Portraits de quelques papables

Les cardinaux éliront le 265e pape de l’histoire de l’Eglise

Rome, 18 avril 2005 (Apic) Après les portraits des cardinaux Ratzinger, Arinze, Bergoglio et Dias (Apic No 108) L’Apic publie aujourd’hui ceux d’autres prélats, dont la les noms sont également avancés pour la succession de Jean Paul II.

Le cardinal Norberto Rivera Carrera

Le cardinal Norberto Rivera Carrera, archevêque de Mexico, est un jeune cardinal de 62 ans qui, comme beaucoup de cardinaux Latino-américains, est très préoccupé par la pauvreté et les inégalités sociales dont il fait l’expérience dans son diocèse.

Né le 6 juin 1942 près de Durango, dans la partie nord du Mexique, au pied de la Sierra Madre Occidentale, il entre en 1955 au séminaire de Durango. En 1962, il part à Rome, au Collège pontifical ’Pio Latino Americano’. Là, il étudie la théologie dogmatique à l’université pontificale grégorienne. Il est ordonné prêtre le 3 juillet 1966 par Paul VI dans la basilique Saint-Pierre.

Revenu au Mexique, il enseigne la théologie dogmatique pendant dix- huit ans au grand Séminaire de Durango, en plus de charges pastorales parallèles. En 1982, il devient aussi professeur d’ecclésiologie à l’université pontificale de Mexico. Le 5 novembre 1985, il est nommé par Jean-Paul II évêque de Tehuacan, près de Puebla, au sud de Mexico.

Par la suite, on le trouve de plus en plus engagé dans les questions liées à la famille. De 1989 à 1995, il est à deux reprises président de la Commission épiscopale pour la famille. D’avril 1993 à 1995, il est président de la Section famille de la Conférence de l’épiscopat latino- américain. A partir de novembre 1993, il est membre du Comité de présidence du Conseil pontifical pour la famille. Le 20 novembre 1997, il intervient à Rome lors du synode pour l’Amérique sur le thème : ’La famille, lieu de vie et de solidarité’.

Entre-temps, le 13 juin 1995, il a été nommé archevêque primat de Mexico, un immense archidiocèse où vivent près de 20 millions d’habitants. Il est créé cardinal par Jean Paul II le 21 février 1998. Depuis, il s’est fait remarquer pour son engagement en faveur des plus pauvres et sa participation à la lutte contre la corruption. IMEDIA/APIC

Le cardinal Angelo Scola

Le cardinal Angelo Scola, patriarche de Venise, est un grand intellectuel et un brillant théologien souvent décrit comme «un des cerveaux de l’Eglise italienne».

Angelo Scola naît dans une famille modeste à Malgrate dans le diocèse de Milan, le 7 novembre 1941. Docteur en philosophie de l’université catholique de Milan, il est ordonné prêtre le 18 juillet 1970. Il se rend ensuite à Fribourg, en Suisse, pour poursuivre ses études de théologie.

Dans ces mêmes années il s’engage activement dans le mouvement «Communion et Libération», et participe à la création de la revue internationale de théologie Communio. Il entretient des rapports étroits avec Henri de Lubac et Hans Urs von Balthasar, dont on trouve des échos dans deux de ses livres, qui sont des entretiens avec chacun de ces théologiens, dont un Dialogue sur Vatican II, avec le cardinal de Lubac.

Une fois docteur en théologie, il donne des cours dans les milieux universitaires, notamment en Suisse à l’université de Fribourg. En 1982, il est nommé à l’université pontificale du Latran, en tant que professeur de théologie anthropologique à l’Institut Jean Paul II pour les études sur le mariage et la famille. Proche du cardinal Ratzinger, il collabore en même temps avec la Congrégation pour la doctrine de la foi. En 1987, il participe en tant qu’expert à la 7e Assemblée ordinaire du Synode des évêques, sur le thème ’vocation et mission des laïcs’.

En 1991, il est nommé évêque de Grosseto, en Toscane. A ce poste durant quatre ans, il apporte une attention particulière à la pastorale des jeunes, de la famille et de la culture, tout en continuant à collaborer à l’Institut Jean Paul II du Latran. Il intervient également à la section de Washington de l’Institut Jean-Paul II et publie plusieurs ouvrages.

En juillet 1995, il rejoint à nouveau Rome, nommé par le pape recteur de l’université pontificale du Latran et deux mois plus tard président de l’Institut Jean Paul II. Là, il oeuvre en faveur d’une plus grande internationalisation de cette université qui accueille des clercs comme des laïcs. Il veille pour cela à la promotion d’un programme de bourses d’études pour les jeunes des pays moins favorisés. Il crée par ailleurs une section dédiée à la doctrine sociale de l’Eglise. Durant cette période également, il rédige de nombreux livres et manuels d’anthropologie théologique, notamment une monographie en deux volumes sur la sexualité, la famille et le mariage, intitulée: «Le mystère nuptial».

Le 5 janvier 2002, enfin, il est nommé patriarche de Venise, à la suite du cardinal Marco Cè. Il entreprend de réformer et développer l’enseignement de la théologie. Il est soucieux aussi de tisser des relations culturelles avec le monde musulman, et a participé récemment, dans ce but, au lancement de la revue Oasis, traduite en arabe, destinée à favoriser le dialogue interculturel et inter-religieux entre chrétiens et musulmans. Il est créé cardinal en 2003.

S’il est élu pape, il sera le quatrième patriarche de Venise à accéder au siège de Pierre depuis le début du XXème siècle. IMEDIA/APIC

Le cardinal Camillo Ruini

Le nom du cardinal italien Camillo Ruini, âgé de 74 ans, revient souvent du fait de sa proximité avec Jean Paul II dans sa charge de vicaire de Rome et de président de la Conférence épiscopale italienne. Pourtant, ses détracteurs estiment qu’il manque de charisme.

Né le 19 février 1931 à Sassuolo, dans la province de Modène, Camillo Ruini a fait ses études de philosophie et de théologie à Rome, à l’Université Pontificale Grégorienne. Ordonné prêtre le 8 décembre 1954 dans le diocèse de Regio Emilia, il y a enseigné la philosophie de 1957 à 1968, puis la théologie à Bologne, de 1968 à 1986. Il a été nommé évêque auxiliaire du diocèse de Reggio Emilia et Guastella le 24 mai 1983, recevant l’ordination épiscopale un mois plus tard, le 29 juin.

En qualité de vice-président du Comité préparatoire, il a en particulier contribué en 1985 à la réalisation du rassemblement ecclésial de Lorette, qui constitue aujourd’hui un point de référence dans le dialogue entre l’Eglise et la société italienne. La même année, il a été élu membre de la Commission épiscopale pour l’éducation catholique, la culture et l’école.

En 1986, Jean Paul II le nomme secrétaire général de la Conférence épiscopale italienne, puis, en 1991, président de la CEI – qui représente le 3e plus grand épiscopat du monde après ceux des Etats-Unis et du Brésil. Quelques jours plus tôt, son prédécesseur l’avait nommé vicaire général du diocèse de Rome – qui compte 2 millions et demi de fidèles, sur 328 paroisses -, suite à la démission du cardinal Ugo Poletti. Il est crée cardinal en juin 1991. Deux fois reconduit à la tête de la Conférence des 200 évêques italiens, le cardinal Ruini n’a eu de cesse de réorganiser la CEI pour lui redonner le maximum d’efficacité. Jean Paul II lui avait donné et lui aura toujours gardé sa confiance.

Le poids de cette double responsabilité n’a pas semblé faire peur à un homme que tous estiment comme une personnalité de grande valeur. Le cardinal Ruini est, notamment, celui qui a lancé la grande mission de préparation du Jubilé dans la ville de Rome, avec des missionnaires faisant du porte-à-porte. C’est lui aussi qui a organisé de larges débats sur des thèmes brûlants, avec des cardinaux comme Ratzinger, Lustiger. C’est lui enfin qui, à partir du Congrès de Palerme en 1995, a engagé l’Eglise en Italie dans un «projet culturel» visant à évangéliser la culture, et qui a fait poursuivre la bataille pour la «parité» des écoles. Son attention au rapport entre Eglise et culture contemporaine a été particulièrement remarquée.

A la fin du Synode pour l’Europe, au moment du vote des membres du Conseil post-synodal, le cardinal Ruini a obtenu 21 voix, contre 25 pour le cardinal Martini et 40 pour le cardinal Tettamanzi. Considéré comme un homme pragmatique et doué de flair en politique, le cardinal Ruini a su s’adapter aux différentes situations socio-politiques qu’a connues l’Italie. Il est par ailleurs internationalement connu pour l’aide apportée par la Conférence épiscopale italienne aux pays pauvres et pour ses efforts en faveur de l’annulation de la dette de certains d’entre eux.

Récemment, au début de l’année 2005, le cardinal Ruini s’est engagé contre un référendum qui devrait voir lieu en Italie au printemps 2005, visant à modifier la loi sur la procréation assistée. Il a ainsi appelé, à plusieurs reprises, les italiens, catholiques ou non-catholiques, à s’abstenir de voter. En effet, si un certain quorum n’est pas atteint, le référendum est déclaré nul. La conférence épiscopale italienne souhaite avant tout empêcher toutes modifications de cette loi, considérée comme un moindre mal. IMEDIA/APIC

Le cardinal Carlo Maria Martini

Le cardinal italien Carlo Maria Martini, archevêque émérite de Milan – il a 78 ans – a longtemps été considéré comme LE ’papabilé par excellence. Il passe aujourd’hui une partie de sa retraite à Jérusalem. Grande figure de l’épiscopat italien, personnage charismatique et en même temps intellectuel passionné d’études bibliques, il parle avec franchise, liberté, et audace, et sa réputation a largement franchi les frontières italiennes.

Né à Turin le 15 février 1927, il entre chez les jésuites à l’âge de 17 ans, pour y être ordonné prêtre sept ans plus tard, le 13 juillet 1952. Exégète de formation, il poursuit ses études à Rome où il soutient une thèse à l’Université pontificale grégorienne sur ’le problème historique de la Résurrection’. En 1969 il est nommé par Paul VI recteur de l’Institut Biblique, où il reste jusqu’en 1978, puis de la Grégorienne. Cette année- là, il prêche la retraite de carême du Vatican.

