Il annonçait l’attentat du pape Jean Paul II

Portugal: Le pape révèle le 3e secret de Fatima

De l’envoyée spéciale de l’APIC à Fatima, Caroline Boüan

Fatima, 13 mai 2000 (APIC) La cérémonie de béatification, samedi 13 mai à Fatima, des deux petits bergers à qui la Vierge est apparue en 1917, s’est achevée sur un coup de théâtre. Avec l’événement qu’à choisi de créer le pape Jean Paul II avec la révélation du «troisième secret» de Fatima. Une prophétie qui annonçait l’attentat contre le pape. Cette annonce intervient 19 ans jour pour jour après l’attentat de la place Saint-Pierre, le 13 mai 1981. Le pape a regagné Rome ce même samedi.

Le pape, arrivé vendredi au Portugal, a béatifiés samedi les deux petits bergers de Fatima, François et Jacinthe Marto, à qui la Vierge est apparue de mai à octobre 1917, le 13 de chaque mois, comme elle était également apparue à leur cousine, Sœur Lucie, carmélite, aujourd’hui retirée au couvent de Coimbra. Cette dernière a fêté son 93e anniversaire le 22 mars dernier. Né le 11 juin 1908, François est mort le 4 avril 1918. Jacinthe, née le 10 mars 1910, est décédé le 20 février 1920.

Le texte intégral du message sera publié dans quelques jours. Chargé par Jean Paul II d’expliquer l’essentiel du contenu de ce message, le cardinal Angelo Sodano a en effet expliqué que le 13 juillet 1917, les enfants de Fatima avaient vu un «évêque vêtu de blanc», qui, d’après leur interprétation – confirmée récemment par Soeur Lucie, seule des trois enfants actuellement encore vivante – était le pape lui-même, «tombant à terre comme mort, sous les coups d’une arme à feu».

Trois secrets

C’est également le 13 juillet que la Vierge révéla aux enfants les trois «secrets» de Fatima. Le premier était l’explication des conséquences des péchés des hommes. Les enfants eurent en effet une vision de l’enfer, et la Vierge leur annonça ce qui devait être la seconde guerre mondiale. Celle-ci devait être annoncée par une nuit illuminée d’une «lumière inconnue», reconnue plus tard comme la grande aurore boréale de la nuit du 24 au 25 janvier 1938, un peu plus d’un mois avant l’invasion de l’Autriche par les nazis.

Le deuxième secret était ce que demandait la Vierge pour éviter ces maux. Elle voulait, a expliqué Lucie, que la Russie soit consacrée à son «Coeur Immaculée», et que les chrétiens communient chaque premier samedi du mois :

«Si l’on écoute mes demandes, la Russie se convertira et le monde connaîtra la paix. Sinon elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Eglise… Le Saint-Père aura beaucoup à souffrir et beaucoup de nations seront anéanties. Mais à la fin mon Coeur Immaculée triomphera».

Jean Paul II et Fatima

«C’est à partir de son attentat, le 13 mai 1981, que Jean Paul II s’est vraiment intéressé au message de Fatima; depuis, il a vécu tout son pontificat en s’efforçant d’y répondre», relève dans ses écrits Aura Miguel, journaliste portugaise qui suit les voyages du pape pour «Radio Renascença» depuis 1987.

Auteur d’un livre intitulé «Le secret qui guide le pape: l’expérience de Fatima dans le pontificat de Jean Paul II», paru au Portugal au début du mois en vue de la visite du pape, elle explique pourquoi Jean Paul II a insisté pour aller béatifier les deux enfants à Fatima même, et non pas au Vatican le 9 avril, comme cela avait été prévu auparavant. C’est en effet à la Vierge de Fatima que Jean Paul II attribue le fait qu’il ait survécu à l’attentat dont il a été victime exactement 64 ans après la première apparition de 1917.

En se rendant à Fatima un an après, le 13 mai 1982, le pape affirmait en effet: «Pourrais-je oublier que l’événement de la place Saint-Pierre a eu lieu le jour et l’heure où depuis tant d’années on rappelle à Fatima, au Portugal, la première apparition de la mère du Christ aux pauvres petits paysans ? Dans ce qui m’est arrivé précisément ce jour-là, j’ai perçu son extraordinaire protection maternelle et sa tendresse, qui se sont démontrées plus fortes que le projectile mortel».

Le 13 mai 1982, en se rendant à Fatima, Jean Paul II avait lui-même consacré le monde à la Vierge pour répondre à la demande transmise par les enfants. Les 12 et 13 mai 1991, Jean Paul II retournait à Fatima, dix ans après son attentat, et exprimait publiquement sa reconnaissance à la Vierge pour les événements qui avaient suivi la chute du mur de Berlin en 1989.

Le texte du message, envoyé au pape Pie XII par Soeur Lucie dans les années 1940, sera publié dans quelques jours par la Congrégation pour la doctrine de la foi, dont le préfet, le cardinal Joseph Ratzinger, était le seul avec le pape à en connaître le texte jusqu’à présent. Rédigé en patois portugais, ce message doit auparavant être traduit en différentes langues, et accompagné d’un bref commentaire d’introduction et d’explication demandé par Jean Paul II.

L’essentiel, toutefois, a d’ores et déjà été expliqué par le cardinal Sodano le 13 mai, celui-ci ayant fait l’annonce suivante en présence de près d’un million de pèlerins rassemblés devant la basilique des apparitions de Fatima.

