La RKZ «regrette» le retour de Jean Scarcella dans sa charge d’Abbé

«Nous regrettons que l’Abbé Jean Scarcella ait décidé de reprendre ses fonctions», ont fait savoir Roland Loos et Urs Brosi, président et secrétaire général de la Conférence centrale catholique romaine de Suisse (RKZ), le 12 mars 2025.

Selon eux, le retour de Jean Scarcella au sein de la Conférence des évêques (CES) porterait atteinte à la crédibilité des mesures que la CES, la RKZ et la KOVOS (communautés religieuses) ont prises pour prévenir les abus.

«Au vu des informations disponibles publiquement sur l’Abbé et différents membres de l’abbaye de Saint-Maurice dans le Bas-Valais, nous regrettons que l’Abbé Jean Scarcella ait décidé de reprendre ses fonctions», indique le communiqué initialement publié par le Pfarrblatt de Berne, signé de Roland Loos et Urs Brosi, respectivement président et secrétaire général de la RKZ.

«D’une part, de nombreuses personnes, surtout en Suisse romande, sont désagréablement touchées par l’effacement des responsabilités», indique le communiqué. «D’autre part, le fait que l’Abbé Scarcella redevienne membre de la Conférence des évêques suisses porte atteinte à la crédibilité des mesures que la Conférence centrale et la KOVOS prennent avec beaucoup d’engagement contre les abus».

Le 17 octobre 2024, la procureure générale du canton du Valais, Béatrice Pilloud, a ordonné la suspension de diverses procédures expressément en raison de la prescription et non parce que les reproches seraient infondés. Elle l’a d’ailleurs exprimé dans des interviews, argumentent encore les responsables de la RKZ.

Enquête préliminaire

La Conférence des évêques suisses (CES) avait annoncé le 10 septembre 2023 qu’une enquête ecclésiastique préliminaire avait été ouverte suite à des soupçons d’abus sexuels et leur dissimulation par des membres de la Conférence des évêques suisses, expliquait Jean Scarcella au moment de son retrait, le 13 septembre. Le Dicastère pour les évêques, à Rome, avait ordonné une enquête préliminaire et désigné Mgr Joseph Bonnemain, évêque de Coire, comme directeur de l’enquête.

Le rapport du Dicastère pour les évêques, publié le 18 octobre 2024, visant les évêques avait mentionné des «erreurs», mais pas de «fautes». Concernant Jean Scarcella, le rapport avait conclut qu’«il n’existe pas de preuve d’abus ou de harcèlement au sens propre dans le cas concerné».

Fonction de direction depuis 2009 à l’Abbaye

«Si l’Abbé Jean Scarcella interprète la décision juridique d’abandonner les poursuites contre lui et ses confrères dans le sens d’une absence d’objection morale, il est difficile de le comprendre, surtout de la part d’un homme d’Église. Depuis 2009, il occupe une fonction de direction dans la vénérable abbaye, (celle de prieur NDLR) dont il est l’Abbé depuis 2015. Il porte donc inévitablement une responsabilité pour ce qui se serait passé durant ces années», ajoute le communiqué.

Le président et le secrétaire général de la RKZ confirment leur engagement, avec les évêques et les communautés religieuses de Suisse, à l’encontre des abus au sein de l’Église. «Nous réaffirmons de notre côté ce que les évêques suisses ont également affirmé aujourd’hui, à savoir que nous poursuivrons avec détermination notre engagement pour la mise en œuvre de mesures de prévention et d’intervention dans le domaine des abus sexuels. Nous apprécions tout particulièrement d’avoir pu collaborer de manière très intensive et constructive avec la Conférence des évêques et la KOVOS au cours des derniers mois et d’être aujourd’hui sur cette voie ensemble.»

Pas d’autres informations

La CES a réagi de son côté le 11 mars au retour de Jean Scarcella comme Abbé de St-Maurice, se limitant à indiquer que «le Dicastère pour les évêques n’a pas indiqué pour son aval d’autre raison que le respect du cadre légal. Comme la justice suisse, celle de l’Église respecte les principes juridiques d’un État de droit. Le Ministère public du Valais avait motivé sa non-entrée en matière par l’impossibilité d’établir les faits ainsi que par la prescription. Hormis ces éléments, les membres de la CES n’ont pas d’autres informations sur l’aval donné par le Dicastère et ne peuvent donc fournir d’autres explications.» La CES continue à s’engager pour la mise en œuvre des mesures de prévention et d’intervention dans le domaine des abus, conclut le message. (cath.ch/com/bh)

Bernard Hallet

Portail catholique suisse

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