En 1980, Jean Paul II le nomme archevêque de Milan. Il arrive à la tête du diocèse le plus grand d’Europe, avec 5 millions de fidèles et un millier de paroisses. Il doit affronter la période de terrorisme des brigades rouges des années 80. Milan est aux prises avec la violence de ces «Brigades». Il se fait connaître comme un pasteur proche de ses fidèles, sensible aux maux des grandes villes – drogue, prostitution, violence. En même temps, il écrit beaucoup. Des lettres pastorales très prisées, mais aussi de nombreux livres, – au total une quarantaine -, notamment sur la Bible, dont des best-sellers traduits en plusieurs langues.

Créé cardinal en 1983, il est à l’époque l’un des sept cardinaux du Secrétariat général du Synode des évêques, chargé de conseiller toutes les assemblées synodales. Par ailleurs, de 1986 à 1993, il préside le Conseil des Conférences épiscopales européennes et, à ce titre, la première Rencontre oecuménique européenne de Bâle en 1989. C’est en effet un homme de dialogue très engagé dans l’oecuménisme, qui a le goût des contacts – il maîtrise une dizaine de langues – et aime les échanges avec les représentants des autres confessions.

Le cardinal Martini a longtemps été le favori des catholiques «progressistes», qui voyaient en lui un cardinal désireux d’opérer des changements sur les points les plus controversés de l’enseignement de l’Eglise, comme l’interdiction de la contraception et l’ordination des femmes. En fait, il est assez proche de Jean Paul II sur ces points, dans la mesure où ils font partie intégrante de l’enseignement de l’Eglise. Néanmoins, c’est un personnage audacieux qui aime évoquer les possibilités de «développement» de la doctrine. Ainsi, à l’automne 1999, au cours du synode pour l’Europe au Vatican, il affirme qu’il est nécessaire de repenser la primauté du pape, et en appelle à un instrument qui permettrait aux évêques de résoudre ensemble les problèmes du jour. Ses propos sont immédiatement interprétés comme un appel à un concile Vatican III. Mais le cardinal Martini dément. Il précise qu’il aurait souhaité, en fait, que les assemblées synodales deviennent «ce conseil permanent de l’Eglise proposé par Vatican II», et qu’il aimerait voir un renforcement, dans l’Eglise, de la collégialité épiscopale.

Exégète avant tout, le voeu le plus cher du cardinal Martini était de partir à Jérusalem après sa retraite, prise en juillet 2002, année pendant laquelle on a annoncé qu’il était atteint de la maladie de parkinson. Depuis, il passe une grande partie de son temps là-bas, près du Mont des Oliviers, à prier et à étudier la Bible. IMEDIA/APIC

Le cardinal Oscar Andrés Rogriguez Maradiaga

Le jeune cardinal hondurien Oscar Andrés Rogriguez Maradiaga, 62 ans, archevêque de Tegucigalpa, est l’un des cardinaux souvent cités parmi les favoris latino-américains, ce qu’il doit entre autres à son caractère enjoué, à la multiplicité de ses centres d’intérêt, et à sa facilité de communication.

Né à Tegucigalpa au Honduras, le 29 décembre 1942, il est ordonné prêtre le 28 juin 1970 pour la congrégation religieuse des salésiens. Sa formation en théologie – notamment à Rome – en philosophie, en chimie, en physique, en psychologie – à Innsbruck en Autriche – et en psychothérapie, le conduit à enseigner toutes ces matières dans différentes écoles salésiennes du Salvador, du Honduras et du Guatemala. Il donne également des cours de musique, il est passionné de piano. Il a en revanche renoncé, en entrant au séminaire, à une autre passion qui était de piloter les avions.

Le 28 octobre 1978, il est nommé évêque auxiliaire de Tegucigalpa. A cette époque, il est fortement engagé au Conseil épiscopal latino- américain, le CELAM. Nommé archevêque de Tegucigalpa le 8 janvier 1993, il est élu quatre ans plus tard président de la Conférence épiscopale du Honduras, et devient, dès l’année suivante, président du CELAM. Il le reste jusqu’en 1999, participant à ce titre à une rencontre du CELAM avec Fidel Castro à La Havane, en 1999. Il a d’ailleurs une prédilection pour Cuba où il aurait voulu se rendre comme missionnaire.

Confronté aux problèmes de la pauvreté mais aussi du sida, Mgr Rodriguez Maradiaga, créé cardinal en février 2001, travaille beaucoup à stabiliser la situation fragile de son pays où la démocratie est encore instable. Il s’associe en particulier à la lutte contre la corruption, dénonce le néo-libéralisme économique, défend une «mondialisation de la solidarité», en réclamant un allègement de la dette des pays pauvres de la part du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. Un engagement social qui ne flirte pas avec la théologie de la Libération, mais qui l’amène, outre le fait qu’il est polyglotte, à s’intéresser aux enjeux économiques et sociaux de l’ensemble de la planète. Récemment encore, il interpellait le gouvernement de son pays en faisant part de sa préoccupation dans les domaines de l’environnement et d’une juste répartition des terres. MEDIA/APIC

Le cardinal Francis Eugene George

Un pape américain semble difficile à imaginer. Parmi les cardinaux des Etats-Unis, toutefois, l’archevêque de Chicago, le cardinal Francis Eugene George âgé de 68 ans, suscite beaucoup d’intérêt.

D’allure plutôt frêle – il porte un appareil orthopédique qui gêne sa marche – Francis George – est né le 16 janvier 1937 à Chicago. A 20 ans, il entre chez les Oblats de Marie Immaculée. Après des études de philosophie à l’université d’Ottawa, au Canada, il est ordonné prêtre le 21 décembre 1963.

Au début de son ministère de prêtre, il enseigne la philosophie au séminaire des Oblats de Marie Immaculée. En 1974, élu vicaire général de sa congrégation, il part pour Rome où il travaille dans l’administration des Oblats de Marie Immaculée jusqu’en 1986. De retour aux Etats-Unis en 1987, il coordonne à Boston le Centre Cambridge pour l’étude de la foi et de la culture, avant d’être nommé évêque de Yakim, dans l’Etat de Washington, en juillet 1990.

A partir de 1994, Mgr George exerce de nombreuses responsabilités au sein de la Conférence épiscopale américaine, notamment comme membre consultant pour la commission épiscopale «sur la science et les valeurs humaines».

En avril 1996, il est nommé cette fois à la tête de l’archevêché de Portland, dans l’Etat de l’Oregon. Enfin, en avril 1997, après la mort du cardinal Bernardin – l’un des leaders religieux les plus populaires des Etats-Unis -, il devient archevêque de Chicago, diocèse réputé difficile. Lors de la messe de son intronisation, il affirme vouloir être dans une Eglise «qui évangélise et tende à transformer notre société en une civilisation d’amour». Quelques mois plus tard, en novembre et décembre 1997, il participe à Rome au synode des évêques pour l’Amérique.

Jean Paul II le créé cardinal en février 1998. Aux Etats Unis, il devient rapidement un point de référence pour le catholicisme américain. A Chicago, il s’efforce de connaître ses prêtres et organise pour cela des rencontres sur plusieurs jours, au séminaire, avec une vingtaine ou une trentaine d’entre eux à la fois. Il fait aussi régulièrement le tour de son diocèse pour rencontrer ses paroissiens et parler avec eux de différents sujets touchant à la fois à l’Eglise et à la société.

Très engagé dans le combat en faveur de la vie, il écrit, avec cinq autres évêques illinois, une lettre à deux sénateurs américains de l’Etat en septembre 1998, pour essayer de les inciter à voter contre le second veto de Bill Clinton concernant l’acte d’interdiction de la Partial-Birth Abortion. Pour lui, «les enfants qui sont sur le chemin d’être mis au monde ne devraient pas être tués. Quand ils le sont, la conscience est tuée aussi». Un jour, ayant dit la messe dans une paroisse puis dirigé une marche vers une clinique d’avortements, il y pria le chapelet avec les membres du groupe. Ses conditions, toutefois, pour participer à ce type d’action pacifique sont qu’elles doivent être des marches de prière, sans protestation, ni cris, ni violence.

Il s’exprime également très clairement sur les questions de liturgie, objets de controverses idéologiques aux Etats-Unis, affirmant que certains liturgistes «ont conduit une guerre contre la dévotion» et que «certaines formes de langages sont codifiées et incapables de porter la substance de la foi».

Dans l’ensemble, à Rome ou dans son diocèse, le cardinal George est connu comme un homme d’une grande sérénité – qu’il avoue lui-même tirer de sa prière – comme un pasteur dévoué qui sait écouter, en même temps qu’un grand intellectuel, qui possède parfaitement la doctrine de l’Eglise, et sait l’expliquer avec clarté et intelligence. Il a en outre un sens aigu de la justice sociale et beaucoup d’humour. IMEDIA/APIC

Le cardinal Claudio Hummes

Les Brésiliens l’appellent affectueusement ’Dom Claudio’. Le cardinal Claudio Hummes, archevêque de Sao Paulo, que l’on dit être «le plus grand diocèse du monde», est un homme solide dont l’expérience pastorale a été marquée par son souci de la justice sociale, et de l’évangélisation.

Claudio Hummes naît le 8 août 1934 à Montenegro à 100 km de Porto Alegre, à l’extrême sud du Brésil, de parents allemands immigrés, dans une famille d’agriculteurs, de 14 enfants. Il entre assez tôt chez les franciscains, où il est ordonné prêtre le 3 août 1958, à l’âge de 24 ans, à Divinopolis, au sud-est du Brésil. Il vit ses premières années de ministère à Rome, de 1959 à 1963, où il étudie la philosophie, s’intéressant plus particulièrement à l’oeuvre du philosophe français Maurice Blondel. Il obtient un doctorat en philosophie en présentant une thèse sur ’Le Renouvellement des preuves de l’existence de Dieu dans «L’Action» de Maurice Blondel’.

De retour dans son pays, il se penche sur les relations avec les chrétiens des autres confessions, et devient consultant pour l’oecuménisme à la Conférence nationale des évêques du Brésil, de 1965 à 1968. Ses supérieurs l’envoient alors se spécialiser dans ce domaine durant une année, à l’Institut oecuménique de Bossey, à Genève en Suisse.

Après avoir été élu supérieur provincial des franciscains de Rio Grande do Sul, à Porto Alegre, Claudio Hummes est nommé à 40 ans évêque coadjuteur de Santo André, ville de la zone industrielle de Sao Paolo, le 22 mars 1975, et devient évêque de ce diocèse quelques mois plus tard. Il y restera 21 ans. C’est l’époque des batailles des métallurgistes, à la fin des années soixante-dix, qui défient la dictature militaire.

