L’enquête sur les accusations de pédophilie a été relancée par Benoît XVI
Rome, 6 janvier 2010 (Apic) Le Père Marcial Maciel Degollado a bénéficié de la protection et de l’admiration de Jean Paul II jusqu’à la mort de ce dernier. C’est sous le pontificat de Benoît XVI qu’une enquête a été relancée sur les graves accusations, de pédophilie notamment, à l’encontre du fondateur des Légionnaires du Christ. Reprenant un article du Monde du 4 janvier, le quotidien romand «Le Temps» fait le point sur cette affaire dans son édition du 6 janvier.
Fasciné par le Père Maciel, Jean Paul II «l’avait érigé en modèle pour la jeunesse en 1994. Or, le prêtre mexicain, mort en 2008 à l’âge de 87 ans, a été la cible, à plusieurs reprises au cours de sa vie, d’accusations graves, qu’il a toujours niées: trafic et consommation de drogues, pédophilie, abus sexuels sur de jeunes séminaristes, mensonges. En outre, il a eu au moins quatre enfants de deux femmes.» C’est ce qu’affirme la journaliste Patricia Briel. Si ces accusations sont largement connues, et certaines font actuellement l’objet d’une enquête du Vatican, «Le Temps» insiste sur la protection dont a été l’objet le Père Maciel de la part de Jean Paul II, contre l’avis du cardinal Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. En 1956 déjà, le Saint-Siège ordonne une enquête canonique contre le Père Maciel, qui est suspendu pendant près de 3 ans. Le prêtre mexicain en ressort blanchi, malgré les doutes exprimés par le principal enquêteur.
Puis, poursuit «Le Temps», en 1997, un quotidien américain, The Hartford Courant, publie le témoignage de huit séminaristes qui affirment avoir été abusés par lui lorsqu’ils avaient entre 10 et 16 ans. La Congrégation pour la doctrine de la foi est saisie de ces nouvelles accusations. Mais il semble que Jean Paul II ait gelé l’instruction de ce dossier, selon des informations publiées en 2006 par le quotidien français La Croix. Ce n’est qu’à la mort du pape polonais – et même au moment de son agonie – que le cardinal Ratzinger relance l’enquête. Convaincu de la gravité des accusations, selon «Le Temps», «Benoît XVI écarte définitivement le Père Maciel de tout ministère public en mai 2006, tout en renonçant à un procès canonique à cause du grand âge et de la santé précaire du prêtre». Puis, dès 2009, les révélations de paternité du fondateur des Légionnaires du Christ affluent. L’enquête lancée en mai 2009 par le Saint-Siège prendra fin en mars 2010.
Dans un éditorial publié en première page du Temps, Patricia Briel affirme que Jean Paul II, même s’il a été indéniablement un «grand pape», a «parfois manqué totalement de discernement». «Il faudra attendre la mort de Jean Paul II pour que Joseph Ratzinger diligente enfin une enquête, qui révélera, entre autres, la pédophilie de Maciel». La journaliste souligne que la procédure de béatification de Jean Paul II – elle ne pourrait durer que 5 ans – est «rapide». Sans doute trop rapide: «La distance est-elle suffisante pour établir un dossier sérieux sur un candidat à la sainteté?». «L’ampleur des scandales sexuels au sein de l’Eglise catholique devrait inciter Benoît XVI à attendre que toute la lumière soit faite sur l’attitude de Jean Paul II dans cet épisode. La loi du silence a déjà causé trop de victimes et de dégâts pour l’image de l’Eglise», conclut la journaliste dans son éditorial. (apic/temps/pa/bb)
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