799 exemplaires au prix de 5’900 euros chacun

Rome: Le Vatican publie le procès des Templiers

Rome, 26 octobre 2007 (Apic) 700 ans après l’élimination de l’ordre du Temple voulue par le roi de France Philippe IV le Bel (1285-1314), les archives secrètes du Vatican et la maison d’édition italienne «Scrinium» ont présenté le 25 octobre, en grande pompe, le «Processus contra Templarios», une luxueuse publication en fac-similé des actes du procès de ces chevaliers et religieux pas comme les autres. L’éditeur, lui, se frotte les mains, avec 799 exemplaires vendus au prix de 5’900 euros le bouquin.

Mgr Sergio Pagano, préfet des Archives secrètes du Vatican, a cependant expliqué qu’il n’y avait aucune révélation dans la publication de ce «livre d’art».

Les Templiers, avec les jésuites, les francs-maçons ou l’Inquisition, font partie de cette catégorie d’institutions historiques et religieuses à fort contenu fantasmagorique.

L’ordre du Temple fut fondé au début du 12e siècle à Jérusalem afin de protéger les pèlerins et défendre le fruit des croisades. Pour se faire, cet ordre religieux et militaire organisa tout un réseau financier en Europe. Appuyé sur d’immenses domaines, il devint une véritable banque. Il acheta même l’île de Chypre à Richard Coeur de Lion. Mais après 1291 et la reconquête de la Terre Sainte par les musulmans, leur mission ne se justifiait plus et encore moins leur fortune. Retirés dans leurs possessions européennes, affaiblis, voire décadents, les Templiers attirèrent l’hostilité, en particulier celle du roi de France. L’affaire allait devenir politico-financière.

Ce dernier cherchait alors à affirmer l’hégémonie de la couronne de France contre le pape. Ce combat sans merci passait par l’élimination des Templiers, qui dépendaient exclusivement de Rome. A partir de 1307, l’ordre fut donc poursuivi pour «mauvaise réputation». Jacques de Molay, son grand maître, fut arrêté avec ses compagnons. Torturés, ils avouèrent des crimes abominables: l’adoration d’une idole nommée Baphomet, sacrilèges, pratiques sodomites.

Jacques de Molay finit sur le bûcher comme hérétique en 1314. La légende veut qu’il ait alors maudit le pape, le roi et sa descendance. Les biens de l’ordre furent confisqués, remis à d’autres moines soldats, les Hospitaliers, plus connus aujourd’hui sous le nom d’ordre de Malte. Au passage, Philippe Le Bel se servit largement.

Quant au pape, malgré des avis contraires, il capitula devant le roi. Sans jugement ni condamnation, il sacrifia les Templiers sur l’autel de la politique. Clément V (1305-1314) voulait faire l’économie d’un schisme avec la France.

Le document «oublié»

Mais pendant sept siècles, la porte resta ouverte aux légendes et aux controverses en tout genre. Le Da Vinci Code, le roman de Dan Brown a remis au goût du jour une version: Clément V aurait lui-même décidé de la perte des Templiers en prenant pour complice le roi de France. La réalité est tout autre et connue depuis plusieurs années.

Le procès des Templiers, conservé au Vatican, est épluché par les historiens depuis le début du 20e siècle. Mais un document leur a longtemps échappé. Les chercheurs l’avaient négligé à cause de la description peut engageante d’un inventaire du 18e siècle. Il y a 7 ans, Barbara Frale, qui travaille aux Archives du Vatican, a donc exhumé cet original des interrogatoires conduits en 1308, à Chinon, par trois cardinaux envoyés par le pape. Les cinq chefs des Templiers emprisonnés leur avouèrent avoir «craché à côté» du crucifix et avoir renié le Christ verbalement «mais pas de coeur». Repentis, ils furent absous et auraient dû être libérés. Mais l’époque était mauvaise pour le pape.

En 1314, ses trois cardinaux, après avoir réentendu les accusés, les condamnèrent à la prison à vie. Ces derniers se rebiffèrent et considérés comme relaps furent conduits au bûcher. Les historiens le savaient, mais pas le grand public.

C’est ce que Mgr Sergio Pagano, préfet des Archives secrètes du Vatican, a expliqué le 25 octobre en s’offusquant de «tout ce tintamarre autour de cette publication». Les scoops? «Ce n’est pas le style des archives du Vatican», a-t-il asséné devant l’éditeur fier de son tapage médiatique.

Les archives du Vatican ont besoin d’argent pour fonctionner et cherchent des mécènes. Chacun des 799 exemplaires du «Processus contra Templarios» est mis en vente au prix de 5’900 euros. (apic/imedia/hy/pr)

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