses bureaux sur place, la situation étant devenue trop difficile.
En Chine, par contre, ADRA est active et l’Eglise adventiste s’y développe dans le cadre légal du Mouvement des trois autonomies. «Notre Eglise compte quelque 400’000 membres en Chine, surtout des femmes… C’est le seul endroit au monde où l’on trouve des femmes pasteures ordonnées. Elles se sont organisées elles-mêmes !»
Du 23 juin au 3 juillet, des dizaines de milliers d’adventistes du septième jour se sont réunis au Georgia Dome à Atlanta pour la 59ème Session de la Conférence Générale mondiale de l’Eglise adventiste. La question de l’ordination des femmes n’a cependant pas été mise à l’ordre du jour. Un sondage réalisé cette année auprès des treize Divisions de l’Eglise adventiste mondiale a révélé que seulement trois Divisions accepteraient un changement dans la politique actuelle qui est de ne pas ordonner les femmes pour le ministère pastoral. Huit Divisions ont estimé qu’un changement à ce niveau-là aurait un impact négatif sur les membres et ébranlerait sérieusement l’unité de l’Eglise. Deux Divisions n’ont pas donné de réponse à cette question.
Par deux fois déjà, en aux sessions de la Conférence Générale de 1990 et 1995, les délégués avaient examiné la question de l’ordination des femmes, mais avaient refusé de prendre une décision. En dehors de l’Amérique du Nord, de l’Europe occidentale, de la Chine et de l’Australie/Océanie, où ne vivent que 13% des adventistes baptisés, l’ordination de femmes pasteures est très contestée, notamment en Afrique et en Amérique latine.
Au sein de l’Eglise adventiste, de petits groupes remuants font souvent entendre leur voix dissidente. «Nous avons aussi nos intégristes qui refusent l’œcuménisme et les relations avec les autres Eglises. Cette toute petite minorité en Suisse et en Allemagne, mais ils sont visibles sur internet. Nos relations avec les autres Eglises sont basées sur la Bible. Chez nos voisins français, l’Union des Fédérations adventistes de France (UFA) sont membres de la Fédération protestante de France (FPF)». L’Eglise adventiste du septième jour n’est pas membre du Conseil oecuménique des Eglises (COE), mais elle a mené au plan mondial divers dialogues théologiques (COE, Eglise luthérienne, réformée, Armée du Salut, Alliance Evangélique et Eglise catholique romaine), précisent nos deux interlocuteurs.
«En Suisse, nous sommes invités ou observateurs dans les organisations œcuméniques de certains cantons, comme Bâle-Ville, Bâle-Campagne, Zurich, Argovie, Schaffhouse… Mais nous ne sommes pas membres de la Communauté de travail des Eglises chrétiennes en Suisse (CTEC), même si nous avons des contacts depuis 1974», soulignent nos deux interlocuteurs. L’Eglise adventiste est par contre membre depuis 1994 de la Société biblique suisse et a une collaboration étroite avec la Ligue pour la lecture de la Bible en Suisse romande». JB
(*) Herbert Bodenmann a été durant huit ans directeur du Département Jeunesse de l’Eglise et durant sept ans administrateur de la direction de l’Eglise Adventiste du 7e Jour en Suisse alémanique. De 2000 à 2004, il a été directeur de ADRA Suisse, l’agence adventiste d’aide et de développement, qui soutient des projets aussi bien dans la coopération au développement que dans l’aide humanitaire et en cas de catastrophe. Il a travaillé ensuite comme pasteur à Zurich et Wädenswil. De 2007 à 2009, il a été représentant des Eglises Adventistes auprès du Conseil de l’Europe, de l’Union européenne et de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE).
(**) L’Eglise adventiste est née dans le contexte des attentes eschatologiques du milieu du XIXe siècle (exprimées en particulier par le mouvement millérite, de William Miller, qui prêchait alors la nouvelle du retour très prochain du Christ), mais elle ne fut formellement organisée qu’en 1863. Les millérites avaient prédit le retour du Christ le 22 octobre 1844. Après la «grande déception», le mouvement se trouva désorienté. Un petit groupe d’adventistes adopta alors le sabbat du septième jour, réinterpréta les événements de 1844 et devint finalement l’Eglise adventiste du septième jour. (apic/be)
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