France: Les scouts de France vont envahir les camps

Sur fond de division et de suspicion et de «label de qualité»

Paris, 13 juillet 1999 (APIC) Les scouts de France organisent jusqu’au 18 juillet un camp national, répartis en 36 sous-camps dans le Parc régional du Pilat (Loire). Plus de 800 jeunes filles et garçons de 8 à 15 ans issus de quartiers sensibles y participeront. De leur côté, les guides de France attendent 4’000 personnes du 25 au 29 juillet pour le jamboree de la branche guide (11-14 ans).

Toujours en Auvergne, le camp national de la branche Caravelle (14-17 ans) devrait rassembler, du 10 au 23 juillet, 1’500 personnes. Fort diversifié, le scoutisme français est également divisé. Au moins en ce qui concerne sa branche catholique. Une division d’autant plus remarquée que le scoutisme français, tous mouvements confondus, ne touche que 2 à 3 % des jeunes. Etat des lieux.

Premier mouvement scout de France avec 110’000 adhérents âgés de 8 à 21 ans et encadrés par 20’000 adultes, les scouts de France étaient 25’000 garçons et filles à se retrouver lors de leur 3° jamboree national, du 25 au 30 juillet 1997. Mouvement scout catholique féminin, les guides de France ont fêté l’an dernier leur 75e anniversaire et regroupent 25’000 jeunes filles. Six mouvements seulement sont agréées à la fois par l’Organisation Mondiale du Mouvement Scout (OMMS) et par le ministère de la jeunesse et des sports. Ce sont, outre les scouts de France et les guides de France, les éclaireuses et éclaireurs de France, mouvement laïc de 34’000 adhérents et 400 groupes locaux; les éclaireuses et éclaireurs israélites de France, mouvement ouvert à tous les jeunes juifs, de 3’000 adhérents ; les éclaireuses et éclaireurs unionistes de France, mouvement membre de la Fédération protestante de France de 8’000 adhérents; les scouts musulmans de France, destinés aux jeunes issus de l’immigration, 1’500 adhérents.

Ces six associations ont publié le 21 juin une déclaration commune qui fait l’inventaire de leurs valeurs communes: ouverture à tous les jeunes sans discrimination de religion, d’origine sociale, ouverture au monde, respect des règles de la démocratie.

Elles s’engagent par ailleurs à respecter les normes de sécurité. Tel n’avait pourtant pas été le cas l’an passé, à Perros Guirec. Un groupuscule intégriste, membre d’une association dite «Association des scouts catholiques», y organisait un camp de voile qui s’est terminé tragiquement avec la noyade de quatre adolescents et d’une personne venue à leur secours. Le procès de leur éducateur, l’abbé Cottard, aura du reste lieu en décembre prochain. Les Scouts de France voudraient instaurer un label scout qui permettrait de distinguer les scouts «fréquentables» et les autres. En effet, sur 80 associations appelées scouts, 40 sont des associations locales à vocation culturelle et de loisir, «sans danger». Ce qui n’est pas le cas pour d’autres, accusés d’être liés à l’intégrisme ou à l’extrême droite. D’ou l’idée de ce label scout qui garantirait aux parents la sécurité physique, affective et morale de leurs enfants. Ce projet n’a pas abouti à ce jour. Il suppose à terme une protection juridique du terme scout et donc une loi afférente. Un groupe de 80 députés et sénateurs anciens scouts y travaillent.

En septembre 1998, dans sa lettre apostolique aux responsables de la Conférence internationale catholique du scoutisme, le pape écrivait: «Il serait aussi particulièrement significatif que l’unité du mouvement scout, parfois brisée dans le passé; se réalise au cours du grand Jubilé». En mai 1999, Mgr Georges Soubrier, président du Comité épiscopal Enfance Jeunesse appelait à son tour à «une collaboration harmonieuse» entre les scouts catholiques. Des vœux pieux, guère susceptibles d’être entendus.

Faire l’unité ente les scouts de France et les scouts d’Europe ? Jean-Marie Montel, directeur de la communication des scouts de France, fait une moue dubitative «Fondamentalement, nos objectifs éducatifs ne sont pas les même. Nous, nous inscrivons dans l’esprit de Vatican II qui veut que les chrétiens s’engagent dans la cité. Eux ont toujours la volonté de former une élite catholique qui aiderait notre société supposée moribonde à se redresser. Ils ont longtemps assuré le service d’ordre des intégristes de St-Nicolas du Chardonnet. Aujourd’hui encore, une fraction non négligeable est traversée par des courants d’extrême droite», explique-t-il.

Les scouts d’Europe, mouvement de 30’000 adhérents, ont été mis en cause, en novembre dernier, par l’utilisation dans la région Provence d’un fichier des Scouts d’Europe au profit de la Serp, une maison d’édition d’extrême droite, et du journal «Français d’abord», du Front national. Depuis, une enquête administrative est en cours. L’affaire Perros Guirec leur a en outre fait de l’ombre puisque, depuis, ce mouvement a perdu 2’000 adhérents, soit près de 7% des effectifs. Une crise symbolisée également par le remplacement du président et de trois commissaires généraux. «Ils sont d’abord catholiques avant d’être scouts et leur principal but est de propager la foi catholique. L’article 1.33 des statuts de l’Union internationale des guides et scouts d’Europe explique que «Nul ne peut prononcer la promesse scout ou guide s’il n’est pas baptisé». Ce faisant, il ferme leurs portes aux non-catholiques», regrette Jean-Marie Montel, qui voit là une contradiction fondamentale avec les fondements du scoutisme définis par Baden Powel lui-même. (apic/jcn/pr)

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