Benoît XVI, heureux comme un pape à Castel Gandolfo
Par Antoine-Marie Izoard, de l’Agence I.Media
Rome, 17 août 2006 (Apic) Arrivé le 28 juillet 2006 dans la résidence d’été des papes à Castel Gandolfo, près de Rome, Benoît XVI devrait y demeurer jusqu’au début du mois d’octobre, s’absentant seulement six jours pour se rendre en Bavière, du 9 au 14 septembre. Ses proches le disent plus détendu et concentré sur la préparation du voyage dans sa terre natale, avec au programme quelques audiences publiques et des promenades quotidiennes dans les jardins du palais pontifical.
Le pape, qui accorde très peu d’audiences privées durant son séjour estival, partage son temps entre le travail, la prière et le repos. Chaque jour, en fin d’après-midi, il effectue une promenade dans les sous-bois des splendides jardins en terrasses des villas pontificales. En compagnie de l’un de ses secrétaires ou d’un haut prélat, il se promène ainsi entre la villa Barberini, résidence estivale du cardinal secrétaire d’Etat, et les ruines de la villa antique de l’empereur Domitien (81-96).
Lorsque sa promenade le mène plus loin dans les jardins, le pape allemand se rend, de temps à autre, jusqu’à la ferme pontificale. Il y voit celles qu’il a baptisées «les vaches heureuses», selon ses proches, ainsi que des poules et quelques autres animaux.
Chaque dimanche, à 12h, Benoît XVI voit affluer des milliers de pèlerins dans la petite cour interne du palais pour la récitation de la prière mariale de l’Angélus. Il apparaît alors avec le sourire au balcon de la villa, devant une grande tapisserie représentant le Christ ressuscité, celle-la même qui, le 8 avril 2005, décorait la façade de la basilique Saint-Pierre pour les obsèques de Jean Paul II.
«Grazie, grazie». lors de son apparition, Benoît XVI a du mal à calmer l’ardeur des fidèles qui applaudissent chaleureusement ou scandent son nom. «Ici, on se sent tous rajeunis», a-t-il lancé le 16 août 2006 aux pèlerins venus à sa rencontre pour l’audience générale exceptionnellement organisée dans la cour du palais. A chaque rencontre avec la foule, installée quelques mètres à peine sous le balcon, le pape salue les groupes avec plus d’insistance. Il adresse un sourire à l’un, montre un autre du doigt ou, encore, comme le 15 août dernier, semble battre la mesure lorsqu’un groupe entonne un chant rythmé.
Au piano avec son frère
La vie dans le palais d’été, perché au-dessus du lac volcanique d’Albano, fonctionne au ralenti. En ce milieu du mois d’août, Benoît XVI est seulement entouré de l’un de ses deux secrétaires particuliers, le Polonais Mgr Mieczyslaw Mokrzycki, pendant que Mgr Georg Gänswein prend quelques vacances. En revanche, les quatre laïques consacrées qui le servent au quotidien à Rome l’ont suivi à Castel Gandolfo. Mgr Georg Ratzinger, le frère aîné du pape, a aussi pris ses quartiers d’été à Castel Gandolfo et, parfois, joue du piano en compagnie du pape.
La sécurité du pontife est assurée par quelques gendarmes du Vatican en faction dans les jardins et, dans le palais, par un détachement d’une quinzaine de gardes suisses.
A part le 16 août dernier, où les fidèles n’étaient pas plus de 4’000 au rendez-vous, Benoît XVI rejoint le Vatican en hélicoptère chaque mercredi matin, pour l’audience générale.
Par ailleurs, il reçoit des invités au compte-goutte dans sa résidence estivale. Ainsi, le 28 août, il accueillera pour une audience privée la chancelière allemande Angela Merkel. Début septembre, il présidera un séminaire à huis clos de deux jours, avec une trentaine de ses anciens élèves de théologie, dans les années 70, sur «Création et évolution». AMI
Encadré
Le palais et les jardins de Castel Gandolfo au cours de l’histoire
A 25 kms au sud de Rome, la villa pontificale de Castel Gandolfo où les papes résident traditionnellement l’été est un palais apostolique, au même titre que celui du Vatican. Cette résidence officielle, à 426 mètres d’altitude, compte environ 70 hectares de palais et jardins.
