À la rencontre du «curé de Saint-Pierre»

À 57 ans, le Père Agnello Stoia a une mission unique en son genre: il est le curé de la basilique Saint-Pierre. Il célèbre à ce titre des centaines de baptêmes et de mariages du monde entier, sans avoir techniquement aucun paroissien sur son territoire.

Anna Kurian, IMEDIA

«Techniquement, je n’ai pas de paroissiens, puisque ma paroisse n’a pas de territoire en-dehors de la basilique et de la place Saint-Pierre», confie le Père Agnello Stoia. Mais le pasteur franciscain considère toute personne qui entre à Saint-Pierre comme sa brebis. «Tous les jours viennent des milliers de personnes, et j’accueille tout le monde», assure-t-il, offrant un large sourire entre deux conversations téléphoniques sur son portable assailli d’appels.

Dans son bureau orné de tableaux et icônes orientales, le franciscain à la barbe fournie enchaîne les rendez-vous. «Ici, c’est un mouvement continuel», glisse-t-il avant de se lever, battant les pavés pour accueillir à bras ouvert un confrère orthodoxe venu avec quelques ouailles. Et de les conduire au tombeau de saint Pierre, assurant au groupe de pèlerins: «Vous êtes ici chez vous.»

Une mission unique en son genre

Être curé de Saint-Pierre, reprend le prêtre après l’interruption, «c’est être curé d’une église unique en son genre». La basilique Saint-Pierre, souligne-t-il, c’est «avant tout un monument sur la tombe d’un apôtre». «Il est inutile de combattre cette réalité: l’édifice a été construit comme un monument de cimetière, où sont enterrés des papes, des reines», ajoute-t-il.

«La basilique Saint-Pierre, c’est avant tout un monument sur la tombe d’un apôtre.»

Saint-Pierre est aussi «un sanctuaire où accourent des personnes du monde entier» pour y chercher «une grâce particulière», poursuit le curé. Il rappelle la dimension du pèlerinage comme constitutive de la basilique vaticane depuis des temps immémoriaux. «Certaines personnes, en venant à Saint-Pierre font le voyage de leur vie, elles ont fait des efforts pour mettre de côté de l’argent afin de se payer le déplacement.» Pour lui, «tout dans la basilique doit répondre à cette exigence du pèlerin de trouver un climat de prière, de se recueillir, de se confesser, d’écouter la messe, de faire bénir les objets sacrés qu’il a achetés, de rencontrer un prêtre».

Basilique Saint-Pierre | © Maurice Page

Près de 400 baptêmes par an

Le curé de Saint-Pierre n’a pas de vicaire, mais collabore avec deux sœurs missionnaires de la foi en poste à la réception de la paroisse. Ces religieuses originaires du Vietnam et du Myanmar assurent notamment l’accueil de ceux qui demandent à célébrer un baptême ou un mariage à Saint-Pierre. Leur chiffre est conséquent. «En 2024 nous avons célébré plus de 390 baptêmes et plus de 90 mariages de nombreux pays», rapporte le Père Stoia.

À condition de motiver sa requête, quiconque peut demander à célébrer ces sacrements dans la basilique du pape, qui est finalement la paroisse du monde entier. Ce qui signifie un emploi du temps chargé pour son curé. «En temps normal, vous me voyez courir dans la basilique avec une étole», plaisante-t-il.

À son service ordinaire, se sont ajoutées cette année toutes les sollicitations liées au Jubilée 2025. Ainsi il arrive que le Père Stoia assiste des groupes pour le passage de la Porte sainte ou bien délivre une catéchèse aux pèlerins. «Une belle vie pastorale», conclut-il, serein. (cath.ch/imedia/ak/rz)

Agnello Stoia est né à Pagani, dans la province de Salerne, au sud de Naples, et a grandi au sein d’une famille nombreuse. C’est auprès du couvent franciscain de Nocera Inferiore qu’il ressent sa vocation à la vie religieuse. Après des études à Bénévent et à Rome, il est ordonné prêtre en 1993 et envoyé au sanctuaire San Francesco a Folloni, à Montella, dans le sud de l’Italie.
Il reste 19 ans dans les montagnes des Apennins avant d’être nommé curé de la paroisse Santi XII Apostoli, dans le centre de Rome. Durant ses huit ans dans cette église animée par les franciscains, il s’illustre notamment en accueillant une centaine de personnes expulsées d’un immeuble à Cinecittà, qui campent pendant neuf mois sous le portique.
En 2021, il est nommé curé de Saint-Pierre, un rôle peu connu, institué depuis le XVIe siècle et précisé par Jean Paul II, qui créa en 1991 le vicariat du Vatican – aujourd’hui dirigé par le cardinal franciscain Mauro Gambetti – comptant deux paroisses. La paroisse Sainte-Anne a juridiction sur toute la Cité du Vatican, à l’exception de la superficie de la basilique Saint-Pierre, érigée comme une paroisse à part entière. AK

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