Dans une lettre publiée sur le site de l’ordre des jésuites, le Père Général des jésuites Arturo Sosa exprime le trouble causé par le départ de François, mais aussi le «profond sentiment de gratitude» envers Dieu «pour la manière dont le pape François a su guider l’Église durant son pontificat». Il l’a fait en communion et en continuité avec ses prédécesseurs, précise le Père Sosa, guidé par l’esprit et les lignes directrices de Vatican II et par le désir de les mettre en pratique.
Issu du même ordre et du même continent que le pape François, le Père Arturo Sosa, un Vénézuélien, est un grand connaisseur de ce qui fut la spiritualité du pape et un familier de son approche culturelle. Vivant à deux pas de chez lui, à la Curie générale de la Compagnie de Jésus, il a eu l’occasion de le rencontrer à plusieurs occasions.
«Le pape François est resté attentif à ce qui se passe dans le monde pour offrir une parole d’espoir à tous. Ses extraordinaires encycliques Laudato Si’ et Fratelli tutti révèlent non seulement une analyse lucide de l’état de l’humanité, mais, à la lumière de l’Évangile, elles proposent également des pistes pour éliminer les causes de tant d’injustices et promouvoir la réconciliation.»
Le supérieur général des jésuites souligne encore l’importance accordée au dialogue par le pape François tout au long de son pontificat, que ce soit sur le plan politique, religieux ou culturel. Le dialogue était pour François un outil de paix et de stabilité sociale, permettant de créer des environnements de compréhension mutuelle, de prendre soin les uns des autres et de se soutenir dans la solidarité.
«En de nombreuses occasions, nous avons écouté ses paroles, sa réflexion pastorale et nous avons admiré son activité infatigable, alors qu’il proposait des initiatives ou se joignait à celles d’autres personnes, toujours convaincu de la valeur de la parole et de la rencontre», témoigne Arturo Sosa.
«Comment oublier l’extraordinaire moment de prière qu’il a lui-même appelé de ses vœux face à l’urgence du coronavirus, en mars 2020, sur une place Saint-Pierre vide? Ou la préoccupation constante pour la paix face à l’intolérance et aux guerres qui menacent la coexistence internationale et génèrent des souffrances indicibles parmi les plus démunis? Ou encore l’empathie de son cœur pour l’immense flux de personnes déplacées de force dans le monde, en particulier celles qui sont contraintes de traverser la Méditerranée au péril de leur vie?»
L’importance de marcher ensemble, évêque et peuple, et la centralité de la prière, «en particulier celle de l’intercession» ont été les «deux dimensions clés du ministère» de François, affirme le jésuite.
«L’importance accordée au développement du Synode des évêques et l’attention portée à la synodalité en tant que dimension constitutive de l’Église illustrent de manière frappante ce ›chemin ensemble’, poursuit-il. Cela ne diminue en rien la primauté de Pierre ou la responsabilité épiscopale; au contraire, cela permet de l’exercer avec la participation consciente de tous les baptisés», commente le Père Sosa.
«Le pape n’a cessé de rappeler que la prière naît de la confiance en Dieu.»
Tout au long de son pontificat, le pape n’a cessé de rappeler que la prière naît de la confiance en Dieu et de la familiarité avec Lui. «Lorsqu’il s’adressait à nous, ses confrères jésuites, il insistait toujours sur l’importance de réserver dans notre vie-mission un espace suffisant pour la prière et l’attention à l’expérience spirituelle.»
Et de citer une lettre que le pape lui avait adressée le 6 février 2019, dans laquelle il approuvait et appuyait officiellement les nouvelles orientations de la Compagnie de Jésus, exprimées par les Préférences apostoliques universelles.
François avait alors souligné un élément essentiel de l’identité jésuite: se faire un serviteur de la joie de l’Évangile. «L’appel à la joie qui vient du Crucifié-Ressuscité et de son Évangile (…) a été un trait constant du pontificat du pape François. Ce n’est pas un hasard si nombre de ses documents magistériels, à commencer par l’exhortation apostolique Evangelii Gaudium qui a donné le ton à son pontificat, ont même dans leur titre cette référence à la joie profonde qui était pour lui quelque chose d’indispensable.» (cath.ch/com/lb)
Lucienne Bittar
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/lhommage-du-superieur-general-des-jesuites-au-pape-francois/