L’actuelle villa pontificale est le résultat de l’union de trois propriétés d’origine différente: le palais apostolique et son petit jardin donnant sur la place de la ville de Castel Gandolfo, auquel a été rattachée en 1773 la villa Cybo et, en 1929, suite à la signature des Accords du Latran, la villa Barberini édifiée en grande partie sur la villa antique de l’empereur Domitien (81-96).
Au XIIIe siècle avant J.-C. le site de Castel Gandolfo aurait été occupé par la ville d’Albe la Longue qui, selon la légende, aurait été fondée par Ascanius, le fils d’Enée. La ville est ainsi considérée comme le berceau du peuple des Latins. Elle est conquise et détruite par les Romains au VIIe siècle avant J.-C. Quatre siècles plus tard, la zone devient très prisée par les riches Romains qui y élèvent villas et palais.
Le nom de la petite ville des «castelli romani» (avec environ 8500 habitants) provient du château – castel – élevé par la famille romaine des Gandolfi au XIIe siècle. Cette seigneurie a été achetée par le pape à la famille des Savelli en 1596 pour 24 000 écus. En 1604, Clément VIII (1592-1605) intègre par décret la bourgade et ses terres aux domaines temporels du Saint-Siège. C’est Urbain VIII (1623-1644) qui élève sur les hauteurs surplombant le lac d’Albano la demeure pontificale, loin de l’étouffante chaleur estivale de Rome. Une fois élu pape, le cardinal Maffeo Barberini qui a résidé à Castel Gandolfo, ordonne des travaux afin d’élever une villa pontificale sur le site de l’acropole de la cité antique d’Albe la Longue déjà occupée par le vieux château de la famille des Savelli.
Les travaux de la villa pontificale sont confiés par Urbain VIII à l’architecte Carlo Maderno. Après lui, Le Bernin intervient aussi sur ce chantier pontifical. Malgré la construction de cette résidence pontificale, Urbain VIII n’y résidera jamais, préférant se rendre dans son palais de famille voisin.
C’est Alexandre VII (1655-1667), son successeur, qui le premier habite la villa et en complète la construction. Les papes délaissent ensuite longuement cette villégiature. Ce n’est qu’à partir de Benoît XIV (1740-1758) que les papes résident à nouveau à Castel Gandolfo. Il restaure et agrandit la villa. En 1749, le balcon des bénédictions est construit. Clément XIV (1769-1774) poursuit la restauration et l’embellissement du palais et acquiert la villa Cybo pour agrandir les jardins pontificaux.
A la fin du XVIIIe siècle, les troupes françaises occupent le palais et le saccagent. C’est Pie VII (1800-1823) qui le restaure une nouvelle fois, sans pouvoir en profiter. Grégoire XVI (1831-1846) devient un grand habitué des séjours à Castel Gandolfo et son successeur Pie IX (1846-1878) est le dernier des papes à y résider avant le XXe siècle.
En effet, Rome devenue la capitale de l’Italie en 1870, les papes se considèrent alors prisonniers des Italiens. Pendant 59 ans, la villa est ainsi quasiment laissée à l’abandon. Les papes restent volontairement enfermés au Vatican jusqu’en 1929. Les Accords du Latran mettent alors fin à la brouille entre la papauté et l’Italie, créent l’Etat de la Cité du Vatican et rendent la villa à Pie XI (1922-1939). Celui-ci ordonne immédiatement d’importants travaux de restructuration de l’ensemble des trois sites réunis qui composent désormais la résidence pontificale: le palais d’Urbain VIII, la villa Cybo et la villa Barberini. Il y fait aussi construire l’observatoire astronomique du Saint-Siège, dont une partie a été transféré en 1981 en Arizona (Etats-Unis), en raison de la pollution atmosphérique dans la région de Rome. Depuis, la villa est devenue la résidence d’été des papes, mais pas uniquement. Durant la Seconde Guerre mondiale, Pie XII hébergea plusieurs milliers de juifs dans des caves situées dans les jardins. Le pape y mourut en 1958, tout comme Paul VI en 1978. (apic/imedia/ami/pr)
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