L’évêque du Chiapas toujours bloqué par Rome

Mexique: Mgr Arizmendi ne peut poursuivre sa formation des diacres permanents indigènes

San Cristobal de las Casas, 11 avril 2006 (Apic) Mgr Felipe Arizmendi Esquivel, évêque du diocèse de San Cristobal de las Casas, ne peut poursuivre sa formation des diacres permanents indigènes. Il a révélé à la presse que le Vatican lui refuse toujours la permission de les ordonner au service de son diocèse situé dans l’Etat du Chiapas, au sud du Mexique.

Le successeur de Don Samuel Ruiz Garcia, le fameux «évêque des Indiens du Chiapas», a également déclaré qu’on lui a fait arrêter ses programmes de formation pour les candidats au diaconat permanent. Le Vatican craindrait que ces ordinations fassent partie d’un plan pour développer une Eglise indigène locale autonome, rapporte l’agence de presse catholique américaine CNS. Rome estimerait que cette formation serait utilisée pour préparer l’ordination sacerdotale d’hommes mariés.

Crainte romaine de la constitution d’une «Eglise autochtone»

La curie romaine avait émis des réserves face aux ordinations massives de diacres – 400 diacres permanents ont été ordonnés dans le diocèse de San Cristobal de Las Casas contre seulement 8 prêtres durant 40 ans – et à l’expression d’une «Eglise autochtone». Rome précisait alors qu’il n’était pas possible de construire un modèle d’Eglise particulière qui serait de façon prépondérante diaconale, «ceci n’étant pas en conformité avec la constitution hiérarchique de l’Eglise».

L’ordination de diacres indigènes le 18 janvier 2000 par Mgr Samuel Ruiz Garcia, et son coadjuteur, Mgr Raul Vera Lopez, avait suscité la polémique dans les rangs conservateurs et provoqué l’intervention de Rome. Ne pouvant ordonner prêtres des Indios – dont la culture ignore le célibat – en raison de la discipline actuelle en matière de célibat dans l’Eglise de rite latin, Samuel Ruiz avait choisi de renforcer le nombre et le rôle des diacres permanents indigènes.

Son successeur, Don Arizmendi avait lui-même procédé à l’ordination de nouveaux diacres autochtones dans une société où il y a près de 80 % d’analphabètes.

Respect de la culture indigène

En septembre dernier, l’évêque du Chiapas avait demandé au pape Benoît XVI – qui avait imposé cette restriction quand, en tant que cardinal Joseph Ratzinger, il était à la tête de la Congrégation romaine pour la doctrine de la foi – de réintroduire dans son diocèse l’ordination des diacres permanents indigènes. Le préfet de l’époque de la Congrégation pour la doctrine de la foi avait restreint l’ordination des diacres autochtones jusqu’en avril 2007.

Lors de son installation dans son nouveau diocèse de San Cristobal de Las Casas, le 31 mars 2000, Mgr Arizmendi, avait promis aux Indiens de son diocèse que l’»Eglise ne vous abandonnera pas ni ne vous trahira. Ne craignez rien. Mon engagement est de continuer à soutenir votre promotion et libération évangélique, afin que vous soyez sujets de votre histoire et de l’évangélisation. Je vous offre Jésus-Christ comme plénitude de votre développement intégral et comme point de référence pour valoriser votre culture.»

Mgr Arizmendi a discuté de la décision vaticane la semaine dernière à Washington avec l’agence CNS. Il l’a communiquée à ses 335 diacres permanents lors de la conférence diocésaine du mois dernier à San Cristobal de las Casas. Mgr Felipe Arizmendi, dans son diocèse, développe des thèmes comme la théologie et la pastorale indigènes, qui cherchent à «inculturer» l’Evangile dans la réalité indigène qui prédomine dans cette région très pauvre du Mexique, dont le territoire est presque aussi grand que la Suisse.

Il s’agit de voir si l’intégration dans la théologie d’éléments culturels des ethnies indigènes est en accord avec la doctrine catholique. C’est après le Concile Vatican II que Mgr Ruiz Garcia – ordonné évêque de cet Etat méridional du Mexique en janvier 1960 – entreprend une nouvelle formation du clergé local de manière à incorporer le message de l’Evangile dans l’histoire et la culture du lieu.

«Les pauvres doivent être les protagonistes de leur propre histoire», affirmait-il lors du Congrès national des indigènes qu’il avait organisé en 1974. Le pape Jean Paul II partageait semble-t-il cette vision, quand il avait déclaré aux Indiens, lors de sa visite au Mexique en 1992: «Vous êtes responsables de l’évangélisation du continent». (apic/kna/cns/be)

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