La guérison n’est plus centrale pour les pèlerins
Lausanne, 25 mai 2010 (Apic) L’Observatoire des religions en Suisse et la Faculté de théologie et de sciences des religions de l’Université de Lausanne (UNIL) ont organisé, au printemps 2009, un atelier de terrain lors du pèlerinage interdiocésain de Suisse romande, à Lourdes. Constatation: la guérison n’est plus centrale pour les pèlerins.
Située dans le département des Hautes-Pyrénées (France), la commune de Lourdes accueille près de six millions de visiteurs chaque année, ce qui fait d’elle l’un des plus importants lieux de pèlerinage catholique dans le monde. Onze étudiants de l’UNIL, en section Bachelor, se sont rendus, du 10 au 16 mai 2009, sur les sanctuaires de Lourdes et se sont immergés dans le quotidien des équipes hospitalières et de brancardiers du pèlerinage interdiocésain de Suisse romande.
Les étudiants de l’UNIL qui ont effectué le stage d’ethnographie à Lourdes étaient encadrés par des chercheurs de l’Observatoire des religions en Suisse, dont Laurent Amiotte-Suchet. Maître assistant à la Faculté de théologie et de science des religions, celui-ci a mené une recherche sur la mue des pèlerins de Lourdes. Pour rédiger sa thèse, il s’est immergé pendant quatre ans dans une association de brancardiers accompagnant les malades et les personnes âgées à Lourdes.
Le chercheur a rapidement découvert que la dynamique avait changé: «Il y a cinquante ans, le pèlerin faisait trois jours de voyage pour se rendre à Lourdes et restait douze heures sur place. C’était le pèlerinage de la douleur», explique Laurent Amiotte-Surchet dans un article publié sur le site du mensuel de l’Eglise protestante vaudoise «Bonne Nouvelle». La grâce était espérée à l’arrivée, en guise de récompense pour l’effort fourni. Aujourd’hui, «les pèlerins râlent si les wagons ne sont pas assez confortables». Le chercheur précise que la quête de guérison n’est plus centrale et qu’il est beaucoup plus question de mieux-être et d’introspection personnelle: le pèlerin vient dans l’intention de s’accomplir.
Le pèlerin est là pour vivre une expérience. Autant dire que celui qui ne vit rien ne le manifeste pas publiquement. «Tout le dispositif existe pour vous permettre d’exprimer ce que vous avez vécu, non l’inverse», confie Laurent Amiotte-Suchet, qui constate que cela n’empêche pas des prises de distance individuelles. «Les pèlerins restent assez critiques. Beaucoup font leur pèlerinage pour eux-mêmes. Il y a une grande diversité de l’implication. Chacun négocie à sa manière avec la structure.»
Mais au fond, Lourdes, ça marche? «En tout cas, les pèlerins le disent et sont nombreux à revenir, constate le chercheur. Pour l’Eglise catholique, cet engouement est un énorme succès. Plusieurs milliers de personnes de Suisse romande s’y rendent chaque année. L’Eglise a trouvé un événement fédérateur. Il compense en partie la perte d’intérêt pour la paroisse territoriale. L’Eglise tente de reconquérir une collectivité en construisant des paroissiens événementiels.»
«Pourquoi commence-t-on aussi tard ce soir ?» C’est à partir de cette interrogation particulière que Francis Mobio a tracé le fil rouge d’un document vidéo de 38 minutes autour du stage de terrain accompli par les onze étudiants de l’UNIL. «Quitter pour un temps la mise à distance universitaire, partir à la rencontre d’un premier terrain et en revenir, s’impliquer pour apprendre, faire de l’informateur un interlocuteur, devoir légitimer sa propre participation, se confronter à l’autre et le laisser nous qualifier,… Autant d’éléments inédits pour une expérience pédagogique singulière», peut-on lire sur la pochette du dvd. Le film documentaire est notamment visible sur internet. FB
C’est durant l’année 1858 que la jeune Bernadette Soubirous, alors âgée de quatorze ans et de condition modeste, déclara avoir vu une «demoiselle» lui apparaître à dix-huit reprises dans la grotte de Massabielle, un renfoncement rocheux du mont des Espélugues au bord de la rive gauche du Gave, à proximité du village de Lourdes. L’apparition, progressivement identifiée comme étant l’Immaculée Conception, attirera une foule de plus en plus nombreuse à Lourdes. Une source d’eau, mise à jour par Bernadette sur les indications de l’apparition et vite réputée miraculeuse, contribua à faire considérablement grandir la réputation thaumaturgique du lieu. Le 18 janvier 1862, après trois ans d’enquête, l’évêque de Tarbes Mgr Bertrand-Sévère Laurence déclara le Mandement reconnaissant l’authenticité des apparitions. Alors que Bernadette Soubirous quitte Lourdes en 1864 pour ne plus jamais y revenir, les trains de pèlerinage affluent dans cette petite ville des Hautes-Pyrénées dont le destin bascule irrémédiablement. FB
Pour voir le film «Pourquoi commence-t-on aussi tard ce soir ?»: http://www.unil.ch/unimedia/page72115.html (apic/unil/bn/fb)
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