Dans sa lettre aux évêques américains, rendue publique le 11 février, le pape François critique les expulsions massives de migrants qui ont suivi la nouvelle politique migratoire instaurée aux États-Unis par le président Trump (sans nommément le citer néanmoins). Il dénonce une idéologie qui «impose la volonté des plus forts comme critère de vérité».
Directeur du Service fédéral des douanes et de l’immigration (Immigration and Customs Enforcement: ICE), Tom Homan, un «catholique pratiquant» comme il se définit lui-même, a aussitôt réagi à ces critiques. Il a insisté sur son propre droit de critiquer ce qu’il considère être une ingérence du Vatican dans les affaires politiques américaines: «Je dis cela en tant que catholique pratiquant – j’ai été baptisé catholique, j’ai fait ma première communion et ma confirmation en tant que catholique. Il [le pape] devrait réparer l’Église catholique, se concentrer sur son travail et nous laisser nous occuper de la sécurité des frontières.»
Le responsable américain a ensuite fait une analogie entre les murs du Vatican et ceux qui se bâtissent aux États-Unis: «Il veut nous attaquer parce que nous sécurisons notre frontière? Le Vatican n’a-t-il pas un mur autour de lui? Il a un mur pour protéger son peuple et lui-même, mais nous, nous ne pourrions pas avoir un mur autour des États-Unis?»
Thomas Homan est un partisan de la ligne dure en matière d’immigration. Il préconise la déportation des immigrants illégaux et s’oppose aux politiques des villes sanctuaires. En 2014, sous l’administration Obama pour laquelle il travaillait déjà au sein de l’ICE, il avait défendu l’idée que séparer les enfants des personnes qui s’occupent d’eux serait un moyen efficace de décourager les passages illégaux à la frontière. Selon certains observateurs intérieurs, il serait le «père intellectuel» de cette politique adoptée ensuite par la première administration Trump.
Thomas Homan a ensuite été nommé directeur par intérim de l’ICE par Donald Trump en janvier 2017 poste qu’il a occupé jusqu’en juin 2018. En novembre 2022, il a lancé un projet axé sur les frontières appelé Defend the Border and Save Lives (Défendre les frontières et sauver des vies) en collaboration avec United West, un groupe anti-musulman. Il est aussi le président et directeur de Border 911 (Frontière 911), une organisation sans but lucratif qui alerte sur les supposées menaces que les migrants clandestins font peser sur la société américaine.
Ce sont là toutes des initiatives très appréciées par le président Donald Trump. En novembre 2024, le président américain élu avait annoncé que Homan servirait de «tsar des frontières» pendant sa deuxième présidence et qu’il serait «en charge de toutes les déportations d’étrangers illégaux vers leur pays d’origine ». (cath.ch/ag/arch/lb)
Lucienne Bittar
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