«Rigidité théologique» dénoncée
New York, 6 novembre 2000 (APIC) L’ancien président des Etats-Unis Jimmy Carter quitte la Convention baptiste du sud dont il était membre. Il dénonce sa «rigidité théologique».
La Convention baptiste du Sud (SBC), la plus grande Eglise protestante des Etats-Unis, est aujourd’hui déchirée par un conflit interne alors qu’un des ses membres les plus célèbres, Jimmy Carter, a décidé de quitter ses rangs.
Les baptistes du Sud du Texas ont décidé le 30 octobre de retirer la majorité des fonds qu’ils versaient au siège de l’Eglise à Nashville, au Tennessee, et à six séminaires baptistes. Comme Jimmy Carter, les membres du Texas entendent protester contre les initiatives de plus en plus conservatrices prises ces dernières années par la SBC, entre autres les déclarations conseillant aux femmes mariées de «se soumettre gracieusement» à leur mari.
La Convention baptiste du Sud n’avait pas connu semblables difficultés depuis le milieu du 19e siècle lorsque les baptistes du Nord et du Sud se sont séparés à propos du problème de l’esclavage, a déclaré Bill Leonard, historien baptiste et doyen de l’Institut de théologie de l’Université Wake Forest, en Caroline du Nord.
Mais ce fut la déclaration publique de Jimmy Carter qui a focalisé toute l’attention, en partie parce que l’ancien président garde une place aux yeux de l’opinion publique depuis sa défaite en 1980 face au républicain Ronald Reagan.
Pour Bill Leonard, la déclaration de retrait de Jimmy Carter est «un symbole très fort, porteur d’une réalité continue, d’une fragmentation qui s’achemine vers le schisme». Jimmy Carter «représente la tradition de ces anciens moniteurs de l’Ecole du dimanche – il n’a été président que quatre ans, mais il a enseigné dans les Ecoles du dimanche pendant 50 ans».
La franchise de Jimmy Carter sur son affiliation chrétienne évangélique lorsqu’il s’est présenté à la présidence en 1986 a favorisé l’ouverture d’une nouvelle ère d’influence politique pour les chrétiens évangéliques.
Liens coupés
Lors d’interviews données à fin octobre et dans une lettre ouverte adressée à 75’000 baptistes le 19 octobre, Jimmy Carter, mettant en cause «la rigidité théologique croissante» de l’Eglise, a annoncé qu’il coupait les liens avec les baptistes du Sud.
«J’ai été déçu et me suis senti exclu après l’adoption de lignes et de principes toujours plus rigides, notamment de certaines clauses qui enfreignent les fondements de ma foi chrétienne», écrit Jimmy Carter. «J’ai finalement décidé qu’après 65 ans, je ne peux plus être associé avec la Convention baptiste du Sud».
L’ancien président a déclaré s’exprimer en tant que laïc baptiste qui, comme des millions d’autres, a été «profondément peiné par les divisions déplaisantes et contre-productives» survenues au sein de l’Eglise. Il a précisé par ailleurs n’avoir pas été engagé dans «la lutte politique» pour le contrôle de l’Eglise et qu’il n’avait «aucun désir de le faire».
Jimmy Carter a fait part de son intention de continuer à servir comme diacre et d’enseigner à l’Ecole du dimanche dans son église baptise de Géorgie et aussi de soutenir la Cooperative Baptist Fellowship, un groupe baptiste modéré.
Sans surprise
Dans une autre interview, cette fois-ci avec Baptist Press, agence de la Convention baptiste, Jimmy Carter dit désapprouver vivement les déclarations de la Convention condamnant l’homosexualité. «Si une personne [homosexuelle] sait manifester l’essence du christianisme, je n’ai aucune objection à ce qu’elle soit ordonnée. Certes, l’homosexualité est un péché, mais l’adultère l’est aussi. L’annonce de Jimmy Carter a été accueillie sans surprise par les responsables de la Convention, mais l’un d’eux, le président du séminaire de théologie Albert Mohler, lui a reproché d’avoir fait un «coup publicitaire» dans le but d’influencer les baptistes du Texas lors du vote sur les finances. (apic/eni/pr)
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