Le portrait du fondateur de la Fraternité Eucharistein

Suisse: Nicolas Buttet passe du barreau à la vigne du Seigneur

Sion, 24 août 2005 (Apic) Le quotidien valaisan ’’Le Nouvelliste’’ esquisse dans son édition du 22 août un portrait de Nicolas Buttet. «J’ai réalisé que la vraie révolution se ferait non par la politique et le droit mais en changeant le coeur humain (.)», soutient ce Valaisan qui a délaissé le barreau pour la vigne du Seigneur, et tourné le dos à la politique pour se donner «corps et âme» à l’Eglise.

Né le 7 octobre 1961, après de longues années de maturation en latin- anglais au Collège à l’abbaye de St Maurice, Nicolas Buttet a obtenu sa licence en droit civil et canonique à l’université de Fribourg.

Le jeune Valaisan est fortement attiré par la politique où il a exercé de multiples activités, souligne le journaliste Vincent Pellegrini dans «Le Nouvelliste». Nicolas Buttet a notamment assumé la Vice-présidence des Jeunes démocrates-chrétiens (JDC) suisses de 1983 à 1987, la présidence de JDC du canton de Valais de 1984 à 1988. Il a également été secrétaire général du PDC de la Suisse romande et collaborateur des partenaires romands à Berne en 1986 et 1987. Côté Eglises, il a été collaborateur au Conseil oecuménique des Eglises et au Vatican sur les questions sociales de 1988 et 1992.

Qui ne l’ont pas connu, ont peine à croire

Ceux qui ne l’ont pas connu dans les années 1980 ont peine à croire, aujourd’hui, que Nicolas Buttet, avant de devenir ermite, de fonder la Fraternité Eucharistein à Epinassey et de recevoir la prêtrise fut une «bête» politique doublée d’un juriste. «Vieux briscard de la politique», selon le Nouvelliste, Nicolas Buttet avait d’abord pris la voie royale pour grimper quelques marches du pouvoir civil: licence en droit, stage d’avocat- notaire, en plus de ses mandates politiques. Et pour dresser le portrait du futur notable du PDC, le grade de lieutenant d’infanterie de montagne! Le Nouvelliste précise bien qu’il a fait de l’objection de conscience à son troisième cours de répétition, ce qui lui a valu un mois de prison. Il avait en tout cas l’appétit en politique. Lui-même l’avoue aujourd’hui: «Je ne pensais pas du tout à une vocation religieuse et les études du droit étaient surtout pour moi un moyen pour faire une carrière politique. Je ris aujourd’hui en pensant qu’après avoir passé à Fribourg ma licence en droit civil et en droit canonique j’ai dit à quelqu’un: la seule chose qui est sûre, c’est que cette licence en droit canonique ne me servira à rien!»

La vraie révolution ne se ferait pas à travers la politique

Tout commence chez le jeune homme par le doute. Il l’exprime en ces mots: «J’ai réalisé que la vraie révolution se ferait non par la politique et le droit mais en changeant le coeur humain. J’ai compris aussi que la politique et le droit ne pouvaient pas aller plus vite que ce que la mentalité générale est prête à accepter. Même le PDC devait tenir compte de la majorité et de l’air du temps. En politique, on sacrifie souvent l’idéal sur l’auteur de l’opinion».

Comme d’autres fois dans sa vie, Nicolas Buttet a pris une décision radicale et a très vite rompu les amarres après avoir reçu l’appel. Très peu de temps avant de passer ses examens d’avocat-notaire, il a été contacté par le cardinal Etchegaray qui lui demande de travailler pour le Vatican et plus particulièrement pour le Conseil «Justice et Paix». Le jeune homme accepte et part quasiment du jour au lendemain (il ne passera pas ses examens) pour traiter de la politique sociale, organiser des congrès et naviguer entre Genève et Rome quand il n’est pas assistant aux universités de Genève et Fribourg. Cela durera de 1988 à 1992. Et il est sûr d’une chose, il ne reviendra plus en Valais car il a changé de casquette, se dit-il.

Mais il reçoit alors son deuxième appel, plus intérieur celui-la, celui de la vie simple prêchée par St François d’Assise. Et pour vivre l’Evangile de la manière à expérimenter que Dieu seul suffit, Nicolas Buttet devient ermite dans la paroi du Scex, au-dessus de Saint-Maurice. Dans la précarité la plus totale de l’ermitage Saint-Amé et sans la sécurité de la communauté, le jeune ermite liquida tous ses comptes en banque et il ne lui resta plus rien à part son sac à dos. Car il ne faut plus rien avoir pour expérimenter la liberté évangélique, consent-il.

Le bruit ne fait pas le bien et le bien ne fait pas le bruit

Sans jamais s’installer dans la tranquillité érémitique, Nicolas Buttet est interpellé et touché par des jeunes et des moins jeunes qui venaient le «déranger» de plus en plus souvent. A tel point qu’un jour son directeur spirituel lui dit: «Descends de ta falaise et reste avec ces jeunes qui te demandent!». Il a entendu, dirait-on, le troisième appel. C’est ainsi qu’est né en 1996 à Epinassey la Fraternité Eucharistein où Nicolas Buttet, devenu prêtre après son parcours politique, réside aujourd’hui. C’est ensuite à Bourguillon, près de Fribourg, qu’il fonde l’Institut Philanthropos.

A noter qu’à mesure que la fraternité de Nicolas Buttet gagne en rayonnement, une partie de l’Eglise officielle prend ses distances. Si sa foi est étrangère aux habitudes de l’Eglise traditionnelle, le succès est pourtant au rendez-vous: la communauté s’élargit, recevant des sollicitations de toute l’Europe. Placée sous l’aile de Jean Paul II, la Fraternité de Nicolas Buttet connaît un tournant décisif en 2003, lorsque son centre de gravité passe du Valais vers le Var, en France. (apic/nouv/ts)

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