28 ans après avoir été torturée et assassinée par les militaires

Argentine: La religieuse Léonie Duquet repose désormais à Buenos Aires

Buenos Aires, 26 septembre 2005 (Apic) Léonie Duquet, religieuse française assassinée en 1977 par les militaires au pouvoir en Argentine, a été enterrée dimanche à Buenos Aires. Elle repose désormais aux côtés d’Azucena Villaflor, fondatrice des Mères de la place de Mai, avec qui elle avait travaillé à la recherche des disparus de la dictature (1976-1983). Le corps de la religieuse avait été retrouvé sur une plage, il y a 28 ans, après avoir été jeté par la mer depuis un avion.

Les restes de la religieuse ont été retrouvées et identifiées le 29 août. Des portraits de Léonie Duquet et d’Alice Domon, une autre religieuse française elle aussi enlevée par les militaires, avaient été accrochés dimanche derrière l’autel. Instant émouvant: plusieurs personnes, mères ou fils de disparus, se sont relayées pour témoigner de leur chagrin: «30.000 détenus et disparus», s’est exclamé une jeune femme, fille de l’un d’entre eux. «Présents !», ont répondu d’une même voix les personnes rassemblées dans l’église.

Membre de l’Institut des Soeurs des Missions Étrangères Notre-Dame de la Motte, Léonie Duquet, avait été arrêtée en décembre 1977 à l’âge de 61 ans à Ramos Mejia, dans la banlieue sud de Buenos Aires, sur ordre de l’ex- capitaine Alfredo Astiz.

Aux alentours du 20 décembre 1977, des corps avaient commencé à être rejetés par la mer à Santa Teresita et Mar del Tuyu, deux petites villes balnéaires, avant d’être enterrés dans une fosse commune, sans aucune identification.

Alfredo Astiz, l’un des bourreaux de la junte militaire surnommé «l’ange blond de la mort», a été condamné par contumace en France à la prison à vie pour l’enlèvement et le meurtre des deux religieuses françaises. Les autorités françaises ont demandé trois fois son extradition, pour l’instant en vain. Il est actuellement incarcéré dans son pays pour enlèvement et torture à l’encontre de 16 personnes.

Souvenir bien présent

En Argentine, le souvenir du des religieuses est aussi vivant que celui de la cruauté et du mépris de la vie humaine d’Alfredo Astiz et des militaires au pouvoir.

Alice Domon et Léonie Duquet, toutes deux originaires du diocèse de Besançon, appartenaient à l’Institut des Missions étrangères de Notre-Dame de la Motte, fondé par une Argentine dans le diocèse de Toulouse. Léonie Duquet était arrivée dans le pays en 1949 et Un film a du reste été consacré à Soeur Alice Domon, «Yo sor Alice» (Moi, soeur Alice). Il avait été projeté il y a quelques années dans une salle de Buenos Aires qui ne désemplissait. Ce film est un documentaire qui, à travers la correspondance de la religieuse, française reconstruit les années obscures et sanglantes de la dictature militaire. (apic/ag/arch/pr)

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