Dans son discours inaugural à Nazareth, Jésus a ouvert le livre et lu dans le prophète Isaïe «La Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres». Au terme de sa lecture, il a simplement dit: «Aujourd’hui s’accomplit cette Parole!». Ensuite, il a rencontré et guéri des blessés de la vie.
Dans l’évangile de Luc, Jésus prononce les béatitudes. Il s’adresse à de petites gens venues de tous les horizons et a pour eux une bonne nouvelle. Jésus met chacun devant le chemin du bonheur, nous invitant à discerner de quoi notre vie est faite, nous reconnaître heureux ou malheureux et désirer que notre prochain puisse lui aussi se reconnaître comme heureux.
«Le mot «heureux», dans les langues sémitiques, n’est pas une réalité statique, mais dynamique»
Quand sommes-nous heureux? N’est-ce pas quand nous vivons des réalités de l’ordre des relations, de l’accueil et du don? N’est-ce pas quand nous avons le bonheur de vivre l’hospitalité: partager un repas, marcher ensemble, aider un autre à se relever? Jésus peut dire «heureux, vous les pauvres» car un bonheur les habite: bonheur du cœur ouvert et confiant, de celui qui est libre car il n’est pas attaché à des avoirs.
Le mot «heureux», dans les langues sémitiques, n’est pas une réalité statique, mais dynamique. C’est l’allégresse de celui qui se met en route, en chemin; ce bonheur d’être en marche vers un horizon ouvert.
Dans l’Évangile de Luc, les béatitudes s’adressent à des gens qui sont effectivement pauvres – et pas seulement «en esprit» – et qui ont réellement faim – et pas seulement «de justice». à ceux-là leur est promis un renversement de situation – cher à saint Luc –qui est souligné par le balancement «heureux êtes-vous» et «malheureux êtes-vous», que l’on devrait traduire par «hélas» ou «quel dommage pour vous!».
«Dieu, comme une mère, aime chacun et spécialement le plus fragile: il le veut libre et debout»
Dieu, comme une mère, aime chacun et spécialement le plus fragile: il le veut libre et debout. Il se fait tout écoute au pauvre qui crie vers lui. Être pauvre et crier vers Dieu ont même racine en hébreu: la brèche se fait ouverture vers Dieu qui écoute, relève et fait Alliance avec lui.
Quant au riche, ses biens lui ôtent toute «faim de Dieu». Enfermé dans ses bonheurs temporels qui le rassasient de façon illusoire, il risque progressivement de se passer de Dieu. Il mise trop bas, oubliant que Dieu seul est capable de combler l’appétit de bonheur infini qui est en lui. Il est «trompé» par son argent.
A ceux-là, Jésus dit: «Malheureux vous les remplis, les gavés [traduit par riches]: vous avez votre consolation». Ce n’est ni une malédiction ni une condamnation, juste une constatation: quel dommage d’être fermé aux vraies valeurs.
«Le bonheur promis par Jésus est à la fois déjà là, aujourd’hui, et il sera comblé dans le ciel»
Le bonheur promis par Jésus est à la fois déjà là, aujourd’hui: «heureux vous …, le Royaume de Dieu est à vous», et il sera comblé dans le ciel. La foi–confiance en ce Dieu d’amour ouvre le cœur et met en route vers l’accomplissement de la promesse.La relation de foi–confiance avec le Christ remplit d’une joie mystérieuse et profonde.
La vie en Christ, au cœur-même de l’épreuve, est promesse de grande joie et d’allégresse dans le ciel. Béatitude, promesse d’éternité qui ouvre et rassasie aujourd’hui le désir profond de l’homme… Jésus nous ouvre un chemin du bonheur… dans la joie d’être donné aux autres.
Sœur Nicole Lechanteur | Vendredi 14 février 2025
Lc 6, 17.20-26
En ce temps-là,
Jésus descendit de la montagne avec les Douze
et s’arrêta sur un terrain plat.
Il y avait là un grand nombre de ses disciples,
et une grande multitude de gens
venus de toute la Judée, de Jérusalem,
et du littoral de Tyr et de Sidon.
Et Jésus, levant les yeux sur ses disciples, déclara :
« Heureux, vous les pauvres,
car le royaume de Dieu est à vous.
Heureux, vous qui avez faim maintenant,
car vous serez rassasiés.
Heureux, vous qui pleurez maintenant,
car vous rirez.
Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent
et vous excluent,
quand ils insultent
et rejettent votre nom comme méprisable,
à cause du Fils de l’homme.
Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie,
car alors votre récompense est grande dans le ciel ;
c’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les prophètes.
Mais quel malheur pour vous, les riches,
car vous avez votre consolation !
Quel malheur pour vous qui êtes repus maintenant,
car vous aurez faim !
Quel malheur pour vous qui riez maintenant,
car vous serez dans le deuil et vous pleurerez !
Quel malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous !
C’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes. »
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