Castel Gandolfo: une riche histoire dans l’histoire des papes

Rome: Benoît XVI a commencé son séjour à Castel Gandolfo

Rome, 29 juillet 2005 (Apic) Après avoir salué et remercié les autorités civiles et religieuses de la région du Val d’Aoste où il était arrivé le 11 juillet, le pape Benoît XVI a pris l’avion pour Rome. Il est arrivé dans la soirée du 28 juillet à Castel Gandolfo, à une trentaine de km de la capitale italienne, où il a adressé un mot chaleureux aux habitants du village qui l’attendaient.

Le pape les a ensuite remerciés pour leur accueil, leur affection et leur amitié. «Nous nous verrons souvent !», leur a-t-il lancé avant de les bénir.

Benoît XVI récitera la prière dominicale de l’Angélus depuis le palais de Castel Gandolfo, tandis qu’il se rendra au Vatican pour les audiences hebdomadaires du mercredi. Il s’absentera de la résidence estivale des papes du 18 au 21 août pour se rendre à Cologne, en Allemagne à l’occasion des JMJ. La date de son retour à Rome, probablement en septembre n’a pas encore été annoncée. Jean Paul II avait pour habitude de rester à Castel Gandolfo jusqu’à la fin du mois de septembre. Benoît XVI est attendu au plus tard le 2 octobre pour la 11e assemblée du Synode des évêques à Rome.

Le palais de Castel Gandolfo est situé à 24 kilomètres au sud-est de Rome. Cette villa, où les papes résident traditionnellement l’été, est un palais apostolique, au même titre que celui du Vatican. Cette résidence officielle, à 426 mètres d’altitude situé au bord du lac d’Albano compte environ 70 hectares de palais et jardins. Une ferme se situe dans la propriété et fournit la table du pape. Au temps des empereurs romains, ce lieu était déjà une zone de villégiature appréciée.

L’union de trois propriétés

L’actuelle villa pontificale est le résultat de l’union de trois propriétés d’origine différente: le palais apostolique et son petit jardin donnant sur la place de la ville de Castel Gandolfo, auquel a été rattaché en 1773 la villa Cybo et en 1929, suite à la signature des Accords du Latran, la villa Barberini édifiée en grande partie sur la villa antique de l’empereur Domitien (81-96).

Au XIIIe siècle avant J.-C. le site de Castel Gandolfo aurait été occupé par la ville d’Albe la Longue qui, selon la légende, aurait été fondée par Ascanius, le fils d’Enée. La ville est ainsi considérée comme le berceau du peuple des Latins. Elle est conquise et détruite par les Romains au VIIe siècle avant J.-C. Quatre siècles plus tard, la zone devient très prisée par les riches Romains qui y élèvent villas et palais.

Le nom de la petite ville des «castelli romani» (environ 8’500 habitants) provient du château – castel – élevé par la famille romaine des Gandolfi au XIIe siècle. Cette seigneurie a été achetée par le pape à la famille des Savelli en 1596 pour 24’000 écus. En 1604, Clément VIII (1592- 1605) intègre par décret la bourgade et ses terres aux domaines temporels du Saint-Siège. C’est Urbain VIII (1623-1644) qui élève sur les hauteurs surplombant le lac d’Albano la demeure pontificale, loin de l’étouffante chaleur estivale de Rome. Une fois élu pape, le cardinal Maffeo Barberini qui a résidé à Castel Gandolfo, ordonne des travaux afin d’élever une villa pontificale sur le site de l’acropole de la cité antique d’Albe la Longue déjà occupée par le vieux château de la famille des Savelli.

Pillage français

Les travaux de la villa pontificale sont confiés par Urbain VIII à l’architecte Carlo Maderno. Après lui, Le Bernin intervient aussi sur ce chantier pontifical. Malgré la construction de cette résidence pontificale, Urbain VIII n’y résidera jamais, préférant se rendre dans son palais de famille voisin.

C’est Alexandre VII (1655-1667), son successeur, qui le premier habite la villa et en complète la construction. Les papes délaissent ensuite longuement cette villégiature. Ce n’est qu’à partir de Benoît XIV (1740-1758) que les papes résident à nouveau à Castel Gandolfo. Il restaure et agrandit la villa. En 1749, le balcon des bénédictions est construit. Clément XIV (1769-1774) poursuit la restauration et l’embellissement du palais et acquiert la villa Cybo pour agrandir les jardins pontificaux.

A la fin du XVIIIe siècle, les troupes françaises occupent le palais et le saccagent. C’est Pie VII (1800-1823) qui le restaure une nouvelle fois, sans pouvoir en profiter. Grégoire XVI (1831-1846) devient un grand habitué des séjours à Castel Gandolfo et son successeur Pie IX (1846-1878) est le dernier des papes à y résider avant le XXe siècle.

La piscine de Jean Paul II

En effet, Rome devenue la capitale de l’Italie en 1870, les papes se considèrent alors prisonniers des Italiens. Pendant 59 ans, la villa est ainsi quasiment laissée à l’abandon. Les papes restent volontairement enfermés au Vatican jusqu’en 1929. Les Accords du Latran mettent alors fin à la brouille entre la papauté et l’Italie, créent l’Etat de la Cité du Vatican et rendent la villa à Pie XI (1922-1939). Celui-ci ordonne immédiatement d’importants travaux de restructuration de l’ensemble des trois sites réunis qui composent désormais la résidence pontificale: le palais d’Urbain VIII, la villa Cybo et la villa Barberini. Il y fait aussi construire l’observatoire astronomique du Saint-Siège. Depuis, la villa est devenue la résidence d’été des papes, mais pas uniquement. Durant la seconde guerre mondiale, Pie XII y hébergea plusieurs milliers de juifs. Le pape y mourut en 1958, tout comme Paul VI en 1978.

Les souverains pontifes passent traditionnellement les mois de juillet, d’août et de septembre à Castel Gandolfo. Si ce palais est une villégiature – Jean Paul II y a fait construire une piscine offerte par les Polonais -, les papes y poursuivent leur activité officielle et y reçoivent en audience pèlerins et chefs d’Etat. Les documents du magistère publiés durant cette période de résidence sont datés et signés de Castel Gandolfo. (apic/imedia/ar/hy/pr)

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