En octobre 2024, l’artiste et militant Rafał Betlejewski a lancé une pétition en Pologne demandant que le sacrement de confession, un «vestige du Moyen-Âge», ne puisse plus être donné aux mineurs. Les pétitionnaires estiment que la confession «confronte prématurément les mineurs aux notions de bien et de mal» et serait vécue par les enfants comme une expérience traumatisante et humiliante. Elle souligne, de plus, que le sacrement est pratiqué par des hommes célibataires, sans formation psychologique adéquate.
La pétition, qui a recueilli 13’000 signatures, a été présentée début janvier 2025 à la chambre basse du Parlement, la Sejm. Disposant d’un délai de trois mois pour examiner la proposition, le Parlement ne s’est pas encore prononcé. Une précédente pétition avait été présentée au Parlement polonais en 2023, mais elle avait été rejetée pour non-respect des exigences formelles.
Du côté de l’Église catholique du pays, les réactions à l’encontre de ce texte «absurde» n’ont pas manqué. L’importance du sacrement de la confession pour toute personne qui le demande, qu’elle soit jeune ou non, a notamment été soulignée par l’archevêque de Varsovie, Mgr Adrian Galbas, et par Mgr Stanisław Gądecki, président de la conférence épiscopale polonaise de 2014 à 2024 et actuel archevêque de Poznań.
«Il est difficile de comprendre que dans une culture chrétienne, où la confession existe depuis près de deux mille ans, quelqu’un propose soudainement de l’interdire aux enfants», a déclaré ce dernier. Mgr Gądecki a précisé que les fidèles ont besoin des sacrements pour progresser dans leur formation spirituelle, à chaque étape de leur vie, et non seulement à partir de 16 ou 18 ans.
Pour ces représentants de l’Église polonaise, la pétition de Rafał Betlejewski ramène la société au temps de l’ère soviétique et de la répression qu’avait alors connue l’Église.
Établi depuis 20 ans en Suisse, le prêtre polonais Slawomir Kawecki, curé modérateur de l’UP Arve et Lac, à Genève, et ancien directeur de la Mission polonaise en Suisse, partage ces avis, sans toutefois s’inquiéter plus que de mesure. Ce type d’action, auquel le Parlement ne donnera pas suite selon lui, s’inscrit dans un courant de gauche post-communiste, qui a tendance à s’en prendre à l’Église par des généralisations abusives. «On attaque sans nuance l’ensemble de l’institution et non les personnes qui la composent.»
Le sacrement de confession ne serait-il pas culpabilisant pour les plus petits, et du coup traumatisant? «Les enfants sont bien plus intelligents qu’on le croit et sont capables très jeunes de discerner entre le bien et le mal», rétorque le curé de la paroisse de Collonge-Bellerive. «La confession les libère au contraire, elle leur permet d’aller de l’avant et ne les met pas en accusation. Ce serait culpabilisant! Les enfants d’aujourd’hui sont soumis à des informations et images bien plus traumatisantes.»
L’examen de conscience que propose la confession est adaptable à tous les âges, ajoute-t-il. «Bien sûr, il y a parfois des prêtres rigides, mais ce n’est de loin pas la majorité des prêtres polonais. Le diocèse de Varsovie veille aujourd’hui à leur formation.»
Pour l’abbé Slawomir Kawecki, ces débats détourneraient l’opinion publique des vrais problèmes, d’ordre économique et politique. Depuis 2023, après une vingtaine d’années de croissance économique, la courbe s’est mise à stagner en Pologne. Au même moment, on a assisté à la fin de la gouvernance du parti ultraconservateur Droit et Justice (PiS) et à l’arrivée au pouvoir de Donal Tusk en décembre 2023. Et avec la guerre en Ukraine, les dépenses militaires du pays ont augmenté de 4 % l’an passé. De quoi diviser un peu plus la société polonaise. (cath.ch/zenit/ag/lb)
Lucienne Bittar
Portail catholique suisse
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