«Dès l’automne 1955, non seulement le haut clergé français connaissait la face noire et la dangerosité de l’Abbé Pierre mais le Saint-Siège aussi.» Telles sont les affirmations des journalistes Marie-France Etchegoin et Laetitia Cherel dans le livre L’Abbé Pierre, la fabrique d’un saint (Allary Éditions), rapporte le journal La Croix.
«L’affaire Abbé Pierre» a éclaté en juillet 2024, après les révélations de plusieurs femmes accusant le prêtre, de son vrai nom Henri Grouès, de les avoir agressées sexuellement. D’autres témoignages sont apparus dans les mois suivants, décrivant des agissements de plus en plus graves, concernant également des filles mineures.
Dans ce sillage, la question de ce que les autorités ecclésiastiques savaient et auraient pu faire pour l’empêcher de nuire s’est posée à plusieurs reprises. Certains rapports ont souligné une probable connaissance des faits de la part de l’épiscopat français de l’époque. Mais beaucoup d’interrogations pèsent encore sur le Vatican. Le pape François lui-même avait indiqué que Rome savait depuis au moins 2007, date du décès de l’Abbé Pierre.
Les autrices du livre sorti le 17 avril 2025 font apparaître des autorités vaticanes globalement inactives face aux agissements du fondateur d’Emmaüs. Leurs thèses sont basées sur des archives, notamment du dicastère pour la Doctrine de la foi. Elles expliquent qu’une procédure judiciaire aurait été lancée en 1955 par la curie romaine. Mais que celle-ci a été «freinée par les évêques en France, vite refermée et enterrée deux ans plus tard, en 1957».
Une réunion plénière de la Suprême congrégation du Saint-Office sur le cas de l’Abbé Pierre aurait eu lieu en mars 1957. De nombreux courriers d’alerte sur la dangerosité du prêtre, de diverses provenances, y auraient été discutés. (cath.ch/cx/arch/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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