Le leader des ouvriers est alors l’actuel président Lula. Mgr Hummes ouvre les portes des églises pour permettre les réunions des syndicalistes, et s’interpose entre la police et les manifestants pour éviter des issues sanglantes aux affrontements. Très engagé dans la pastorale ouvrière, il place cependant toujours l’évangélisation et la foi avant les luttes sociales. Pendant ces années à Santo André, il fait ainsi construire près de quatre-vingts églises, fonde deux séminaires et une faculté de théologie.

E 1996, Mgr Hummes est nommé archevêque de Fortaleza, au nord-est du pays, au bord de la mer. A cette époque, il devient responsable de la famille et de la culture au sein de la Conférence des évêques du Brésil, et se trouve être, à ce titre, un des piliers de l’organisation de la deuxième rencontre mondiale des familles avec Jean aul II qui se déroule à Rio de Janeiro en 1997.

Autant d’expériences le conduiront finalement à prendre la tête, le 23 mai 1998, du plus grand diocèse du Brésil, Sao Paulo, un des principaux archidiocèses du monde, composé de 261 paroisses regroupant près de dix millions d’habitants.

A peine arrivé à ce poste, il désigne «l’immense pauvreté» comme le plus grand défi auquel il doit faire face à Sao Paulo. Il s’intéresse également à la manière avec laquelle l’Eglise doit s’engager dans la société. Il encourage en particulier les mouvements de laïcs et les communautés charismatiques. Il doit aussi affronter la crise qui affecte l’Eglise catholique au Brésil, où, en l’espace de trente ans, des millions de Brésiliens ont tourné le dos aux enseignements de l’Eglise, pour adhérer à des églises évangéliques, ou des sectes fondamentalistes.

Mgr Hummes s’efforce de donner une impulsion à la pastorale des vocations, à la formation des prêtres et à l’évangélisation de son diocèse totalement urbain, dont la densité de population est l’une des plus haute d’Amérique. En même temps, il intervient dans les débats modernes, notamment scientifiques, particulièrement sur les questions liées à la biotechnologie et à la bioéthique, thème sur lequel il est complètement dans la ligne de Jean-Paul II. Enfin, il est sensible au dialogue pour la promotion de la paix et des droits de l’homme, aux défis sociaux. «Il y a des pays entiers qui sont exclus du grand projet économique mondial, déclarait-il à la presse au moment de la mort de Jean-Paul II. C’est inacceptable pour les chrétiens, pour l’Eglise catholique et pour le prochain pape».

Créé cardinal par Jean Paul II en février 2001, le cardinal Hummes exerçait jusqu’à présent de nombreuses charges au sein du Vatican, outre son poste au Brésil, comme membre des Congrégations pour la Doctrine de la foi, pour le Culte divin, pour les évêques, et des Conseils pontificaux «Cor Unum», pour le dialogue inter-religieux, pour la famille, pour les Laïcs, et pour la culture, et de la Commission pontificale pour l’Amérique Latine.

Dans l’ensemble, c’est un homme d’une grande finesse, un polyglotte qui sait dialoguer avec des hommes de différences tendances, tant avec les «conservateurs» qu’avec des hommes comme le dominicain brésilien Frei Betto, figure de proue de la Théologie de la libération. Jean Paul II l’appréciait beaucoup et lui avait demandé, en 2002, de prêcher la retraite de carême au Vatican. Il l’avait ensuite remercié d’avoir su allier méditations spirituelles et témoignages de la vie de son diocèse brésilien. IMEDIA/APIC

Le cardinal Marc Ouellet

Le cardinal Marc Ouellet, archevêque de Québec et primat du Canada, est un jeune cardinal dont on parle comme «ayant beaucoup d’avenir».

Une ascension fulgurante. On pourrait qualifier ainsi le parcours étonnamment rapide du jeune cardinal Ouellet, représentant du Canada francophone. Agé de 60 ans, prêtre sulpicien, il n’était encore que simple professeur, début 2001, avant sa nomination comme Secrétaire du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens. Polyglotte, il a beaucoup vécu à Rome, mais aussi en Amérique Latine. C’est un théologien spécialiste des questions du mariage et de la famille, et des relations oecuméniques.

Marc Ouellet naît le 8 juin 1944 à Lamotte au Québec, près d’Amos dans le comté d’Abitibi. Il est le troisième d’une famille de huit enfants. Il entre au grand Séminaire de Montréal, étudie à la faculté de théologie de la capitale québécoise, puis est ordonné prêtre le 25 mai 1968. Une période plutôt chaotique pour l’Eglise. Le jour de son ordination, l’un des membres de sa famille l’invite à réfléchir encore à son engagement, parce qu’il semble que «l’Eglise à laquelle tu vas donner ta vie est en train de s’écrouler». Le jeune prêtre devient vicaire de la paroisse Saint-Sauveur du Val d’Or, dans son diocèse natal d’Amos, «une période magnifique» qui dure deux ans, jusqu’en 1970.

Il part ensuite enseigner la philosophie au séminaire de Bogota, en Colombie, dirigé par la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice – qu’il rejoint en 1972 -, puis à celui de Montréal, dans une période de forte crise des vocations. Avant de partir pour Rome poursuivre ses études de théologie. Il obtient un doctorat de théologie dogmatique à l’université grégorienne à Rome, en 1983, en soutenant sa thèse sur l’oeuvre du jésuite, théologien et cardinal suisse Hans Urs von Balthasar (1905-1988), marqué par la pensée du père de Lubac, et défenseur de la tradition chrétienne face aux tentations d’une pensée moderne sécularisée.

Elu alors premier conseiller du Conseil de la province canadienne des Sulpiciens, il reste à ce poste jusqu’en 1994. Entre-temps, il devient recteur du grand séminaire de Montréal en 1990, puis de celui d’Edmonton, dans la province d’Alberta, au Canada anglophone. A partir de1990, il est aussi membre du Conseil de direction de l’édition nord-américaine de la revue de théologie internationale Communio. Il repart ensuite à Rome et entre au Conseil général des Sulpiciens en 1996. Il devient aussi titulaire de la chaire de théologie dogmatique de l’université pontificale du Latran, en 1997.

C’est alors que tout s’accélère. Le 3 mars 2001, Jean Paul II le nomme Secrétaire – c’est-à-dire numéro deux – du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, tandis qu’il est également «consulteur» dans plusieurs congrégations romaines, doctrine de la foi, culte divin et discipline des sacrements. Mais dès l’année suivante, le 15 novembre 2002, il est nommé par le Pape archevêque de Québec en 2002.

Le Pape le créé cardinal le 21 octobre 2003. Ces derniers temps, il s’est fait remarquer en invitant les prêtres de son diocèse à remplacer les absolutions collectives par des confessions personnelles, et, sur le plan moral et politique, en s’opposant vigoureusement au projet de légalisation des mariages homosexuels. Mais s’il est ferme sur les principes, c’est aussi un homme qui sait expliquer avec intelligence les raisons de ses positions, et qui est apprécié, dans son entourage, par sa simplicité et sa gentillesse. IMEDIA/APIC

Le cardinal Giovanni Battista Re

Le cardinal italien Giovanni Battista Re, préfet de la Congrégation pour les évêques, est l’un des cardinaux qui connaît le mieux les dossiers du Saint-Siège et les évêques du monde entier.

Connu pour sa grande capacité de travail et pour sa fidélité à Jean Paul II, le cardinal Re – 69 ans – est un homme rapide et efficace. Il a été pendant près de onze ans «Substitut» de la Secrétairerie d’Etat – c’est- à-dire directement chargé de la plupart des questions soumises à Jean-Paul II -, avant d’être nommé préfet de la Congrégation pour les évêques le 16 septembre 2000.

Né le 30 janvier 1934 à Borno, près de Brescia, en Italie du Nord, Giovanni Battista Re étudie à Brescia. Il est ordonné prêtre en 1957, et part à Rome pour travailler le droit canon à l’Université grégorienne. Il enseigne ensuite au séminaire de Brescia en 1960 et 1961, tout en étant vicaire dans une paroisse de la périphérie de la ville. Puis il revient étudier à Rome, cette fois à l’Académie pontificale ecclésiastique, qui forme les nonces du Saint-Siège.

C’est alors comme attaché de nonciature à Panama que Mgr Re commence son service diplomatique en 1963, avant d’être transféré en Iran en 1967. Il y reste jusqu’à ce qu’il soit appelé au Vatican pour travailler à la Secrétairerie d’Etat en janvier 1971. Le 1er décembre 1979, il y est nommé «assesseur pour les Affaires générales», responsable en tant que tel de la signature des dossiers sous la direction du «Substitut» de la Secrétairerie d’Etat.

Dix ans plus tard, le 13 décembre 1989, il est lui-même nommé «Substitut», quelques jours après la visite historique de Mikhaïl Gorbatchev au Vatican. Il n’a quitté entre-temps la Secrétairerie d’Etat que pendant deux ans, pour travailler comme Secrétaire de la Congrégation pour les évêques, d’octobre 1987 à décembre 1989, après avoir été ordonné évêque en 1987.

Le 16 septembre 2000, Mgr Re, remplace le cardinal brésilien Lucas Moreira Neves à la tête de la Congrégation pour les évêques. Cette nouvelle fonction l’amène à continuer à travailler directement avec Jean Paul II – qui a une grande confiance en lui – par une réunion de travail tous les samedis après-midi, portant sur les nominations d’évêques. Il est chargé en effet de préparer la nomination des deux tiers des évêques du monde, le dernier tiers dépendant, pour les pays dits «de mission», de la Congrégation pour l’Evangélisation des peuples, et pour les hiérarchies catholiques de rites non latins, de la Congrégation pour les Eglises orientales. Il est créé cardinal lors du consistoire du 21 février 2001. Aujourd’hui, s’il n’a derrière lui qu’une ’carrièré diplomatique au Vatican, il est reconnu et apprécié comme un homme cordial et consciencieux, solide et fidèle. IMEDIA/APIC

Le cardinal Christoph Schönborn

Le cardinal autrichien Christoph Schönborn, archevêque de Vienne, est l’un des plus jeunes cardinaux du collège cardinalice. Il a tout juste 60 ans. C’est un dominicain doué d’une grande intelligence et d’une grande culture, un grand théologien, un homme de contacts, apprécié pour son aisance et sa physionomie souriante, un polyglotte qui voyage beaucoup et se préoccupe de jeter des ponts entre catholiques et orthodoxes, sans négliger le dialogue avec les autres religions, à commencer par le monde juif.

