Paris: Le P. Henri Madelin se demande si le catholicisme peut encore séduire la jeunesse
Paris, 27 juin 2001 (APIC) Le catholicisme peut-il encore séduire la jeunesse, et surtout la libérer du «jeunisme», une idéologie dangereuse qui enferme les jeunes générations dans un monde qu’elles doivent forcément quitter ? Le théologien Henri Madelin, jésuite, propose, dans son dernier livre (1), d’inventer des modèles nouveaux.
Le P. Madelin, directeur de la revue jésuite française «Etudes», précise: «Cet essai ne parle pas de la jeunesse, car un tel collectif n’existe pas […]. Entre 15 et 30 ans, plusieurs types de jeunesses coexistent». Il critique ainsi au passage le holisme (approche globale privilégiant le rôle de la société, du grec «holos») du sociologue Pierre Bourdieu, pour qui «la jeunesse est un tout».
Pour le Père Henri Madelin, les jeunes doivent forger leurs convictions. «La contagion de la joie, ce n’est pas rien, écrit-il. Les JMJ expriment qu’on peut être heureux dans l’Eglise. Avec ces jeunes, on est loin d’une génération qui est partie sur la pointe des pieds parce qu’elle ne trouvait plus sa place dans l’institution. Ces jeunes ont conscience qu’être chrétiens, c’est être dans une minorité. Qu’il faut donc se serrer les coudes et trouver la joie avec d’autres. Or, les réflexes naturels d’une minorité, c’est de s’affirmer. Ce qui pourrait un jour, d’ailleurs, poser des problèmes avec la laïcité. Mais on n’en est pas encore là.»
Les jeunes doivent réagir contre la culture du conformisme
D’ailleurs le plus important n’est pas que les jeunes soient forcément dans des églises, mais qu’ils agissent dans des laboratoires de la foi, ajoute le jésuite français. Ils doivent forger leurs convictions, faire l’expérience de Dieu. Comment ? Par la prière, par les retraites… Cela veut dire, d’une certaine manière, réagir contre la culture du conformisme. Cette phase personnelle est obligatoire. Mais il faudra aussi s’investir dans des responsabilités. Il faut donc confier des choses aux jeunes: au niveau des prisons, des hôpitaux, des personnes âgées… Il faut socialiser le besoin qu’ils ressentent et expriment. La paroisse n’est pas forcément le lieu de cette socialisation. Cela peut aussi passer par internet. Pour le jésuite français, «il faut inventer des modèles nouveaux, pas trop territoriaux ou locaux.» (apic/cip/be)
webmaster@kath.ch
Portail catholique suisse