Ce mouvement va sans doute se renforcer à lire les statistiques liées aux générations montantes. Presque un tiers des moins de 15 ans n’avait pas d’appartenance religieuse en 2019 contre un quart seulement en 2014.
La répartition des religions diffère fortement selon la nationalité. La part des personnes sans appartenance religieuse est plus faible chez les Suisses (29%) que chez les Allemands (55%), les Français (63%) ou les ressortissants européens dans leur ensemble.
Du côté de l’Église nationale évangélique réformée, les Suisses forment le groupe le plus important (28%), tandis que chez les catholiques, la part la plus élevée revient aux Italiens (68%) et aux Portugais (67%), contre 34% aux Suisses. Les personnes originaires des Balkans sont majoritairement musulmanes (58%) et 2,8% des Suisses sont musulmans.
Près des trois quarts de la population se rend au maximum cinq fois par an dans un lieu de culte pour suivre un service religieux collectif. Outre les personnes sans appartenance religieuse, les personnes les moins pratiquantes à ce niveau appartiennent aux communautés issues de l’islam: près de 46% d’entre elles ont déclaré n’avoir participé à aucun service religieux au cours de l’année précédant l’enquête de l’Office fédéral des statistiques (OFS) et 13% y sont allés au moins une fois par semaine.
Chez les chrétiens, la pratique hebdomadaire à un office religieux est particulièrement prononcée chez les membres de communautés évangéliques (68%). Les protestants réformés se rendent pour leur part majoritairement (49%) au temple entre une et cinq fois par année. Quant aux catholiques, ils participent le plus souvent (26%) entre six fois par an et au moins une fois par mois à un service religieux collectif.
Plus largement, quelle que soit l’appartenance religieuse, 87% des personnes interrogées participent entre une et cinq fois par an à un service religieux dans un but social, par exemple à l’occasion d’un mariage ou d’un enterrement.
L’OFS indique encore que les protestants sont proportionnellement plus nombreux (38%) à n’avoir jamais prié au cours des douze derniers mois, contre 31% des musulmans interrogés et 30% des catholiques. Les membres d’autres communautés évangéliques prient plus fréquemment: 30% le font plusieurs fois par jour et 54% tous les jours ou presque. Enfin, environ une personne sur cinq sans appartenance religieuse prie de temps à autre. (cath.ch/com/ag/lb)
Valais: près de 25% de la population sans appartenance religieuse
La tendance à la baisse de la proportion du nombre des catholiques se confirme aussi au Valais, canton catholique par excellence. Entre 2010 et 2023, la proportion de catholiques y est passée de 75,4% à 61,9%. Transposée à la population (365’000 habitants), cette diminution représente 50’000 personnes. La part des protestants en Valais est passée de 6,4% à 5%, et celle des musulmans a quasi doublé, passant de 2,1% à 4,1%. Durant le même laps de temps, les personnes se déclarant sans religion ont augmenté de 10,3 à 23,7%.
Interrogé par Le Nouvelliste, le chanoine Pierre-Yves Maillard, vicaire général du diocèse de Sion, juge la situation préoccupante pour l’ensemble des Églises: «Nous vivons dans une société de plus en plus tournée vers l’individualisme et cela s’applique à la religion aussi, avec des conceptions de la croyance de plus en plus personnelles et moins communautaires. (…) Ce qui m’interpelle, c’est que l’on entend souvent, et pas que dans l’Église catholique, qu’il faut retrouver plus de liens avec les autres. Cette dimension sociale qui paraît souhaitée disparaît dans les faits. On le voit dans les chorales ou les clubs sportifs, où de moins en moins de membres sont prêts à s’impliquer de manière communautaire.»
À la question de savoir si les scandales d’abus commis dans l’Église ont pu accélérer la tendance, le chanoine reste prudent, notant que la tendance à la baisse touche aussi l’Église réformée, moins exposée à cette crise. LB
Lucienne Bittar
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