Des responsables catholiques philippins saluent l’arrestation de R. Duterte

Des organisations et personnalités catholiques des Philippines ont salué le transfert de l’ancien président Rodrigo Duterte à la Cour pénale internationale (CPI). Une démarche vue comme nécessaire dans une perspective de réparation et de réconciliation.

L’ancien président des Philippines, Rodrigo Duterte, a été envoyé par avion à La Haye, aux Pays-Bas, après avoir été arrêté à Manille le 11 mars 2025. Il faisait l’objet d’une plainte devant la Cour pénale internationale (CPI) pour le meurtre de milliers de Philippins dans le cadre de sa guerre contre la drogue, alors qu’il dirigeait le pays, de 2016 à 2022.

Un appel moral à la justice et à la liberté

Les associations de défense des droits de l’homme et les organisations religieuses estiment qu’entre 12’000 et 30’000 personnes, pour la plupart des pauvres soupçonnés de trafic de drogue provenant de ghettos sordides et des bas-fonds de ce pays à majorité catholique, ont été tuées sous le régime de Rodrigo Duterte.

Dans un communiqué, la branche justice sociale de la Conférence des Supérieurs Majeurs des Philippines (CMSP) a déclaré que l’arrestation de l’ancien chef d’État était «une étape cruciale pour répondre aux innombrables violations des droits de l’homme commises sous son administration», relaye le média américain Crux.

«La paix véritable ne peut émerger que lorsque les torts du passé sont reconnus et que les responsables doivent rendre des comptes. Le mandat de la CPI de Duterte n’est pas seulement une question juridique – c’est un appel moral à la justice et à la vérité», a déclaré la CMSP.

Une politique «violant le droit fondamental à la vie»

Dans une déclaration séparée, la branche d’action sociale de la Conférence des évêques catholiques des Philippines s’est félicitée des derniers développements en rapport avec Rodrigo Duterte. «Pendant des années, l’ancien président a prétendu qu’il était prêt à faire face aux conséquences de ses actes. Le moment est venu pour lui de le prouver», a déclaré l’évêque Jose Colin Bagaforo, président de Caritas Philippines.

L’organisation a souligné que, d’après des témoignages récents, les meurtres liés à la guerre contre la drogue étaient pleinement autorisés par l’ancien président. «Ces assassinats n’étaient pas fortuits, ils faisaient partie d’une politique qui violait le droit fondamental à la vie», a déclaré l’évêque Gerardo Alminaza, vice-président de Caritas. «Les familles des victimes méritent la vérité, des réparations et la justice. En tant que nation, nous devons veiller à ce que de tels crimes ne se reproduisent plus jamais.»

Mauvaise relation avec l’Église

Le Mouvement populaire pour la destitution, un nouveau groupe anti-Duterte dont les membres comprennent des prêtres catholiques et des pasteurs protestants, a également salué le mandat d’arrêt de la CPI à l’encontre de l’ancien président.

Rodrigo Duterte a toujours entretenu une relation conflictuelle avec l’Église catholique. Candidat à la présidence, il avait traité le pape François de «fils de p…» pour avoir provoqué des embouteillages lors de son voyage aux Philippines en 2015. Président, il avait qualifié Dieu de «stupide» pour avoir permis à Adam et Ève de pécher. Il a également menacé de tuer des évêques et des prêtres qu’il qualifiait de toxicomanes. (cath.ch/crux/arch/rz)

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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