Christoph Schönborn naît le 22 janvier 1945 à Skalsko, en Bohême, dans une grande famille aristocratique, qui a donné à l’Eglise, au cours des siècles, de nombreux prêtres et archevêques. Plus tard, sa famille s’installe en Autriche. A 18 ans, dès la fin de ses études secondaires, il entre chez les Dominicains à Warburg, en Westphalie, en Allemagne. En 1970, il ordonné prêtre par le cardinal autrichien Franz König, pour qui il a une immense estime.

Le jeune prêtre part ensuite à Paris, où il étudie la théologie, à l’Institut catholique, en vue d’un doctorat. Deux ans après, il part à Ratisbonne, en Bavière, où il poursuit sa formation théologique pendant un an, avec comme professeur le cardinal Joseph Ratzinger, actuel préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Sa rencontre avec le théologien suisse Hans Urs von Balthasar va beaucoup compter pour lui, ainsi que le cardinal Yves Congar avec qui il a passé quatre années dans le même couvent. Il termine son doctorat de théologie en 1974 avec une thèse sur ’L’icône du Christ’.

En 1975, il a trente ans lorsqu’il obtient la chaire de théologie dogmatique à l’Université de Fribourg, où il enseigne jusqu’en 1990. Dans le même temps, en 1980, il devient membre de la Commission théologique internationale qui dépend de la Congrégation pour la doctrine de la foi. A ce titre, il est nommé en 1987 Secrétaire de la rédaction du Catéchisme de l’Eglise Catholique, publié en français en 1992. Il s’efforcera par la suite de faire connaître ce catéchisme dans le monde. Mais entre-temps, en 1991, Jean Paul II l’a nommé évêque auxiliaire de Vienne.

En 1995, il devient cette fois archevêque de Vienne. Une tâche peu évidente : Il succède au cardinal Hans Groër, accusé de pédophilie.. Une page douloureuse de l’histoire de l’Eglise en Autriche, qui le place dans une position difficile face à un clergé divisé. En février 1998, il n’hésite pas à déclarer publiquement, avec trois autres évêques autrichiens, qu’il a acquis la «certitude morale» que les accusations retenues contre le cardinal Groër étaient fondées. Il demande alors pardon officiellement «pour tous les abus de confiance perpétrées par mon prédécesseur et par d’autres dignitaires de l’Eglise», et promet que l’archidiocèse de Vienne offrira son aide «à tous ceux qui ont subi des préjudices», s’engageant à prendre en charge les soutiens thérapeutiques nécessaires.

En 2004, il aura de nouveau à gérer le cas difficile du scandale des images pornographiques découvertes dans un séminaire autrichien, qui dépendait de l’archevêque conservateur de Saint-Pölten, Mgr Kurt Krenn, contraint pour sa part à démissionner. En attendant, il s’efforce de dialoguer avec le mouvement progressiste «Nous sommes l’Eglise».

Très soucieux de travailler à l’unité des chrétiens, il multiplie les rencontres avec les membres des autres confessions chrétiennes, à commencer par les orthodoxes. C’est ainsi qu’en 1997, il se rend à Moscou pour rencontrer le patriarche Alexis II. Il travaille en 1998 à organiser une rencontre en Autriche entre le pape et Alexis II, mais que le patriarche de Moscou annulera au dernier moment.

Apprécié de Jean Paul II, qui l’a invité en 1996 à prêcher les exercices spirituels du Carême à la Curie, il est créé cardinal lors du consistoire du 21 février 1998, année où il est également élu président de la Conférence épiscopale autrichienne.

Membre, entre autres, de la Congrégation pour la doctrine de la foi, il est très clair et ferme sur le plan doctrinal. Mais cette rigueur s’accompagne d’une grande compréhension humaine. Ainsi, dans son homélie pour les funérailles de l’ex-président autrichien Thomas Klestil, en juillet 2004, auxquelles assistaient sa veuve, et la femme dont il avait divorcé, il avait expliqué : «il n’est pas facile pour l’Eglise de trouver la voie juste entre la protection du mariage et de la famille d’un côté, et la compassion pour les faiblesses humaines de l’autre». Une affirmation d’autant plus sincère que lui-même avait beaucoup souffert du divorce de ses parents.

Si donc le cardinal Schönborn est un grand intellectuel, c’est aussi un pasteur qui sait être proche de ses fidèles, et faire preuve de simplicité. Il est homme, par exemple, à faire la route en bus avec les jeunes de son diocèse, pour aller à une rencontre avec Jean Paul II. IMEDIA/APIC

Le cardinal Dionigi Tettamanzi

Le cardinal italien Dionigi Tettamanzi, 71 ans, archevêque de Milan, est très connu en Italie, mais peu au-delà. Il ne parle pas de langues étrangères. En revanche, c’est à la fois un bon théologien, préoccupé par les questions de famille et de bioéthique, et un homme de terrain, apprécié comme un pasteur sympathique.

Né à Renate, près de Milan le 14 mars 1934, il entre au petit séminaire à l’âge de 11 ans, et poursuit ses études au séminaire de Milan, avant d’être ordonné prêtre le 28 juin 1957 par Mgr Giovanni Battista Montini, le futur pape Paul VI, alors lui-même archevêque de Milan. Il part ensuite à Rome pour travailler sa thèse de doctorat en théologie sur «Le devoir de l’apostolat des laïcs». Il l’obtient en 1959.

Le jeune prêtre revient alors à Milan, où il enseigne la morale fondamentale au séminaire, en travaillant plus particulièrement sur les thèmes du mariage et de la pénitence. Il est clair dans son enseignement, qu’il exprime dans un style simple.

Parallèlement, ses qualités pastorales se développent. Il assume des directions spirituelles, guide des retraites, se rend proche de mouvements d’Eglise s’occupant de personnes souffrantes. Il commence aussi à publier sur différents thèmes : le mariage et la famille, la sexualité, la bioéthique, les sacrements, la théologie pastorale, la spiritualité des personnes âgées, la dignité de la femme, le caractère prophétique de la virginité,. Il écrit également des livres de prières, des réflexions sur les Encycliques Humanae Vitae, Veritatis Splendor et Evangelium Vitae.

Le 11 septembre 1987, la Congrégation pontificale pour l’Education catholique lui demande de diriger le séminaire pontifical lombard de Rome. Il collabore aussi avec la Conférence épiscopale italienne, et donne à l’époque un cours de morale à l’université pontificale grégorienne. Le 28 avril 1989, il est nommé par la Conférence épiscopale italienne président du Conseil d’administration du quotidien catholique Avvenire. Des responsabilités qui le conduisent à donner des conférences dans toute l’Italie et à apparaître dans la presse nationale.

Nommé archevêque d’Ancône-Osimo le 1er juillet 1989, il reçoit l’ordination épiscopale des mains du cardinal Carlo Maria Martini, archevêque de Milan, le 23 septembre suivant. Un an plus tard, en juin 1990, il se voit confier la présidence de la Commission épiscopale italienne pour la famille. Le 14 mars 1991, il est élu secrétaire général de la Conférence épiscopale. Quatre ans plus tard, Jean Paul II le nomme archevêque de Gênes, le 20 avril 1995. Un mois plus tard, il est élu vice- président de Conférence épiscopale italienne.

Comme archevêque de Gênes, Mgr Tettamanzi se trouve plongé dans la région de Ligurie, dont les taux de divorces, d’avortements, et de chômage, sont les plus élevés d’Italie. La période est économiquement très difficile. Le nouvel archevêque prend très à coeur cette situation. Il s’engage publiquement contre certains licenciements en entreprise, et n’hésite pas, en février 2000, à écrire au président de la Commission de l’Union européenne, Romano Prodi, pour protester contre la suspension d’une subvention pour la Ligurie, qui avait pour but de renforcer le marché du travail. Il se fait également remarquer par ses interventions énergiques et mesurées, à l’occasion du G8 qui se déroule dans sa ville en juillet 2001. Pendant les manifestations des anti-mondialistes, il exprime des critiques à l’égard du néo-libéralisme. Il s’intéresse aussi de près aux questions de l’immigration, cruciales en Italie, et aux problèmes sociaux des jeunes.

Par ailleurs, son engagement auprès de la famille le conduit à participer comme expert au Synode des évêques sur la famille en 1980, puis à devenir consulteur au Conseil pontifical pour la famille en 1982, et à collaborer à l’élaboration de documents pontificaux concernant les questions liées à la famille ou à la bioéthique, dont l’Encyclique de Jean Paul II L’évangile de la vie, que le pape publie en 1995.

Quand il est créé cardinal par Jean Paul II en 1998, déjà les Italiens en parlent comme d’un possible futur pape. Il apparaît à l’époque comme une voie médiane entre les deux cardinaux italiens qui fascinent le plus, le charismatique cardinal Martini, archevêque de Milan – souvent considéré comme progressiste – et le cardinal Biffi, archevêque de Bologne – qui apparaît plus conservateur-. Des propos qui sont confortés par sa nomination, le 11 juillet 2002, à la tête de l’archevêché de Milan, le plus grand diocèse d’Europe, pour succéder au cardinal Martini qui prend sa retraite. Depuis, il a conservé sa réputation de médiateur prudent et équilibré, qui est en plus d’un naturel joyeux. IMEDIA/APIC

Le cardinal Telesphore Placidus Toppo

Le cardinal indien Telesphore Placidus Toppo, archevêque de Ranchi, 65 ans, est le deuxième cardinal indien repéré parmi les «papabili», avec l’archevêque de Bombay, le cardinal Ivan Dias.

Président de la Conférence des évêques d’Inde, où les chrétiens ne représentent qu’un peu plus de 2% de la population, soit quelque 24 millions d’habitants, il est polyglotte et parle en particulier très bien l’italien.

Telesphore Placidus Toppo naît le 15 octobre 1939 près de Gumla, dans l’état du Bihar, à l’est de l’Inde. Il entre au séminaire de Ranchi, est ordonné prêtre le 3 mai 1969, puis part à Rome poursuivre ses études de théologie à l’Université pontificale de l’Urbanianum, qui dépend de la Congrégation pour l’Evangélisation des peuples.

Le 8 juin1978, il est nommé évêque de Dumka, toujours dans l’Etat du Bihar. Quelques années plus tard, il devient archevêque coadjuteur de Ranchi, le 8 novembre 1984, puis archevêque le 7 août 1985. L’année suivante, il accueille Jean Paul II à Ranchi lors de la première visite du Pape en Inde en 1986.

