Genève: Le Conseil oecuménique des Eglises (COE) rend hommage à Oscar Cullmann
Genève 25 janvier 1999 (APIC) Le Conseil œcuménique des Eglises (COE) rend hommage au théologien protestant Oscar Cullmann, décédé le 16 janvier à Chamonix dans sa 97e année. Le professeur Lukas Vischer, ancien directeur de la section «Foi et Constitution» du COE, présente la vie du théologien dédiée quasi totalement à la cause de l’œcuménisme. Il rapporte entre autres la boutade de Karl Barth: «Oscar, sur votre tombe, on inscrira : Ci-gît celui qui a conseillé trois papes».
Oscar Cullmann, poursuit Lukas Vischer, nous laisse un volume impressionnant de travaux théologiques: études sur le Nouveau Testament, sur l’histoire de l’Eglise primitive, et, courant comme un fil rouge à travers toute son oeuvre, ses nombreux écrits sur des questions oecuméniques. Plus importante encore, son activité en tant que professeur de théologie. Bien qu’il ait pu, à première vue, donner l’impression d’être entièrement absorbé par ses propres préoccupations, il était en réalité très attentif à ses étudiants.
«Celui qui conseilla trois papes»
Tout prédestinait Cullmann à un engagement oecuménique: né àà Strasbourg, ville de Martin Bucer, grande figure de la Réforme, il était bilingue et se passionnait pour l’»essence» de la foi chrétienne. Il prit part aux discussions interconfessionnelles dès les années 20. Sans renier ses origines luthériennes, il enseigna pendant de nombreuses années à la Faculté réformée de Bâle. Après la deuxième guerre mondiale, son enseignement le conduisit à Paris et à Rome. Le temps passé à la Faculté vaudoise de Rome lui permit de nouer de nombreux contacts dans les milieux catholiques romains. Sa théologie explicite, axée sur l’histoire du salut fut également bien reçue à Rome. Son ouvrage «Saint Pierre disciple, apôtre et martyr» (1952) ouvrit la voie à un débat objectif sur un point délicat dans les relations entre les confessions.
A une époque où les contacts au plus haut niveau étaient chose rare, il fut reçu par les papes Pie XII, Jean XXIII et, surtout, Paul VI. Karl Barth lui disait en plaisantant: «Oscar, sur votre tombe on inscrira «Ci-gît celui qui conseilla tros papes’». Mais Barth pouvait bien plaisanter car, des années plus tard, lorsque les temps eurent changé, il fit lui-même des visites de haut niveau au Vatican. Cullmann fut personnellement invité à assister au Concile de Vatican II en qualité d’observateur et il fut très écouté. Ses entretiens avec Paul VI débouchèrent sur le projet de création d’un institut oecuménique à Jérusalem.
L’unité par la diversité
Cullmann s’efforçait toujours de mettre son érudition néo-testamentaire au service du mouvement oecuménique. Il contribua beaucoup à l’ouverture entre les Eglises en proposant – à l’exemple de Paul – d’inviter les différentes Eglises à entreprendre une collecte les unes pour les autres (1958). Cette proposition a, depuis, été adoptée en bien des endroits, notamment à l’occasion de la Semaine universelle de prière pour l’unité des chrétiens.
Les années passant, son intérêt se porta presque exclusivement sur le mouvement oecuménique. Dans un de ses derniers ouvrages «L’unité par la diversité» (1986) qui fut largement salué, il développait sa vision de «l’unité que nous recherchons». S’appuyant sur la Bible, il plaidait pour une forme d’unité qui serait suffisamment structurée pour permettre un témoignage commun tout en ménageant beaucoup d’espace à la diversité.
«A un âge où la plupart des gens auraient depuis longtemps renoncé à l’écriture, il continuait, infatigable, à travailler, avec d’autres, à cette idée. Ces réflexions ainsi que ses derniers travaux sur la prière sont sans nul doute son véritable legs aux Eglises», conclut Lukas Vischer. (apic/coe/ba)
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