« Rien n’est jamais fichu »
Fribourg, 8 novembre 2009 (Apic) Ambiance très contrastée, samedi soir 7 novembre, lors du week-end Prier Témoigner à Fribourg. Aux rythmes effrénés du groupe de musique P.U.S.H a succédé le témoignage de l’abbé René-Luc, auteur de « Dieu en plein cœur », qui a connu une enfance marquée par la violence et le milieu du crime, avant de se convertir radicalement et de devenir prêtre. « Rien n’est jamais fichu », a-t-il lancé dans une aula et un hall d’entrée de l’Université pleins à craquer.
Près de 200 jeunes qui dansent, lèvent les bras, crient sur le bout de scène laissé libre par les musiciens et des centaines d’autres participants, de tous âges cette fois, qui manifestent également leur enthousiasme en tapant des mains et en chantant. Ce n’était pourtant pas un concert rock habituel ni une soirée disco, mais bien une rencontre de prière et de témoignage qu’accueillait samedi soir l’Université Miséricorde à Fribourg. Le groupe genevois P.U.S.H (pour Pray Until Something Happens, « Prie jusqu’à ce que quelque chose arrive») a enflammé le public de la 20e édition de Prier Témoigner par un concert de musique endiablée, sur des paroles bibliques, liturgiques ou de témoignage chrétien.
Le Père René-Luc, prêtre du diocède d’Albi au sud de la France, a eu ensuite le difficile honneur de succéder aux musiciens en offrant aux participants de la rencontre le témoignage de sa conversion. Son récit, direct, sincère et empreint de traits d’humour même dans les pages plus graves de sa vie, a conquis un public encore un peu agité par les accents du groupe P.U.S.H.
En 1976, alors qu’il avait 10 ans, sa mère rencontre Martial, qui établira une véritable complicité avec René-Luc. Complices, ils l’étaient dans leur relation – au point que cet homme lui propose de donner son nom – et durant leurs loisirs. Mais pas seulement. Un an plus tard, René-Luc apprend que son nouveau papa est recherché par la police « parce qu’il ne payait pas la pension de son ex-femme et de ses enfants ».Mais aussi, comme il le découvrira plus tard, parce qu’il faisait partie du « milieu », une sorte de mafia locale du sud de la France. Il possède une arme, qui fascine René-Luc et des explosifs, avec lesquels il accomplira même des « pêches miraculeuses ».
Mais les choses n’évoluent pas dans le bon sens dans la famille. Le beau-père boit de plus en plus, devient violent, verbalement puis physiquement. Un soir, les deux grands frères de René-Luc quittent la maison. De par la faute de cet homme, la famille se déchire. Un séjour en prison n’arrangera rien, au contraire. Le beau-père devient encore plus violent, et même « odieux ». La mère, qui s’en est référée à la police, décide finalement de le quitter. La famille ne le reverra qu’une fois, pour assister à son suicide par balle, juste devant la maison. René-Luc est alors un adolescent perturbé, qui d’adonne à la petite délinquance. Il commence à fuguer, répond violemment à sa mère, la menace même.
C’est en glissant sur cette pente vertigineuse de la délinquance qu’il se laisse convaincre, avec sa mère, d’assister à Montpellier à une soirée témoignage d’un ancien caïd du Bronx, Nicky Cruz. Ce chef de gang rencontre un prédicateur des rues qu’il fait d’abord rosser, avant de se laisser toucher par cette annonce assénée sans relâche : « Jésus t’aime ». Le témoignage de l’ancien caïd touche René-Luc en plein cœur. Sur l’appel insistant du conférencier, il se rend avec une bonne partie de l’assemblée au pied du podium, où Nicky Cruz fait une prière pour chacun. Cette expérience spirituelle très forte lui arrache les larmes des yeux. Il décide de mieux connaître Jésus et entame une catéchèse avec la dame qui avait emmené sa mère et lui à cette soirée. « J’ai vécu une transformation totale. J’ai renoncé à tout, sauf au sport et à la moto », raconte René-Luc. Il ne vole plus, ne répond plus à sa mère, il arrête de sortir avec plus d’une fille à la fois (« Je ne savais pas que c’était pas bien », assure-t-il innocemment). Il se rend en pèlerinage à Lourdes (« C’était pas fun, mais c’était priant ») et décide de donner sa vie à Jésus. Ce cheminement le mène ensuite au séminaire, puis à la prêtrise.
Avant de conclure son témoignage, le Père René-Luc révèle qu’à 13 ans, il apprend qu’il avait un autre père que celui de ses frères et sœurs. Il s’agissait d’un Allemand que sa mère avait connu durant quelques mois avant de le quitter à cause de ses problèmes d’alcool. Elle revient en France et découvre qu’elle attend un enfant. Autour d’elle, on lui conseille largement d’avorter. Elle tient bon et met au monde René-Luc. « Nous les bâtards, qu’on nous laisse notre chance », lance le conférencier, qui a fini par connaître son père – le vrai – alors qu’il préparait son bac oral … d’allemand. Lui aussi avait cheminé dans la foi chrétienne. Il demande pardon à cet enfant dont il avait appris l’existence et qu’il avait dû abandonner à cause de ses problèmes d’alcool. Lors de ses nombreuses recherches pour retrouver son fils, il s’était rendu en désespoir de cause à Lourdes, le jour même et à l’endroit même où René-Luc avait pris la résolution de donner sa vie à Jésus. Ils ne se verront que plusieurs années plus tard, pour partager mutuellement leur expérience de conversion. « Vous voyez, rien n’est jamais fichu », a conclu le conférencier, devant une assemblée touchée par la qualité se don récit.
La soirée a glissé encore davantage dans une ambiance intimiste par une procession, suivie d’une veillée de prière, avec possibilité de demander le sacrement du pardon, jusqu’au milieu de la nuit.
Note : Des photos de Prier Témoigner peuvent être commandées chez Jean-Claude Gadmer au 079 266 23 23.
(apic/bb)
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