A son poste d’archevêque, Mgr Toppo se distingue par son important travail social dans ces régions de l’est de l’Inde, qui sont les plus pauvres du pays. Il met en place des programmes pour la désintoxication des drogués, pour la scolarisation des enfants pauvres, et pour les lépreux. Proche de Mère Teresa – Ranchi n’est pas très loin de Calcutta – il défend aussi, comme elle, le droit à la vie des enfants non-nés, et viendra à Rome, en octobre 2003, pour sa béatification. En 2004, enfin, on le verra passer beaucoup de temps auprès des rescapés du tsunami qui a ravagé les côtes du sud-est de l’Inde le 26 décembre dernier.

En même temps, le cardinal Toppo, qui est convaincu de l’importance du rôle des missionnaires en Asie, est régulièrement la cible d’attaques virulentes de la part de groupes radicaux nationalistes hindous qui l’accusent de forcer les villageois, dont il s’occupe dans le cadre de ses programmes sociaux, à se convertir au catholicisme. Une accusation qu’ils reportent sur Jean Paul II lorsque celui-ci vient en Inde pour la deuxième fois, en novembre 1999, signer l’exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Asia. Pour sa part, Mgr Toppo s’en défend, tout en s’élevant contre les radicaux hindous qui réclament de faire adopter une loi interdisant les conversions en Inde, et accusent l’Eglise catholique de porter atteinte à la structure sociale de l’Inde.

Créé cardinal par Jean Paul II lors de son dernier consistoire, le 21 octobre 2003, il était jusqu’à présent membre, à Rome, de la Congrégation pour l’Evangélisation des peuples, et du Conseil pontifical pour le dialogue inter-religieux.IMEDIA/APIC

Le cardinal Francisco Javier Errazuriz Ossa.

Le cardinal chilien Francisco Javier Errazuriz Ossa, archevêque de Santiago, au Chili, est membre du mouvement de Schönstatt. Agé de 71 ans, il associe une expérience pastorale, internationale et curiale.

Francisco Javier Errazuriz Ossa est né le 5 septembre 1933. Dès ses études d’ingénieur suivies au Chili, il fait partie du groupe de jeunes accompagnant le père José Kentenich dans la fondation du mouvement de Shönstatt, et participe aux groupes universitaires de ce mouvement. Entre 1956 et 1962, il fait ses études de philosophie et de théologie à Fribourg. Il y est ordonné prêtre en 1961, et commence son ministère au sein du mouvement de Shönstatt au Chili, notamment auprès des jeunes.

Il apparaît assez rapidement dans l’opinion publique, défendant vivement les droits de l’homme, mis au centre de son programme pastoral. Il s’intéresse aussi au débat politique chilien. En 1965, il est nommé Supérieur régional de l’institut séculier des Pères de Shönstatt pour le Chili. A la même époque, il est élu vice-président de la Conférence des religieux pour son pays, et travaille aussi avec le cardinal Raul Silva Henriquez.

En 1971, le père Errazuriz Ossa est appelé en Allemagne en qualité de conseiller du supérieur général. Il devient lui même supérieur général en 1974 et jusqu’en 1990. Il est aussi président du Conseil international de l’oeuvre de Shönstatt. En 1990, le prêtre chilien est appelé à Rome où il est nommé Secrétaire de la Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique. Il est aussi consulteur de la Congrégation pour la doctrine de la foi, et membre de plusieurs Conseils. Il est aussi ordonné évêque le 6 janvier 1991.

En 1996, Jean Paul II le nomme évêque de Valparaiso puis, en 1998, archevêque de Santiago. A peine nommé à ce siège, il organise avec le Celam et le Conseil pontifical pour les Laïcs une rencontre continentale des jeunes à Santiago du Chili du 6 au 11 octobre 1998. Mgr Errazuriz Ossa est crée cardinal par Jean Paul II le 21 février 2001. Il est élu président du Conseil épiscopal latino-américain (CELAM) le 16 mai 2003.

Le cardinal Errazuriz Ossa est membre de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, des Conseils pontificaux pour la Famille et de la culture, et membre de la Commission pour l’Amérique latine. IMEDIA/APIC

Le cardinal Edward Michael Egan.

Le cardinal américain Edward Michael Egan, archevêque de New York, a 73 ans. Ayant passé de nombreuses années à Rome, il connaissait bien Jean Paul II. A la tête d’un diocèse de grande importance depuis bientôt cinq ans, le cardinal est aussi doté d’une forte expérience pastorale.

Edward Michael Egan est né le 2 avril 1932 à Oak Park, dans l’archidiocèse de Chicago. Elevé dans une famille aisée, il arrive à Rome en 1954, à l’âge de 22 ans. Il est séminariste au Collège pontifical nord- américain de Rome, situé sur la colline du Janicule qui surplombe le Vatican. Ordonné prêtre en 1957, il retourne dès l’année suivante à Chicago, son diocèse d’origine. Mais il revient au Collège en 1960 en tant que vice-recteur. Il y reste jusqu’en 1963, tout en poursuivant ses études. Il revient à Rome pour un troisième séjour à Rome de 1972 à 1985. Il est alors auditeur du Tribunal de la Rote romaine et enseignant en droit canon à l’Université Pontificale grégorienne.

Eward Michael Egan a alors l’occasion de connaître personnellement Jean-Paul II. Travaillant à la révision du Code de Droit canon, publié en 1983, il travaille deux heures par semaines avec le pape sur ce texte en latin, langue qu’il maîtrise parfaitement.

Il est ordonné évêque en mai 1985 à Rome et est envoyé à New York la même année en tant qu’évêque auxiliaire. Il y reste trois ans et demi, avant d’être nommé évêque de Bridgeport, une petite ville de la périphérie de la «Big Apple». Mgr Egan se montre alors particulièrement actif dans l’organisation des écoles catholiques, et très efficace dans la pastorale des vocations, au point de voir le nombre de ses séminaristes augmenter de façon significative. Si bien qu’il est nommé à la tête de l’archevêché de New York pour succéder au cardinal John Joseph O’Connor le 11 mai 2000.

Excellent administrateur financier, le nouvel archevêque de New York est également un pianiste confirmé et aime cuisiner. Il a le sens de l’humour et se montre à l’aise avec les médias, n’hésite pas à exprimer clairement ses positions et sa fidélité à la doctrine de l’Eglise, tout en se montrant ouvert et attentif aux autres.

Crée cardinal lors du consistoire du 21 février 2001, il est membre du Conseil pontifical pour la famille, du Tribunal suprême de la Signature apostolique, de la Préfecture des Affaires économiques du Saint-Siège, du Conseil des cardinaux pour l’étude des problèmes économiques et organisationnels du Saint-Siège ainsi que de la Commission biens culturels de l’Eglise. IMEDIA/APIC

Le cardinal Jaime Lucas Ortega y Alamino.

S’il était élu pape, le cardinal Jaime Lucas Ortega y Alamino, archevêque de La Havane, serait un pasteur particulièrement proche des jeunes et favorable à l’engagement des laïcs. Les vocations au sacerdoce sont aussi une préoccupation pour ce prélat havanais âgé de 68 ans.

Né le 18 octobre 1936 dans le village de Jagûey Grande, dans la province havanaise de Matanzas, Jaime Lucas Ortega y Alamino est une figure charismatique et un grand communicant, sympathique et souriant.

Issu d’une famille modeste, son père est d’abord travailleur dans une sucrerie près de son village natal, puis petit commerçant, activité à laquelle sa mère collabore. Quand il a cinq ans, sa famille déménage dans la ville de Matanzas, chef-lieu de la province et siège épiscopal. C’est là qu’il va à l’école, puis effectue ses études supérieures. Après une année d’étude à l’université, il entre au Séminaire diocésain de saint Albert-le- Grand, dirigé par les pères des Missions étrangères du Québec.

C’est après quatre ans d’études humanistes et philosophiques qu’il est envoyé par l’évêque au séminaire des Missions étrangères du Québec, au Canada, où il étudie la théologie. De retour à Cuba en août 1964, il est ordonné prêtre dans la cathédrale de Matanzas. Il a 28 ans.

En 1966, il est interné dans les camps de travail connus par le sigle «UMAP», quittant alors son ministère de vicaire coadjuteur de Cardenas. Un an plus tard, en 1967, il est nommé curé de Jagûey Grande, son village natal. En cette période où les prêtres sont peu nombreux, il doit, comme tous les curés de Cuba, s’occuper de plusieurs paroisses et églises à la fois. Ainsi, en 1969, il est nommé à la cathédrale de Matanzas et s’occupe en même temps de la paroisse de Pueblo Nuevo en ville, et de deux autres églises de campagne.

Il effectue dans le même temps un apostolat actif auprès des jeunes du diocèse en tant que président de la commission diocésaine de catéchèse. Au cours de ces années, très difficiles pour l’action pastorale de l’Eglise, il donne naissance dans le diocèse à un mouvement pour les jeunes, pour lesquels il organise des camps d’été ainsi qu’une action évangélisatrice à travers la mise en scène de pièces de théâtre.

Pendant plusieurs années, tout en maintenant son activité pastorale dans la ville de Matanzas, il est professeur du séminaire inter diocésain Saint-Charles et Saint-Ambroise, à La Havane, où il va chaque semaine donner des cours de théologie morale.

C’est en décembre 1978 qu’il est nommé par Jean Paul II évêque de Pinar del Rio, et ordonné en janvier 1979 dans la cathédrale de Matanzas. Ses trois années de travail pastoral effectuées dans un diocèse de grande religiosité catholique avec un laïcat très engagé l’ont beaucoup marqué.

En 1981, il est nommé archevêque de La Havane. Sa mission s’intensifie : il crée de nouvelles paroisses, constitue le Conseil diocésain de pastorale, reconstruit plus de quarante églises et maisons paroissiales, fonde la «Caritas» à La Havane, institue une maison pour l’accueil des prêtres du diocèse et de Cuba, pour les réunions, les retraites, ou simplement le repos et enfin crée un centre laïc où l’on trouve une bibliothèque, une chapelle et des chambres pour les hôtes. C’est principalement pour les jeunes qu’il fait ensuite construire deux autres centres de rencontre et de réunion. La jeunesse et les jeunes ont toujours été une préoccupation pour le prélat, comme celle des vocations au sacerdoce.

