Un mouvement parfois accusé de dérives sectaires

Rome: Le pape demande au Chemin néocatéchuménal de suivre les directives de l’Eglise

Rome, 11 janvier 2009 (Apic) Tout en reconnaissant l’originalité et les fruits du charisme du Chemin néocatéchuménal, Benoît XVI a demandé à ce mouvement missionnaire né en Espagne au milieu des années 1960 d’être en communion avec l’Eglise et de suivre ses directives. Le pape recevait en audience dans la basilique Saint-Pierre samedi 10 janvier plusieurs milliers de membres du «Camino» dont les statuts définitifs avaient été approuvés en juin 2008.

Particulièrement festive, l’audience accordée par le pape au Chemin néocatéchuménal, 7 mois après l’approbation définitive de ses statuts, a rassemblé plusieurs milliers de fidèles, dont de très nombreuses familles, dans la basilique vaticane. Cette audience entendait marquer plus spécialement le 40e anniversaire de l’installation à Rome de la première communauté de ce mouvement missionnaire.

«Une armée de missionnaires»

L’Espagnol Kiko Argüello, l’un des deux fondateurs du mouvement, a tout d’abord présenté avec grand enthousiasme à Benoît XVI l’ensemble des communautés envoyées en mission dans la banlieue de Rome ainsi qu’à travers le monde, voyant en elles «une armée de missionnaires».

Amusé, Benoît XVI a écouté la longue présentation faite par Kiko Argüello des familles envoyées en mission d’évangélisation à travers le monde. Prenant la parole à son tour, le pape a alors salué «l’originalité du charisme propre» du Chemin néocatéchuménal avant de remercier la providence divine pour le grand nombre de prêtre et de personnes consacrées issues de ce mouvement.

Puis, Benoît XVI a demandé au mouvement parfois accusé de dérives sectaires au sein même de l’Eglise de suivre «un chemin d’adhésion docile aux directives des Pasteurs (le pape et les évêques, ndlr) et de communion avec toutes les autres composantes du peuple de Dieu».

Le Chemin néocatéchuménal doit s’insérer dans la mission de l’Eglise

A plusieurs reprises au cours de son discours, le pape a insisté pour que le Chemin néocatéchuménal s’insère dans la mission de l’Eglise. «L’insertion organique du ’Chemin’ dans la pastorale diocésaine et son unité avec les autres réalités de l’Eglise, a affirmé le souverain pontife, seront bénéfiques pour l’ensemble du peuple chrétien».

Benoît XVI a également demandé aux membres du Chemin néocatéchuménal de ne pas rechercher les succès humains. Il les a aussi encouragés à ne pas se décourager devant les difficultés et à ne pas craindre les «incompréhensions et même les persécutions».

Au terme de l’audience, le pape a officiellement envoyé en mission des communautés composées de prêtres, de religieux et de familles nombreuses. 14 communautés de 30 à 60 personnes ont ainsi été envoyées dans des paroisses des «zones les plus difficiles et sécularisées de la banlieue de Rome».

14 autres, baptisées «Missio ad gentes», partiront à travers le monde, à la demande d’évêques, notamment à Cologne, Budapest ou New-York, ou encore auprès des populations aborigènes en Australie, aux Antilles hollandaises ou en Inde. Benoît XVI a également envoyé en mission quelque 200 familles missionnaires et 700 «catéchistes itinérants» à travers le monde.

Avant le chant final du Te Deum, la co-fondatrice du «Chemin», Carmen Hernández, a très longuement pris la parole dans un espagnol mêlé d’italien, improvisant des remerciements à l’adresse du pape, des cardinaux et des évêques, ainsi que pour les prédécesseurs de Benoît XVI en commençant par Pie XII. «Tais-toi, je parle au pape», a entre autres lancé l’Espagnole à son ami Kiko, sous le regard amusé de Benoît XVI. Au bout d’un long moment, le pape a montré sa montre à Carmen Hernández. Il a encore fallu l’intervention du secrétaire particulier de Benoît XVI pour qu’elle s’arrête.

Né dans les bidonvilles en banlieue de Madrid

Né dans les bidonvilles en banlieue de Madrid en 1964, le Chemin néocatéchuménal avait été reconnu officiellement par le Saint-Siège le 29 juin 2002, mais ses statuts avaient d’abord été approuvés «ad experimentum», conformément à la pratique. Avant l’approbation définitive et la publication des statuts, le 13 juin 2008, plusieurs dicastères de la curie romaine avaient demandé au Chemin néocatéchuménal de revoir certaines de ses pratiques, essentiellement en matière de liturgie eucharistique.

Fondé par Francisco Argüello dit «Kiko» et Carmen Hernández, le «Chemin» est désormais présent dans plus de 900 diocèses et 120 pays à travers le monde, avec plus de 20’000 communautés et gérant plusieurs milliers de paroisses, ainsi que 70 séminaires missionnaires. Il est composé à 70 % de personnes à l’origine éloignées de l’Eglise ou non-baptisées. (apic/imedia/ami/be)

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