«Qui sont les protestants en France aujourd’hui ?»
Paris, 12 avril 2006 (Apic) Selon un sondage CSA – Réforme – La Croix, dont les résultats ont été rendus publics ce mercredi, le protestantisme est en progression en France: aujourd’hui 4 % des Français – contre 3% en 1995 – se déclarent «proches du protestantisme». L’hebdomadaire Réforme et le quotidien La Croix publient jeudi 13 mars les résultats d’un sondage sur le nouveau visage de la France protestante.
Parmi ces personnes se déclarant proches du protestantisme, 48 % ont pour religion d’origine le catholicisme et 42% le protestantisme. 26% des personnes interrogées se disent proches des réformés, 21% des évangéliques et 19 % des luthériens.
Les pasteurs peuvent se marier: pour les sondés, un avantage certain
Au niveau des pratiques, selon le sondage CSA, 48% des évangéliques lisent la Bible au moins une fois par mois (contre 16% des réformés) et 68% des évangéliques déclarent aller au culte au moins une fois par mois (contre 14% des réformés et 6% des luthériens). 40% des sondés se sentent en adhésion avec le protestantisme parce que les pasteurs peuvent se marier. Les autres raisons sont la liberté d’esprit (31%) ou la place reconnue aux femmes (23%)
Attachés à la laïcité (78% des sondés sont d’accord avec l’idée qu’en France, seule la laïcité permet à des gens de convictions différentes de vivre ensemble), les protestants restent indécis sur la question de la reconnaissance de l’homosexualité par les Eglises (d’accord à 47%). Peu favorables à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne (peu ou pas favorable à 69%), ils n’en restent pas moins europhiles (54% ont voté oui au projet de Traité constitutionnel).
Les valeurs des protestants: attachés à la laïcité et europhiles
Ce sont également des croyants ouverts aux autres confessions chrétiennes. Ainsi, pour 69% des protestants, il est possible d’accéder pleinement à Dieu à travers un cheminement personnel indépendant de toute religion. Les autres moyens sont d’autres religions chrétiennes pour 63%, des religions orientales pour 43%, le judaïsme pour 39% et l’islam pour 35%. Enfin la majorité des protestants (58%) souhaitent que les relations entre catholicisme et protestantisme soient plus étroites. Les luthériens le souhaitent à 66%. Pour l’ensemble des résultats: www.la-croix.com et www.réforme.net.
Le sondage révèle que «les proches du protestantisme» en France se sont développés et encore diversifiés. Mais la vraie nouveauté est à chercher du côté des évangéliques qui apparaissent pour la première fois dans un sondage. Il fait apparaître un nouveau visage du protestantisme, «coloré, enthousiaste, confiant et conquérant». Selon Jean-Paul Willaime, sociologue des religions et directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études (EPHE, Paris), l’analyse du profil de ces «proches du protestantisme» confirme un certain attrait pour le protestantisme, en particulier chez les femmes.
Les protestants français, plus nombreux que ce que l’on pense habituellement
Ce sondage souligne l’existence d’une mouvance protestante plus nombreuse que celle, estimée à 1,1 million, repérée par les différentes Eglises, membres ou non de la Fédération protestante de France (FPF). Il montre que le protestantisme bénéficie en France d’un certain attrait alors même que la proportion de Français s’identifiant au catholicisme est à la baisse depuis plusieurs années.
Mais ces «proches du protestantisme» sont-ils pour autant protestants, se demande le sociologue? «Plusieurs indications inclinent à penser que ces personnes d’origine catholique «sont incontestablement à compter parmi les Français de confession protestante», assure-t-il.
«Que fait le protestantisme du capital de sympathie dont il est l’objet ?», se demande finalement Jean-Paul Willaime. La grande question posée par ce sondage est de savoir dans quelle mesure les Eglises, oeuvres et mouvements protestants sont à même de répondre à cet intérêt manifesté pour la façon protestante d’exprimer et de vivre le christianisme. De son point de vue, la sensibilité évangélique semble, au vu de ces données, particulièrement apte à le faire, mais «le protestantisme luthéro-réformé n’est pas sans atouts non plus, même s’il reste sans doute plus marqué par le clivage des générations».
Ne pas avoir peur de s’affirmer
Et le sociologue de relever à l’adresse des Eglises protestantes historiques que «l’heure est plus à l’affirmation active et visible de son message et de son identité (une sorte de protestantism-pride) qu’à l’invisibilisation de soi dans une société où les gens ne viendront pas à vous, si vous ne leur proposez pas une offre claire et intelligible de sens et une façon attractive de la vivre collectivement».
Ce sondage a été réalisé par téléphone auprès d’un échantillon national représentatif de 420 personnes se déclarant proches du protestantisme, issu d’un cumul de 10 échantillons nationaux représentatifs de 1000 personnes âgées de 18 ans et plus chacun, soit 9757 personnes en tout. (apic/com/be)
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