Angleterre: Le Synode général de York approuve l’ordination de femmes évêques
Londres, 8 juillet 2008 (Apic) Pas de «super-évêques», pas de compromis. L’Eglise anglicane a approuvé lundi soir l’ordination de femmes évêques. Après un marathon de six heures, les membres du Synode général réunis à York, dans le nord de l’Angleterre, depuis vendredi et jusqu’à mardi, se sont en effet prononcés en faveur de l’ordination de femmes évêques. Rome n’a pas tardé a réagir: Le Vatican «appris avec regret» l’adoption du principe de l’ordination de femmes évêques qui constituera «un nouvel obstacle à la réconciliation» entre les deux Eglises,
L’Eglise d’Angleterre risque d’être plongée dans une crise les plus rudes de ces 400 dernières années. L’affrontement entre traditionalistes et libéraux risque de laisser des traces entre partisans et opposants.
Dès avant le vote, plus d’un millier de membres du clergé anglican, affichant leur tendance traditionaliste, ont menacé de quitter l’Eglise d’Angleterre, certains d’entre eux demandant des paroisses avec un clergé uniquement masculin. Notons que le Synode Général avait déjà donné son accord pour l’ordination de femmes évêques, mais la mise en place, étant données les étapes législatives à franchir, ne pourrait pas avoir lieu avant 2014, au plus vite, selon l’Eglise d’Angleterre.
Les trois chambres du Grand Synode, laïcs, évêques et clergé, ont participé au vote. Les évêques ont voté en faveur de cette mesure par 28 contre 12, le clergé par 124 contre 44 refus, et les laïcs par 111 votes favorables contre 68, indique le quotidien the Times, cité par l’AFP.
Le Synode général a donc refusé le compromis qui visait à concilier libéraux et traditionalistes: créer un groupe de «super-évêques» qui auraient eu la charge d’officier dans les paroisses refusant les femmes évêques. Cette question de l’ordination des femmes menace de provoquer un schisme au sein de l’Eglise, forte de 77 millions de fidèles dans le monde, et déjà divisée sur l’homosexualité, d’autant plus que les membres du Synode ont également voté contre la création de nouveaux diocèses pour les paroisses refusant d’accepter des femmes évêques.
L’archevêque de Canterbury, Rowan Williams, à la tête de l’Eglise anglicane et son numéro 2, l’archevêque de York, John Sentamu, étaient en faveur d’un compromis. Tous deux sont néanmoins des partisans convaincus de l’ordination de femmes évêques.
Les problèmes pour l’Eglise anglicane ne s’arrêtent pas à cette seule question. Le millier de responsables anglicans réunis en juin à Jérusalem pour la Conférence mondiale sur l’avenir des anglicans (GAFCON) a certes écarté l’idée d’une rupture totale avec la Communion anglicane mondiale. Il a toutefois convenu d’établir son propre réseau mondial afin d’éviter ce qu’il qualifie de manquement à la tradition biblique anglicane.
Autorité de Rowan Williams affaiblie
L’autorité de Rowan Williams déjà affaiblie par la formation à Jérusalem d’une nouvelle communion au sein de l’Eglise, par quelque 300 évêques et archevêques conservateurs dénonçant sa ligne libérale envers l’homosexualité et un «déclin spirituel» en Occident, risque fort d’être plus affaiblie encore, après ce vote de lundi soir à York. Les dissidents, qui disent représenter 35 millions de fidèles, affirment cependant que leur initiative n’est pas un schisme mais la création d’»une Eglise dans l’Eglise» destinée à faire avancer la réforme de l’intérieur.
Beaucoup des quelque 300 évêques ayant assisté à la GAFCON, à Jérusalem, ont déclaré qu’ils ne participeraient pas à la Conférence de Lambeth qui, tous les dix ans, réunit les évêques anglicans du monde entier, et qui s’ouvre fin juillet en Angleterre. Ils affirment ne pas souhaiter participer à une réunion où seraient présents ceux qui ont consacré l’évêque Robinson, alors même que l’évêque du New Hampshire lui-même n’a pas été invité à la Conférence de Lambeth.
L’Eglise anglicane connaît de profondes divisions, surtout depuis l’ordination et la consécration en 2003 de Gene Robinson, un Américain ouvertement homosexuel, comme évêque du New Hampshire. Plus de 1’300 membres du clergé anglican, dont 11 évêques, ont écrit à l’archevêque de Canterbury, Rowan Williams, pour le mettre en garde et l’avertir qu’ils pourraient quitter leur Eglise si leurs demandes ne sont pas satisfaites.
Dans un article publié à la veille du vote, «The Guardian», journal britannique, laissait entendre que des rencontres secrètes auraient eu lieu entre des évêques anglicans de tendance conservatrice et des responsables du Vatican. Des informations ont cependant été démenties par l’archevêque de Canterbury.
«The Guardian» affirme encore qu’un important interlocuteur à Rome lui a déclaré qu’au moins six évêques de l’Eglise d’Angleterre, dont les noms ne sont pas mentionnés, se sont rendus à Rome pour discuter de leurs craintes à propos de la politique anglicane concernant les ministères de personnes homosexuelles et les femmes évêques. Ces rencontres ont provoqué des rumeurs laissant entendre qu’ils exploraient la possibilité de faire défection et de rejoindre l’Eglise catholique.
Réaction romaine
De source romaine, écrit le journal, la volonté de l’Eglise d’Angleterre d’ordonner des femmes évêques pourrait amener à une modification des relations entre l’Eglise anglicane et le Vatican, alors qu’auparavant Rome avait soutenu le primat Rowan Williams.
Rome n’a pas tardé à réagir à la décision des anglicans. Le conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, souligne que cette initiative des Anglicans constitue «un accroc à la tradition apostolique maintenue par toutes les Eglises du premier millénaire, et un nouvel obstacle à la réconciliation entre l’Eglise catholique et l’Eglise anglicane». Le Vatican a «appris avec regret» l’adoption du principe de l’ordination de femmes évêques qui constituera «un nouvel obstacle à la réconciliation» entre les deux Eglises, selon un communiqué publié mardi. Rome estime que la décision «aura des conséquences pour le dialogue» entre les Anglicans et l’Eglise catholique «qui avait jusque là porté ses fruits». (apic/bbc/guardian/be/pr)
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