Grâce à ses homélies, au bulletin mensuel archidiocésain «Aqui la Iglesia» et à d’autres interventions et messages, l’archevêque sud- américain se fait connaître de ses paroissiens qui écoutent ses opinions et suivent ses orientations, bien que l’Eglise à Cuba n’ait alors aucun accès aux moyens de communication social. Malgré cela, la nouvelle de sa création comme cardinal, en novembre 1994, se répand rapidement. Par cette nomination, Jean Paul II cherche alors à renforcer l’influence de l’Eglise locale à Cuba. Fidel Castro permet au nouveau jeune cardinal, alors âgé de 58 ans, d’assister au consistoire pour recevoir le chapeau rouge, alors qu’on commence à évoquer sérieusement des projets de voyage de Jean Paul II à Cuba. Celui-ci s’y rend en janvier 1998.

Lors de la messe de clôture de la visite du pape à Cuba, Jean Paul II fait don au cardinal Ortega y Alamino de la première pierre d’un nouveau séminaire archidiocésain, comme symbole d’une nécessité : celle de ré- évangéliser toute l’île, avec l’aide étrangère que le régime voudrait bien autoriser, mais avant tout grâce aux prêtres et aux catéchistes locaux. IMEDIA/APIC

Le cardinal Juan Luis Cipriani Thorne.

Si le cardinal Juan Luis Cipriani Thorne, archevêque de Lima au Pérou était élu pape, il s’agirait du premier pape de la prélature de l’Opus Dei. Le prélat traîne cependant derrière lui l’affaire des otages de la résidence de l’ambassadeur japonais au Pérou, de décembre 1996 à avril 1997, par le MRTA.

Premier cardinal de l’Opus dei, l’archevêque Juan Luis Cipriani Thorne est né le 28 décembre 1943 à Lima, au Pérou. Quatrième de 11 enfants, il fait des études d’ingénieur à l’université nationale du Pérou et se fait remarquer par sa passion pour le sport et ses performances, notamment en basket-ball, alors que son équipe est à plusieurs reprises championne au niveau national.

Après ses études, Juan Luis Cipriani Thorne travaille quelques années comme ingénieur avant de rejoindre à Rome le séminaire international de l’Opus Dei, prélature dans laquelle il entre à l’âge de 19 ans. Il poursuit ses études à l’université de Navarre, qui dépend également de l’Opus Dei en Espagne, où il décroche un doctorat en théologie.

Il est ordonné prêtre le 21 août 1977 à Madrid, à l’âge de 34 ans, et part aussitôt à Lima où il enseigne la théologie avant d’être nommé vicaire régional de l’Opus dei, au Pérou. Il est ensuite nommé en 1988 évêque auxiliaire d’Ayacucho, au Pérou, puis archevêque en 1995, recevant le pallium des mains de Jean Paul II lui-même, à Rome.

Son action dans l’affaire des otages avait fait grand bruit. Surtout que l’intervention des forces de police s’était soldée par la mort de l’ensemble des preneurs d’otage du Mouvement révolutionnaire Tupac Amaru (MRTA). Ami personnel du président de l’époque, Alberto Fujimori, actuellement en fuite au Japon, Juan Luis Cipriani fut alors accusé d’avoir placé les micros dans la résidence. Certains l’ayant soupçonné l’évêque péruvien d’avoir fourni aux forces de sécurité les indications nécessaires pour leur permettre de donner l’assaut. Ce qui ne fut ni jamais réellement prouvé. L’affaire s’était terminée dans le sang, avec la mort de trois otages et des quatorze membres du commando.

Au Pérou, l’Eglise est très sensible aux requêtes d’une grande partie de la population, sinon la grande majorité, qui vit dans la plus totale pauvreté. et

Le 30 janvier 1999, il est nommé archevêque de Lima au cours d’une cérémonie dans la cathédrale de la même ville où l’entoure tout l’épiscopat péruvien. Quelques mois plus tard, en juin, il reçoit pour la deuxième fois des mains de Jean Paul II, le pallium d’archevêque. IMEDIA/APIC

Le cardinal Tarcisio Bertone.

Le cardinal italien Tarcisio Bertone, archevêque de Gênes, est âgé de 70 ans. Prêtre salésien, il est particulièrement tourné vers les jeunes et est assez médiatique. Sur le plan doctrinal, il est considéré comme conservateur.

Tarcisio Bertone est né à Romano Canavese (province de Turin) le 1er décembre 1934. Il est le 5e de huit enfants. Il fait ses études au lycée de Turin avant de rentrer au noviciat de Monte Oliveto (Pinerolo). Le 1er juillet 1960, à l’âge de 25 ans, il est ordonné prêtre salésien de don Bosco, par Mgr Albino Mensa, évêque d’Ivrea (province de Turin).

Diplômé d’une licence de théologie à la faculté de théologie salésienne de Turin, il poursuit ses études à Rome, à l’Université pontificale salésienne, où il obtient une licence et un doctorat en droit canonique. Le père Bertone est appelé à Rome en 1967 pour assumer la chaire de théologie morale spéciale de l’Université pontificale salésienne, où il enseigne pendant dix ans. Il sera aussi directeur des théologiens de 1974 à 1976.

A partir de 1976, il dirige la faculté de droit canonique où il enseigne notamment le droit international, le droit des mineurs. Il s’occupe aussi d’organisation catéchétique et de la pastorale de jeunes. Deux ans plus tard, en 1978, il est nommé doyen de droit public ecclésiastique à l’Institut «Utriusque Iuris» de l’Université pontificale du Latran. De 1987 à 1989, il est vice-recteur de l’Université pontificale salésienne, avant d’en être élu le recteur ’magnifique’. Il est également consulteur dans différents dicastères de la Curie romaine, notamment à la Congrégation pour la doctrine de la foi.

Nommé archevêque de Vercelli par Jean Paul II en 1991 (diocèse du Piémont), il est ordonné évêque le 1er août. Il est aussi président de la Commission ecclésiale Justice et Paix par la Conférence épiscopale italienne. A cette occasion, il s’intéresse particulièrement à l’éducation civique et morale.

Nommé Secrétaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi par Jean Paul II le 13 juin 1995, il se voit confier la publication de la 3e partie du secret de Fatima. Succédant à Dionigi Tettamanzi, il est finalement désigné archevêque de Gênes le 10 décembre 2002, fonction qu’il assume depuis le 2 février 2003, simultanément à la présidence de la Conférence épiscopale de Ligurie. Il est crée cardinal le 21 octobre 2003.

Salésien, le cardinal Bertone particulièrement tourné vers les jeunes, est assez médiatique. Il a ainsi commenté à plusieurs reprises des matches de foot en 2004. Sur le plan doctrinal, il est considéré comme conservateur, à considérer notamment ses propos récents sur le Da Vinci Code. Spécialisé en droit canonique, il a aussi participé à la dernière phase de la révision du Code de droit canonique. Il est membre de la Congrégation pour la doctrine de la foi, pour le clergé et pour le culte divin et la discipline des sacrements. IMEDIA/APIC

Le cardinal José Saraiva Martins.

Le cardinal portugais José Saraiva Martins, préfet de la Congrégation pour les causes des saints, est âgé de 73 ans. C’est le seul cardinal portugais actuel avec le patriarche de Lisbonne. Connu pour sa discrétion et sa grande proximité avec Jean Paul II, il est également apprécié pour sa disponibilité et sa jovialité, deux qualités qu’il a su associer à son caractère de grand travailleur.

Sixième d’une famille de huit enfants, José Saraiva Martins naît le 6 janvier 1932 à Gagos do Jarmelo, dans le diocèse de Guarda, au nord du Portugal. Il reste peu de temps dans son pays natal. En effet, il le quitte dès l’âge de douze ans, en octobre 1944, pour entrer au petit séminaire des Pères clarétins à Carvalhos, en Espagne. Il y poursuit son noviciat, puis prononce ses premiers voeux le 22 août 1950.

Il fait ensuite ses études à l’Université catholique de Louvain, en Belgique, avant de partir pour l’Italie. Il arrive à Rome en 1954 et obtient une licence en théologie à l’université Grégorienne (1957) et un doctorat auprès de l’université de saint Thomas d’Aquin (1958). Il est ordonné prêtre le 16 mars 1957. A la fin de ses études, il commence à enseigner comme professeur de métaphysique au grand séminaire de la Province d’Italie des clarétins, puis comme professeur de théologie fondamentale et dogmatique (1959-1969) au Claretianum de Rome, affilié au Latran. Il est alors appelé à l’Université pontificale Urbanienne, où il reste jusqu’en 1988. Il y est successivement doyen de la faculté de théologie (1974-1977) et recteur magnifique (1977-1983 et 1986-1988). Il est aussi président du comité des recteurs des Universités et Athénées pontificaux de Rome (1978-1983 et 1986-1988). Au cours de sa carrière de professeur, José Saraiva Martins rédige plus de vingt ouvrages et deux cent cinquante articles.

Jean Paul II le nomme archevêque et secrétaire de la Congrégation pour l’éducation catholique le 26 mai 1988. Après dix ans de travail dans ce dicastère, il reçoit la charge de Préfet de la Congrégation pour la cause des saints, le 30 mai 1998. Il est donc directement impliqué lorsque le pape se rend à Fatima pour y béatifier les deux petits Portugais François et Jacintha Marto, le 13 mai 1999. A ce poste, dont la charge est le suivi des procès de béatification et de canonisation, il réussit à se faire une réputation de grand travailleur simple et humble. Il est créé cardinal par Jean-Paul II le 21 février 2001. Le cardinal Saraiva Martins est aussi membre des Congrégations pour le culte divin et pour les évêques.

Pour ses proches, les différentes cultures qui ont forgé le cardinal lui ont donné «un profond sens de la réalité de l’Eglise». Lui-même a souvent souligné l’importance de cette dimension pour concrétiser une action pastorale qu’il continue à avoir en tant que préfet à la curie romaine. Pour lui, le premier défi de l’Eglise à venir est la sécularisation. IMEDIA/APIC

Le cardinal Ennio Antonelli

Plutôt conservateur, le cardinal Ennio Antonelli, archevêque de Florence, est un pasteur particulièrement engagé auprès des jeunes. Enseignant pendant de nombreuses années, il pourrait, parmi les 114 autres cardinaux électeurs, être élu pape.

