Syrie: «Il y a encore un long chemin avant d'arriver à un État de droit»

Les nouveaux officiers de la police et de la sécurité en Syrie doivent obligatoirement suivre un cours sur la charia. «Il est encore trop tôt pour que le monde oublie» le pays, lance le Père franciscain Bahjat Karakach, curé à Alep.

Dans une note reprise par le blog Tra Cielo e Terra, le Père Karakach, de la Custodie de Terre Sainte, dresse un panorama entre lumières et ombres de la situation politique, économique et religieuse en Syrie, après l’arrivée au pouvoir de Abou Mohammad al-Jolani, chef de la coalition islamiste (HTS) qui a provoqué la chute de Bachar el-Assad.

Curé de l’église Saint-François d’Assise à Alep, il égrène un certain nombre de points positifs, comme «l’ouverture des nouvelles autorités envers la communauté internationale, les promesses de ne pas être un pays en conflit avec ses voisins, la vision d’une nouvelle économie ouverte». Il note que le coût de certains produits essentiels a baissé, tel celui du pain ou de l’essence. «À cela s’ajoute un bon niveau de liberté d’expression, auquel nous, Syriens, n’étions pas habitués» durant les décennies du régime Assad, affirme-t-il.

Des signes plus inquiétants

Mais le Père franciscain demande aux Syriens et à la communauté internationale de rester vigilants. Cette liberté politique sera-t-elle maintenue ou va-t-on assister à l’éclosion d’un gouvernement islamiste «qui exclut tous ceux qui ne partagent pas une vision étroite de la religion?» La question est sur toutes les lèvres dans le pays.

Les retours des différentes délégations internationales qui ont rencontré les représentants du nouveau gouvernement sont certes positifs, mais ils ne reflètent pas tout à fait la réalité du terrain. En effet, explique le Père Karakach, «divers groupes armés – dont l’affiliation n’est pas claire – continuent de commettre des actes de violence et de discrimination» et «il n’y a pas de stratégie claire pour juger les criminels de guerre». On observe aussi des pratiques extrémistes de la pensée islamique: dans les transports publics, les femmes sont séparées des hommes, et «certains groupes distribuent la burqa aux femmes».

Mais pour le franciscain, le plus grand danger concerne la formation des nouveaux officiers de la police et de la sécurité, qui doivent obligatoirement suivre un cours sur la charia, la loi islamique. «Cela implique que tous les Syriens, y compris les musulmans modérés, ne pourront pas accéder à ces postes», relève-t-il.

Recenser la population: une tâche annoncée longue et difficile

Concernant la tenue de prochaines élections, les autorités soulignent qu’elles ne peuvent pas avoir lieu sans un recensement préalable de la population. «Il s’agit d’une opération extrêmement complexe, compte tenu de la présence de millions de Syriens réfugiés ou sans abri.» Il ne faut pas s’attendre à y parvenir avant trois ou quatre ans. Mais ce qui manque, relève le Père Bahjat Karakach, c’est une «feuille de route pour nous guider d’ici là». (cath.ch/lb)

Concernant la tenue de prochaines élections, les autorités soulignent qu’elles ne peuvent pas avoir lieu sans un recensement préalable de la population. «Il s’agit d’une opération extrêmement complexe, compte tenu de la présence de millions de Syriens réfugiés ou sans abri.» Il ne faut pas s’attendre à les voir avant trois ou quatre ans. Ce qui manque, relève le Père Bahjat Karakach, c’est une «feuille de route pour nous guider d’ici là».

Lucienne Bittar

Portail catholique suisse

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