La «mère de toutes les crèches»
Burkhard Jürgens, pour l’Apic / Traduction: Bernard Bovigny
Rome, 23 décembre 2005 (Apic) La sainte famille a pu se réunir juste avant Noël à la Basilique Sainte Marie Majeur à Rome. Durant six mois, les figures en albâtre de Marie, Joseph, de l’enfant Jésus, des rois mages, du boeuf et de l’âne ont été mesurées, photographiées et restaurées. Cela représente beaucoup d’efforts pour une crèche. Mais il ne s’agit pas de n’importe laquelle. Elle est considérée comme la plus ancienne représentation de Noël de ce type, soit la «Mère de toutes les crèches».
L’artiste Arnolfo di Cambio a sculpté cet ensemble entre 1290 et 1292. Ces figures, d’une hauteur d’un bon demi-mètre, font peut-être partie d’un ensemble beaucoup plus vaste, qui a disparu. Mais les principaux personnages de la crèche ont au moins survécu à l’épreuve du temps. Joseph s’appuie sur un bâton et porte son regard sur Jésus au centre de la scène. L’enfant n’a pas l’aspect d’un nouveau-né. Il semble âgé d’environ une année. Il n’est pas couché sur la paille, mais assis sur un genou de Marie. Un des mages venus d’Orient s’agenouille devant Marie et Jésus. Deux autres, habillés de somptueux vêtements, tenant en mains des présents, semblent encore en route vers Bethléem. Ils sont tournés l’un vers l’autre et leur attitude traduit une discussion animée. L’âne et le boeuf regardent placidement la sainte famille.
Cette oeuvre a été commandée par le pape Nicolas IV (1288-1292), le premier franciscain installé sur le siège de Pierre. Il n’avait pas oublié que son maître François d’Assise a été le premier, en 1223, à faire jouer la Nativité et à inaugurer ainsi la tradition des crèches vivantes. Il semble évident que les figures en albâtre sculptées par Arnolfo di Cambio avaient pour but d’inviter les fidèles à la contemplation et à la prière devant l’enfant Jésus, et pas seulement à la période de Noël. Dans son plus grand reliquaire, la Basilique Sainte Marie Majeure recèle cinq petites planches, chacune issue de la véritable mangeoire dans laquelle l’enfant Jésus aurait été couché. Cela a représenté un motif suffisant, pour le pape franciscain, pour exposer la crèche dans l’église durant toute l’année.
Visites restreintes à la sainte famille
En 1590, la sainte famille doit quitter la nef centrale en compagnie des trois rois, du boeuf et de l’âne. Le pape Sixte V a placé toutes ces figures dans la crypte d’une chapelle latérale qu’il a fait bâtir, appelée «Capella sistina». L’oeuvre de di Cambio a été mis à l’écart. Les personnages ont été placés dans une sorte de vitrine souterraine, dans un environnement adapté au style du temps mis en place par le sculpteur Domenico Fontana (1543-1607). Les visiteurs ne pouvaient plus contempler la scène qu’entre Noël et la Fête des Rois, tout comme dans les autres églises.
Des historiens de l’art ont douté que le personnage de Marie soit encore l’original de di Cambio. La douceur de ses traits contraste en effet avec les visages volumineux de Joseph et des trois rois. La question n’a été soulevée qu’en été dernier, lorsque la crèche a été sortie de sa niche pour être restaurée. Mais en examinant le dos de cette Madonne de style Renaissance, les experts sont arrivés à la conclusion que la figure est bien l’oeuvre d’Arnolfo di Cambio, mais la partie côté visage a été refaite par la suite.
La crèche se trouve actuellement dans le musée souterrain de la Basilique. Installé dans une niche, elle est visible durant toute l’année, contre paiement. A l’exception de la période allant de Noël à la Fête des Rois, où l’entrée est libre. Tout comme dans les autres églises . (apic/cic/gs/bb)
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