Ennio Antonelli est né à Todi, en Ombrie, le 18 novembre 1936 – 68 ans-. Ordonné prêtre dans ce même diocèse en avril 1960, alors âgé de 24 ans, il suit des études de Lettres classiques à l’université de Pérouse. Aumônier de l’Association des professeurs catholiques et de plusieurs autres groupes, il est recteur de séminaire après avoir enseigné les Lettres et l’histoire de l’art au lycée et à l’Institut d’art de Pérouse.

De 1968 à 1983, il est doyen en théologie dogmatique à l’Institut de théologie d’Assise et professeur itinérant dans plusieurs diocèses d’Ombrie, où il fait preuve d’une intense activité pastorale. En 1982, il est nommé évêque de Gubbio en Ombrie. Au cours de son épiscopat de six ans, il participe activement à la construction d’un nouveau séminaire, d’un centre pastoral diocésain et d’une maison pour les prêtres.

Puis en octobre 1988, il est promu archevêque de Pérouse. Alors, pendant sept ans, il travaille à la promotion du rôle des laïcs dans l’Eglise, développant en particulier des itinéraires de formation pour les agents pastoraux et des écoles de formations à l’engagement socio- politique.

En 1995, il devient secrétaire général de la Conférence épiscopale italienne, après avoir fait partie de la Commission épiscopale pour la doctrine de la foi et le catéchisme, participant ainsi à la rédaction du catéchisme des adultes.

Il succède ensuite au cardinal Silvano Piovanelli à la tête de l’archidiocèse de Florence en mars 2001, et est créé cardinal par Jean Paul II lors du consistoire du 21 octobre 2003.

Certains le donnent pour un conservateur en matière doctrinale, mais modéré dans les faits, défendant les hommes politiques italiens divorcés. Durant son épiscopat, il a été particulièrement attentif à la pastorale sanitaire, à la pastorale scolaire et universitaire, ainsi qu’à la pastorale sociale en promouvant les ’groupes d’engagement socio-culturel’ dans les paroisses du diocèse de Florence. IMEDIA/APIC

Le cardinal George Pell.

Le cardinal australien George Pell, archevêque de Sydney, est âgé de 63 ans. Définissant la situation australienne à mi-chemin entre celle anglaise et américaine, les défis de l’Eglise du 3e millénaire sont pour lui l’ouverture de la Chine – possible terrain d’évangélisation – le dialogue avec l’islam et la déchristianisation de l’Europe.

Afin de ramener les Australiens au christianisme dans un contexte de sécularisation, il sait établir de bonnes relations avec les autres religions chrétiennes, notamment avec les anglicans.

Le cardinal Pell sait aussi manier les médias: il écrit beaucoup dans les magazines religieux et laïcs ainsi que dans des journaux et quotidiens tant australiens qu’étrangers. Il parle à la radio comme à la télévision. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur le catholicisme.

George Pell est né à Ballarat le 8 juin 1941 d’un père protestant et d’une mère catholique. Après avoir été élevé dans des écoles catholiques, il étudie au Collège Corpus Christi aux environs de Melbourne, puis au Collège Propaganda Fide – qui dépend de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples – à Rome. Il est ordonné prêtre le 16 décembre 1966 et poursuit ses études de théologie à l’Université de l’Urbanianum où il obtient sa licence en 1967, un doctorat de philosophie de l’histoire de l’Eglise à l’Université d’Oxford en 1971 et un master en éducation à l’Université Monash de Melbourne en 1982.

Après ses études, George Pell travaille comme prêtre adjoint dans les paroisses autour de Victoria. Il est nommé évêque auxiliaire de Melbourne le 30 mars 1987 et est ordonné en mai de la même année. De 1988 à 1997, il est le président de la Caritas d’Australie. Il remplit de nombreuses charges, souvent en lien avec l’éducation et les séminaires.

Jean-Paul II le promeut archevêque de Melbourne le 16 juillet 1996, puis archevêque de Sidney en mars 2001. Jean-Paul II le crée enfin cardinal au consistoire d’octobre 2003.

Le cardinal Pell est membre de nombreux dicastères dont la Congrégation pour la Doctrine de la foi. Depuis avril 2002, il est président du Comité Vox Clara, organe de conseil de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements pour les traductions anglaises des textes liturgiques. Proche du cardinal Ratzinger, le cardinal Pell bénéficiait aussi de la confiance de Jean Paul II. IMEDIA/APIC

Le cardinal Gofried Danneels

Le cardinal belge Godfried Danneels, archevêque de Malines-Bruxelles, est souvent présenté comme un représentant de la branche ’libérale’ du collège cardinalice.

Né le 4 juin 1933 à Kanegem, dans le diocèse de Bruges, dans les Flandres Orientales – il est donc flamand – Godfried Danneels est l’aîné d’une famille de six enfants. Il étudie au grand séminaire de Bruges, puis à l’Institut supérieur de philosophie de l’université catholique de Louvain. Il est ordonné prêtre le 17 août 1957. Deux ans plus tard, il devient directeur spirituel du grand séminaire de Bruges, tout en poursuivant ses études de théologie. Il obtient son doctorat de théologie à Rome en 1961. Il est ensuite responsable des diacres permanents du diocèse de Bruges, puis en 1969 professeur de liturgie et de théologie à l’université catholique flamande de Louvain.

Nommé par Paul VI évêque d’Anvers le 4 novembre 1977, il reste à la tête de ce diocèse pendant deux ans, consacrant beaucoup de temps à la direction spirituelle des prêtres et des animateurs de la pastorale. Il travaille en particulier à améliorer la collaboration entre ses propres prêtres et les laïcs engagés. Il est par la suite élu président de la Conférence épiscopale belge.

Le 19 décembre 1979, c’est Jean Paul II cette fois qui le nomme archevêque de Malines-Bruxelles. Il succède ainsi au cardinal Suenens. Quelques jours après cette nomination, le pape le choisit comme président délégué du Synode particulier pour la Hollande, pays dont la situation cause du souci à Jean Paul II à cause de l’esprit très contestataire du catholicisme hollandais, et des divisions dans l’épiscopat. Le synode se réunit au Vatican en janvier 1980.

Créé cardinal en 1983, Mgr Danneels accueille Jean Paul II en Belgique, en mai 1985, alors que le pape arrive d’un passage mouvementé aux Pays-Bas où la papamobile a même été bombardée d’oeufs et de fumigènes. Après la visite de Jean Paul II, le cardinal Danneels insiste sur la nécessité de l’action missionnaire et d’une nouvelle évangélisation. Ses lettres pastorales, qui touchent aux questions de société et en particulier à celles de la famille, sont diffusées deux fois par an dans les kiosques à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires, et traduites en plusieurs langues. Sa grande empathie, son ouverture et son art des nuances le font apprécier par beaucoup. Il se penche par ailleurs sur les questions touchant à la liturgie, et rassemble ses réflexions dans un Dictionnaire de la Liturgie.

Il devient également président de la Conférence épiscopale belge, et de 1990 à 1999, il sera aussi président de Pax Christi international. Parlant bien italien, et plusieurs autres langues, le cardinal Danneels est à l’aise partout, que ce soit au Vatican, où il est très écouté, ou face à la presse. Il n’hésite pas à prendre publiquement position sur des sujets de société – y compris sur les plateaux de télévision – mais garde aussi son franc-parler au sein de l’Eglise. Ainsi, en mai 2001, lors d’un consistoire extraordinaire, il plaide pour une révision du fonctionnement du Synode des évêques, pour permettre «une véritable culture de débat» dans l’Eglise. Mais en même temps, il insiste sur le fait que l’évêque a «grand besoin d’un pape fort, surtout à une époque où de grands pans de certitudes religieuses et morales s’effondrent».

En décembre 2003, il n’hésite pas à déplorer publiquement «le perpétuel fleuve de papiers avec un caractère d’autorité et de normes» qui inonde les bureaux des évêques et des prêtres en provenance du Vatican. Il aborde les questions controversées avec beaucoup de finesse et de nuances. «Il est important, dans le futur proche, – mise à part l’ordination des femmes qui est une question très particulière – de donner aux femmes un rôle dans l’Eglise qu’elles peuvent avoir, et des responsabilités», déclarait-il ainsi au moment de la mort de Jean Paul II. IMEDIA/APIC

Le cardinal Dario Castrillon Hoyos

Préfet de la congrégation pour le clergé, le cardinal colombien Dario Castrillon Hoyos, 75 ans, est un homme discret et intelligent. S’il travaille à la Curie romaine depuis 1996, il s’est fait connaître auparavant pour son combat courageux contre les injustices sociales, quand il était évêque en Colombie

Né à Medellin, à l’ouest de la Colombie, le 4 juillet 1929, Dario Castrillon Hoyos part à Rome assez jeune pour étudier le droit canonique à l’université pontificale grégorienne. Il étudie également la sociologie religieuse et l’éthique économique.

Ordonné prêtre à Rome en 1952 – il a 23 ans – il revient en Colombie où on lui confie deux paroisses rurales. Il s’occupe aussi du mouvement d’évangélisation populaire des Cursillos de Cristianidad.

Secrétaire général de l’épiscopat colombien pendant plusieurs années, il est nommé en 1971 évêque de Villa del Re. Il a 42 ans. Délégué de la Conférence épiscopale colombienne, il participe aux assemblées plénières du Conseil épiscopal latino-américain (CELAM) de Medellin, en Colombie, en 1968, puis de Puebla, au Mexique, en 1977.

Mais entre-temps, devenu évêque coadjuteur de l’évêque de Pereira, sur le versant Est de la Cordillère centrale, il lui succède en 1976. Il entreprend alors des visites de paroisses à cheval, pour parcourir les immenses distances qui les séparent les unes des autres, se préoccupe des sans-abri, distribue pain et café aux enfants la nuit, intervient auprès du gouvernement pour dénoncer des homicides de malades mentaux, de mendiants, de prostituées et d’enfants des rues orphelins. En même temps, il se montre ouvert au dialogue avec la guérilla, allant même jusqu’à se mettre en civil pour rencontrer à Medellin le narco-trafiquant Pablo Escobar, chef du «Cartel de Medellin», et se proposer comme médiateur entre le gouvernement et lui. Il se trouve alors confronté à Ronald Reagan – les Etats-Unis aident le gouvernement colombien dans sa lutte contre les narco-trafiquants – qui reproche à l’Eglise d’être complice des «guérilleros». Mgr Castrillon Hoyos le convainc du contraire, tout en soulignant combien l’Eglise est sensible à la lutte contre l’injustice sociale.

