«Quel avenir voulons-nous pour nos paroisses et notre Eglise?», s’est interrogé Yves Crettaz, agent pastoral pour le diocèse de Sion et directeur de l’agence de communication Imani. Il a proposé d’apporter une réponse à cette question qui «le taraudait» en lançant une enquête sur les cinq paroisses que compte le Val d’Anniviers.
Les résultats de l’enquête, menée par Yves Crettaz, sur la vision plutôt négative qu’avaient les fidèles sur leurs paroisses dans le Val d’Anniviers, en Valais, ont néanmoins permis d’aller de l’avant. Ravis d’avoir été consultés, les fidèles, mais aussi la population, ont émis plusieurs idées pour améliorer la vie paroissiale dans la vallée.
Yves Crettaz a proposé un sondage à travers un tout-ménage distribué dans 700 boîtes aux lettre. Il a également mené 25 entretiens individuels avec notamment les autorités, des non-pratiquants, des membres de sociétés sportives ou encore des entreprises locales. Yves Crettaz a complété ces consultations par une séance ouverte à tous.
Un constat s’impose: «les Anniviards sont profondément attachés à leur Église, qu’elle soit culturelle ou spirituelle. Lors des entretiens, chaque personne a exprimé sa reconnaissance pour ce travail et a particulièrement apprécié le fait d’être écoutée quant à ses besoins spirituels», souligne Yves Crettaz à l’issue de deux mois d’enquête. Les réponses au questionnaire montrent clairement qu’il n’existe pas de désintérêt de la part des Anniviards envers la spiritualité, ajoute le responsable du projet.
Les mauvaises relations pastorales (30%), le manque de dynamisme et d’attrait paroissial (28%) et les enseignements spirituels (14%) sont pointés du doigt par la majorité des participants à l’enquête. Ces derniers mettent aussi en cause les horaires des célébrations et les relations communautaires, respectivement à 12% et 7%.
Dans le même temps, les sondés disent «ne pas s’impliquer activement dans leur paroisse» à 47%. Ils reconnaissent ne «jamais» aller à la messe (12%), uniquement «lors des grandes fêtes» (42%), ou «de temps en temps» (20%), soit une large majorité de personnes qui ont perdu lien avec leur paroisse.
L’enquête précise également que 45% des participants ne vont pas à la messe en Anniviers, soit parce qu’ils sont non pratiquants (22%), soit qu’ils vont à la messe dans une autre paroisse (23%). Ce point illustre aussi la mobilité des croyants qui ne sont plus forcément attachés à leur paroisse d’origine, surtout lorsqu’ils travaillent ou étudient dans une autre région.
Plus préoccupant, seuls 15% des sondés estiment que la joie de la foi est vécue en paroisse. Ils sont 50% à penser le contraire.
Enfin, le sondage pointe un blocage entre les fidèles qui souhaitent à 40% un rapprochement interparoissial – une meilleure coordination horaire des messes entre paroisses – tandis que 30% s’y opposent. Cela démontre d’une part un fort attachement des Anniviards à leur paroisse d’origine et d’autre part l’émergence d’une vision moderne de centre paroissial, indique l’analyse.
Logiquement, dans un autre questionnaire les participants ont «rêvé» de plus d’animations et de dynamisme (25%), de l’implication des jeunes et des familles dans la célébration de la messe (18%) et d’une meilleure coordination entre les paroisses de la vallée (17%) ainsi qu’une meilleure collaboration interparoissiale.
«Beaucoup expriment le souhait de vivre des messes plus festives et animées, s’inspirant du style des célébrations de louange», observe Yves Crettaz. Il suggère qu’«en intégrant davantage les familles dans la préparation et l’animation des célébrations, on pourrait renforcer l’esprit communautaire et apporter une dimension plus vivante et engageante aux liturgies».
Les résultats du sondage mettent en évidence un désir clair de la part des répondants d’avoir une meilleure implication du prêtre dans les sociétés locales, qu’elles soient culturelles, musicales ou sportives, ainsi qu’une proximité renforcée avec les fidèles. Les termes «écoute», «partage» et «confiance» sont particulièrement ressortis, reflétant des attentes fortes envers les prêtres dans ces domaines.
Les résultats des entretiens individuels, note l’enquête, sont largement convergents. Un point majeur qui ressort de ces entretiens est que les fidèles expriment un besoin de simplification et de compréhension des homélies. Ils souhaitent que ces dernières soient courtes, et avant tout ‘transformantes’, ajoute Yves Crettaz.
Plusieurs idées récurrentes ont émergé durant les entretiens et la séance ouverte, qui montrent clairement le besoin d’évoluer sans faire table rase du passé, mais plutôt en s’engageant dans la paroisse.
A la suite de l’étude, des initiatives ont été prises pour mettre en œuvre quelques unes des propositions avancées durant les entretiens. Sans surprise, on trouve des recours aux problématiques dont souffre actuellement beaucoup de paroisses: Absence du curé aux événements villageois, manque de communication, notamment sur l’agenda des messes, une gouvernance encore trop verticale de la paroisse, solitude du prêtre, le manque de lien entre la paroisse et la société et des jeunes quasiment absents des paroisses.
Plusieurs paroissiens ont émis l’idée d’épauler le curé, pourvu qu’il consente à déléguer certaines tâches. Que la paroisse fasse appel à des bénévoles en fonction de leurs compétences de sorte qu’ils apportent un nouveau dynamisme avec une nouvelle manière de faire. Beaucoup d’idées reviennent à recréer du lien entre la paroisse et les fidèles et, plus largement, la société , de manière moins officielle et plus joyeuse.
Concernant la paroisse, des suggestions telle que la mise en place de la quête numérique – avec un code QR –, l’organisation de l’apéritif d’après-messe, ou la centralisation de certaines messes ont émergé. La tenue de célébrations paroissiales avec les événements proposés par Anniviers Tourisme, tels que le marché culinaire de Chandolin ou encore les Fééries à Grimentz est une autre proposition.
Il s’agit de passer d’une Eglise de maintenance à une Eglise missionnaire. «De nombreuses personnes sont prêtes à se mettre au service, elles n’attendent qu’une petite étincelle pour allumer cette flamme qui brûle en elles», conclut Yves Crettaz. (cath.ch/bh)
Bernard Hallet
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