La Fédération des paroisses catholiques du canton de Vaud a 25 ans (181089)
Lausanne, 18octobre(APIC) La Fédération des paroisses catholiques du canton de Vaud a fêté vendredi 13 octobre son 25e anniversaire par une célébration cantonale d’action de grâce présidée par Mgr Pierre Mamie, évêque
du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg. Pour marquer l’événement, une
brochure a été éditée. Elle aborde entre autres les problèmes liés à l’application du Statut des catholiques vaudois accepté en 1970 du bout des
lèvres par le peuple. Un quart de siècle d’activité de cette fédération ou
une page parmi les dizaines d’autres de l’histoire de l’Eglise catholique
en Pays de Vaud, et d’une loi qui de 1810 à 1970 a marqué les catholiques
et suscité auprès d’eux un malaise pas encore totalement dissipé aujourd’hui. Loin de là.
Les chiffres, qui ne résultent pas d’une lutte d’influence ou d’un prosélytisme déplacé, mais qui situent l’évolution démographique et le brassage des populations propre à l’ère moderne indiquent que les catholiques
vaudois, qui représentaient 2% de la population en 1803, 13% en 1900, et
20% en 1950, représentent aujourd’hui 40% de l’ensemble de la population du
canton.
Le Pays de Vaud, faut-il le rappeler, faisait partie de l’Empire romain
et un évêque résidait à Avenches. En 550, après la destruction de cette capitale, l’évêque vint s’installer à Lausanne. Le premier connu, Saint Maire, y résidait en 574. Il en fut de même durant près de mille ans pour ses
52 successeurs, parmi lesquels, Guillaume de Champvent qui, le 20 octobre
1275, avait reçu dans sa capitale épiscopale le pape Grégoire X venu célébrer avec l’empereur Rodolphe de Habsbourg la dédicace de la cathédrale.
Répression bernoise
A l’instar des Jurassiens durant le Kulturkampf, les catholiques vaudois
durent subirent peu après la conquête de leur territoire par Berne en 1535
la répression bernoise. Ce canton, qui avait adopté la Réforme en 1521, ordonna le 19 octobre 1536 déjà la suppression de la messe et l’interdiction
du culte catholique. Cependant, vestige d’une très faible résistance, dans
le Gros de Vaud, 10 communes demeurèrent catholiques. Cette situation va
durer 250 ans, c’est-à-dire jusqu’à la Révolution française dont l’influence allait modifier profondément les structures de cette région.
Le 2 juin 1810, soit 7 ans après l’entrée de Vaud dans la Confédération
et 12 ans après son indépendance, le Grand Conseil vaudois légiférait à
propos d’une loi qui ne visait en fait que la religion catholique. Celle-ci
pouvait obtenir l’autorisation de s’établir à la condition que les membres
de la nouvelle communauté s’engagent à pourvoir à toutes les dépenses nécessaires pour le culte et à se conformer aux dispositions légales et réglementaires. Cette loi est restée en vigueur jusqu’en 1970, date à laquelle fut accepté le Statut des catholiques vaudois.
Selon ces dispositions, le ministre du culte, soit le prêtre desservant,
devait être nommé par le Conseil d’Etat, après une triple proposition émanant des préposés de la paroisse. Tout signe extérieur du culte, clocher,
cloches, procession, etc, était proscrit. Cette législation ne s’appliqua
cependant vraiment qu’à partir de 1817, lorsque le gouvernement vaudois assura l’autorité diocésaine qu’il n’entendait pas nommer comme curé ou ministre du culte une personne qui ne serait pas agréée par l’évêque. Au fil du
temps, cette loi devint désuète. Certaines de ses dispositions furent formellement abrogées ou devinrent inapplicables en raison de règles constitutionnelles fédérales en matière de liberté religieuse. Son application fut
réduite à la seule nomination des curés par le gouvernement, qui désigna
toujours le premier des prêtres proposés.
160 ans d’attente
Le malaise règne cependant toujours au sein de la Communauté catholique
vaudoise. Durant 160 ans, jusqu’en 1970, la loi de 1810 est toujours en vigueur. L’Eglise officielle étant nationale, les catholiques ont l’impression d’être mal intégrés, d’être des citoyens de «seconde cuvée». Ils
éprouvent le désir d’une reconnaissance juridique. Hormis une subvention
cantonale allouée au curé de Lausanne dès 1863, on s’en tint alors au principe posé par la loi de 1810: le culte catholique n’émargeait en aucune façon au budget de l’Etat qui prélève cependant auprès de tous les impôts
alimentant entre autres le budget des cultes alors que seule la religion
officielle est concernée. Les contribuables catholiques se voient ainsi
dans l’obligation de payer deux fois: en plus de leurs impôts, ces derniers
doivent de plus assurer la subsistance de leur clergé, la construction et
l’entretien des églises, des cures, des locaux paroissiaux, de leurs écoles
etc. Les dettes des paroisses augmentent; elles se montaient à quelque 20
millions en 1970.
Les premières initiatives pour remédier à cette situation commencent
alors. Et en 1951, un Mémoire est envoyé au chef du Département de l’Instruction publique et des Cultes, à l’initiative des prêtres réunis à Ouchy.
En 1963, en accord avec l’évêque du diocèse, alors Mgr François Charrière,
qui avait mené pratiquement seul les pourparlers, sera décidée la fondation
d’une Fédération des paroisses catholiques du canton de Vaud. Cette dernière verra officiellement le jour en 1964. C’est elle, dès lors, qui va conduire les tractations avec l’Etat pour obtenir la reconnaissance officielle
de la religion catholique et, par conséquent, la légitimité de son financement.
Le malaise subsiste
Ces contacts aboutissent à la proposition d’une modification constitutionnelle et d’une loi nouvelle. Les projets seront acceptés à l’unanimité
le 9 octobre 1969 par le Synode de l’Eglise évangélique réformée et par la
Fédération des paroisses. Le vote populaire du 10 mars 1970 confirmant cette situation. Par 39’006 oui contre 32’491 non, le peuple vaudois admet le
Statut des catholiques. L’un des principaux articles de la nouvelle loi
stipule désormais que «l’Eglise catholique règle librement tout ce qui est
du domaine spirituel. Elle s’administre elle-même».
Reste que le malaise subsiste aujourd’hui au sein de la Communauté catholique vaudoise. De l’aveu des dirigeants de la Fédération des paroisses,
les catholiques ne se sentent guère intégrés. La Communauté catholique ne
remet certes pas en cause le Statut lui-même, mais bien ses modalités d’application qui, selon la Fédération, ne correspondent plus dans les faits à
l’esprit de la loi constitutionnelle. (apic/pr)
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