En 1983 il devient ensuite secrétaire général du CELAM, puis président de 1987 à 1991. Une période marquée par le conflit entre le CELAM et la Conférence des religieux d’Amérique Latine, et par les agitations autour de la théologie de la libération à laquelle il s’oppose publiquement. En même temps, il intercède auprès du président américain George Bush – père – pour éviter que les Etats-Unis n’envahissent le Nicaragua gouverné par les sandinistes.

En 1992, Mgr Castrillon Hoyos devient archevêque métropolite de Bucaramanga, au nord de Bogota. Il est soucieux à l’époque de voir la progression des sectes en Amérique Latine, et encourage l’Eglise à ne pas négliger le spirituel sous prétexte de s’occuper de social. En 1996 enfin, il est appelé à Rome par Jean Paul II comme préfet de la Congrégation pour le clergé. A ce poste, il organise cette année-là, au mois de novembre, la célébration du jubilé sacerdotal – les 50 ans de son ordination comme prêtre – de Jean-Paul II. L’année suivante, en septembre 1997, il présente des textes importants : le nouveau Directoire général pour la catéchèse, puis l’Instruction inter-dicastérielle sur les questions concernant la collaboration des laïcs au ministère des prêtres. Jean-Paul II le créé cardinal en février 1998.

En 2001, le cardinal Castrillon Hoyos reçoit la tâche délicate de traiter avec ceux qui ont suivi Mgr Marcel Lefebvre dans l’acte schismatique de 1988, en tant que président de la commission Ecclesia Dei, commission chargée du dialogue avec les traditionalistes, en vue de favoriser leur rapprochement de Rome. Il travaille alors dans la plus grande discrétion. Ses négociations aboutissent en janvier 2002, à la création d’une circonscription ecclésiastique dépendant directement du Pape dans le diocèse brésilien de Campos ouverte aux ’lefebvristes’ désireux de se rapprocher de Rome. Le 24 mai 2003, il pose en outre un geste fort dans leur direction, en célébrant une messe selon le rite tridentin – de saint Pie V, antérieur à 1969 – dans la basilique romaine de Sainte-Marie- Majeure. Une première à Rome de la part d’un cardinal de la Curie dans une basilique majeure.

Entre-temps, à partir d’octobre 2002 il fait partie de la commission mixte rassemblant des représentants du Saint-Siège et de la Conférence des évêques américains, pour réfléchir sur les normes à adopter face aux cas de prêtres pédophiles aux Etats-Unis.

Dans l’ensemble, c’est un homme habitué à traiter des questions délicates. Mais c’est aussi un homme d’une personnalité très riche, passionné de piano, fasciné par les possibilités offertes par Internet, et qui apprend les langues avec une facilité déconcertante. Il en parle déjà sept ou huit, et serait en train d’apprendre l’arabe. IMEDIA/APIC

Le cardinal Ricardo Maria Carles Gordo

C’est de la péninsule Ibérique que provient le cardinal Ricardo Maria Carles Gordo, aujourd’hui âgé de 78 ans. L’archevêque émérite de Barcelone est né le 24 septembre 1926 à Valence, sur la côte Est de l’Espagne, et a grandi dans une famille catholique.

Elève des pères jésuites, il entre au séminaire de Valence après une année de discernement, et fut ordonné prêtre le 29 juin 1951. Il poursuit ensuite des études en droit canonique à l’université pontificale de Salamanque jusqu’en 1953. Devenu prêtre de paroisse, puis recteur d’une paroisse de Valence, il se consacre essentiellement à la pastorale des jeunes, en s’attachant spécialement aux jeunes ouvriers, à travers le mouvement de la Jeunesse ouvrière chrétienne.

Le 3 août 1969, il est ordonné évêque de Tortosa. L’un de ses objectifs est alors de définir le rôle des laïcs et des prêtres dans son diocèse. Il convoque un synode diocésain, qui suscite une large participation dans les paroisses, et se conclut par des constitutions synodales déterminant des options pastorales diocésaines centrées sur l’évangélisation et la mission.

En mars 1990, Mgr Carles Gordo est nommé par Jean Paul II archevêque de Barcelone. Il va alors réorganiser le vaste archidiocèse – qui compte 4 millions d’habitants – en quatre zones épiscopales, en les confiant aux cinq évêques auxiliaires qui ont été nommés après son arrivée. Il définit par ailleurs comme des priorités la pastorale des non-pratiquants, celle des non-croyants, celle des jeunes, celle des marginalisés et des immigrés, et celle de la famille, encourageant une action sociale dans les quartiers les moins favorisés de Barcelone et de sa périphérie industrielle.

Apprécié pour son caractère affable et son tact, il se montre proche des fidèles de son diocèse, qui apprécient généralement ses «lettres dominicales» pour leur concision, leur vivacité et leur profondeur.

Par ailleurs, parmi les questions qui préoccupent le plus l’archevêque se trouvent celles du séminaire diocésain – qui est fréquenté vers 1994 par une centaine d’étudiants – et des vocations sacerdotales. Mgr Carles Gordo est soucieux d’autre part d’élever le niveau de spiritualité, et créé dans ce but l’Institut de théologie spirituelle de Barcelone. Enfin, il accorde une grande importance à transmission du message chrétien dans les médias et au lien entre la foi et la culture. Il publie d’ailleurs un livre à ce sujet, intitulé «Foi et culture», qui rassemble des conférences et des études qu’il avait commencées alors qu’il était encore évêque de Tortosa.

C’est lors du Consistoire du 26 novembre 1994 que Jean-Paul II le crée cardinal, avec le titre de Sainte-Marie-Consolatrice. Il est membre de la Congrégation pour l’éducation catholique ainsi que de la Préfecture pour les affaires économiques du Saint-Siège. Le 15 juin 2004, Jean-Paul II a accepté sa renonciation pour raison d’âge, nommant Mgr Lluis Martinez Sistach à la tête du diocèse de Barcelone. IMEDIA/APIC

Le cardinal Théodore Edgar McCarrick.

Le cardinal américain Théodore Edgar McCarrick, archevêque de Washington, est âgé de 74 ans. Il est reconnu comme un personnage de grande envergure, en particulier sur le plan politique. Il est aussi connu pour son dynamisme.

Né le 7 juillet 1930 à New York, Théodore E. McCarrick étudie la philosophie et la théologie avant de devenir prêtre à l’âge de 28 ans, en mai 1958. Titulaire d’une maîtrise en sociologie, il s’intéresse aussi aux minorités ethniques résidant dans la grande métropole new-yorkaise. Il découvre notamment la culture hispanique portoricaine, ce qui l’amène à devenir recteur de l’Université catholique de Ponce (Porto Rico) de 1965 à 1969. Secrétaire particulier du cardinal de New York, Terence Cooke, de 1971 à 1977, il est ensuite nommé évêque auxiliaire de New York et vicaire épiscopal pour l’éducation au sein de la Conférence épiscopale américaine.

En 1981, il quitte le diocèse de New York pour l’Etat limitrophe du New Jersey. En 1986, il est nommé archevêque de Newark, diocèse comptant 1,3 millions de catholiques. En octobre 1995, il a l’occasion de mieux connaître Jean-Paul II, lors de son voyage de cinq jours au New Jersey.

Cité dans la liste des successeurs possibles du cardinal John O’Connor pour l’archevêché de New York au printemps 2000, c’est à Washington, poste également cardinalice, qu’il est finalement nommé par le pape le 21 novembre de la même année. Washington est un plus petit diocèse que New York – 440’000 catholiques – mais son prestige politique est très important du fait de la présence de la Maison Blanche. Mgr McCarrick est crée cardinal lors du consistoire du 21 février 2001.

Il est président du ’Comité sur la politique internationale’ au sein de la Conférence épiscopale américaine. Il est également membre d’autres commissions au sein de la hiérarchie américaine.

D’origine irlandaise, le cardinal McCarrick est parle parfaitement l’espagnol et connaît d’autres langues, dont le polonais. Il est membre des Conseils Justice et paix, pour la pastorale des Migrants et itinérants et pour l’Unité des chrétiens, membre de l’Apsa (Administration du patrimoine du Siège apostolique) et du Conseil spécial pour l’Amérique du Secrétariat général du Synode des évêques. IMEDIA/APIC

Le cardinal Julio Terrazas Sandoval

Rangé par beaucoup du côté des «conservateurs», le cardinal bolivien Julio Terrazas Sandoval, religieux Rédemptoriste et archevêque de Santa Crux de la Sierra, est âgé de 69 ans et provient d’un des pays les plus pauvres du monde, au coeur de l’Amérique du sud.

Julio Terrazas Sandoval est né le 7 mars 1936 à Vallegrande, une des provinces de la région bolivienne de Santa Cruz. Il est le second cardinal de l’histoire de la Bolivie et le premier Bolivien de naissance.

Entré au séminaire des Rédemptoristes à l’âge de seize ans, au Chili, il fait son noviciat en Argentine après avoir fait sa profession religieuse à 20 ans. Il est ordonné prêtre le 29 juillet 1962 et part en France étudier la pastorale sociale.

C’est quelques mois avant l’élection de Jean Paul II, le 15 avril 1978, qu’il est nommé évêque auxiliaire de l’archidiocèse de La Paz par Paul VI, et exerce en même temps la charge de président de la Commission épiscopale pour les laïcs du CELAM.

Il participe ensuite à de nombreux synodes comme, en 1980, celui sur la famille, en 1985 au Synode extraordinaire à l’occasion de la commémoration des 20 ans de l’ouverture du Concile Vatican II, et en 1987, au Synode sur les laïcs. Il préside aussi la délégation des évêques boliviens lors du Synode spécial pour l’Amérique, en 1997.

En tant que président de la Conférence épiscopale bolivienne – élu pour la première fois en 1985 -, il participe par ailleurs aux assemblées ordinaires du CELAM. Enfin, il est nommé archevêque de Santa Cruz de la Sierra le 6 février 1991. Il se consacre à la convocation d’un synode diocésain et s’engage particulièrement en faveur des vocations et pour la construction du nouveau séminaire majeur de son archidiocèse.

Crée cardinal par Jean Paul II lors du Consistoire du 21 février 2001, il est, à ce jour, membre du Conseil pontifical pour les laïcs et de la Commission pour l’Amérique latine. (apic/imedia/pr)

webmaster@kath.ch

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/les-cardinaux-eliront-le-265e-pape-de-l-histoire-de-l-eglise/