Un appel à la conversion

«Le message de Fatima, avait expliqué le pape lui-même dans son homélie lors de la béatification des bergers, est un appel à la conversion» car «l’homme, en mettant Dieu à part, ne peut atteindre la félicité et finit par se détruire lui-même». Il a encore exalté «sacrifice et pénitence» en citant en exemple Francisco et Jacinta Marto, âgés de 9 et 7 ans lorsque la Vierge leur apparut. Il a insisté sur l’humilité de ces «petits» qui ont consacré leur courte vie à «réparer les offenses commises par les pécheurs».

Le pape a également salué et réconforté les malades installés dans les premiers rangs des pèlerins: «Si quelqu’un ou quelque chose te fait penser que tu arrives à la fin de la route, ne le crois pas!», s’est-il écrié. «Si tu sens venir l’hiver, je veux que tu saches que ce ne peut pas être l’ultime saison, car la dernière sera le printemps de la résurrection».

Un geste renouvelé de gratitude

«A l’occasion de l’événement solennel de sa venue à Fatima, le pape m’a chargé de vous faire une annonce. Comme vous le savez, le but de sa visite à Fatima a été la béatification des deux petits bergers. Mais il veut aussi donner à ce pèlerinage le sens d’un geste renouvelé de gratitude envers la Madone, pour la protection qu’elle lui a accordée durant ses années de pontificat. C’est une protection qui semble concerner aussi ce qu’on appelle `la troisième partie du secret de Fatima.

Ce texte constitue une vision prophétique comparable à celles de l’Ecriture Sainte, qui ne décrivent pas de manière photographique les détails des événements à venir, mais qui résument et condensent sur un même arrière-fond des faits qui se répartissent dans le temps en une succession et une durée qui ne sont pas précisées. Par conséquent, la clé de lecture du texte ne peut que revêtir un caractère symbolique.

La vision de Fatima concerne surtout la lutte des systèmes athées contre l’Eglise et contre le chrétiens. Elle décrit l’immense souffrance des témoins de la foi du dernier siècle du deuxième millénaire. C’est une interminable via crucis, guidée par les papes du vingtième siècle.

«Sous les coups d’une arme à feu»

Selon l’interprétation des petits bergers, interprétation confirmée récemment par Soeur Lucie, `l’Evêque vêtu de blanc’ qui prie pour tous les fidèles est le pape. Lui aussi, marchant péniblement vers la Croix parmi les cadavres des personnes martyrisées (évêques, prêtres, religieux, religieuses et nombreux laïcs), tombe à terre comme mort, sous les coups d’une arme à feu.

Après l’attentat du 13 mai 1981, il apparut clairement au pape qu’il y avait eu `une main maternelle pour guider la trajectoire du projectile, permettant au `pape agonisant’ de s’arrêter `au seuil de la mort’. A l’occasion d’un passage à Rome de l’évêque de Leira-Fatima de l’époque, le pape décida de lui remettre le projectile, resté dans la jeep après l’attentat, pour qu’il soit gardé dans la sanctuaire. Sur l’initiative de l’évêque, il fut enchâssé dans la couronne de la statue de la Vierge de Fatima.

Les événements ultérieurs de 1989 ont conduit, en Union Soviétique et dans de nombreux pays de l’Est, à la chute du régime communiste, qui se faisait le défenseur de l’athéisme. Pour cela aussi, le pape remercie de tout coeur la Vierge très sainte. Cependant, dans d’autres parties du monde, les attaques contre l’Eglise et contre les chrétiens, accompagnées du poids de la souffrance, n’ont malheureusement pas encore cessé. Bien que les situations auxquelles fait référence la troisième partie du secret de Fatima semblent désormais appartenir au passé, l’appel de la Vierge de Fatima à la conversion et à la pénitence, lancé au début du vingtième siècle, demeure encore aujourd’hui d’une actualité stimulante. La Dame du message semble lire avec une perspicacité spéciale les signes des temps, les signes de notre temps. L’invitation insistante de la très Sainte Vierge Marie à la pénitence n’est que la manifestation de sa sollicitude maternelle pour le sort de la famille humaine, qui a besoin de conversion et de pardon.

Pour permettre aux fidèles de mieux recevoir le message de la Vierge de Fatima, le pape a confié à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi le soin de rendre publique la troisième partie du secret, après en avoir préparé un commentaire approprié.

Nous remercions la Vierge de Fatima de sa protection. Nous confions à sa maternelle intercession l’Eglise du troisième millénaire».

Sœur Lucie et Jean Paul II ensemble

Soeur Lucie, qui avant la messe de béatification, s’est entretenu en privé avec Jean Paul II pendant une dizaine de minutes dans la basilique, assistait à cette annonce solennelle, faite par le cardinal Sodano vers midi à Fatima, sous un soleil radieux. La religieuse, en s’adressant au pape, a décrit cette journée comme >. Jean Paul II lui ayant demandé son âge – 93 ans -, tous les deux ont souri en même temps, Soeur Lucie semblant à la fois sereine et joyeuse. Elle avait confectionné elle-même trois cents chapelets en vue de cette cérémonie, que des enfants vêtus comme les petits bergers de 1917, ont ensuite remis au pape au cours de la cérémonie. (apic/imed/cb/pr)

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