Le tribunal spécial du district d’Ambedkar Nagar a condamné le pasteur protestant Jose Pappachan et son épouse Sheeja Pappachan à cinq ans de prison et à 25’000 roupies (environ 300 euros) d’amende, rapporte le média indien The Commune.
«C’est la première fois qu’une telle peine est prononcée pour une tentative de conversion présumée», a déclaré A. C. Michael, un responsable chrétien qui surveille les activités «antichrétiennes» en Inde. Selon A. C Michael, le verdict «ne résistera pas à l’examen d’une juridiction supérieure». Il rappelle qu’une tentative de conversion n’est pas considérée comme un crime par la loi indienne. Le pasteur Joy Mathew, qui soutient le couple, a annoncé qu’il ferait appel du jugement devant la Cour suprême de l’État.
Le couple a été accusé d’avoir violé la loi de 2021 sur l’interdiction de la conversion illégale des religions (Uttar Pradesh Prohibition of Unlawful Conversion of Religion Act 2021). La législation a été modifiée en 2024 pour inclure des peines plus sévères, y compris l’emprisonnement à vie pour certains délits. La plainte, déposée en janvier 2023 par Chandrika Prasad, membre du parti au pouvoir, le Bharatiya Janata Party (BJP) [du Premier ministre Narendra Modi], accuse le couple de s’en prendre à des personnes appartenant à des communautés tribales et de dalits (intouchables) socialement défavorisées pour les convertir.
Selon Chandrika Prasad, le couple était actif depuis plusieurs mois dans le quartier dalit de Shahpur Firoz, dans le district, et aurait ciblé des familles pauvres pour les persuader de se convertir au christianisme. Le 25 décembre 2022, ils auraient rassemblé une foule de Dalits pour procéder à des conversions massives. La police a déposé l’acte d’accusation sur la base de témoignages oculaires.
L’Uttar Pradesh, l’État le plus peuplé de l’Inde avec 200 millions d’habitants, est devenu un foyer d’activités antichrétiennes. L’agence d’information chrétienne UCA News affirme qu’au moins 70 chrétiens, dont des pasteurs, sont actuellement emprisonnés en vertu de la sévère loi anti-conversion. Alors que les chrétiens ne représentent que 0,18 % de la population de l’État, les hindous en représentent 80 % et les musulmans 19 %.
Depuis 2017, l’État est dirigé par Yogi Adityanath, un nationaliste hindou pur et dur, rapporte UCA News. L’Uttar Pradesh a la loi la plus sévère contre les conversions. Sur 585 incidents anti-chrétiens survenus en Inde l’année dernière, 156 ont été signalés dans cet État.
«Dans de nombreux endroits, les chrétiens n’ont pas pu fêter Noël de manière pacifique. Ils ont été perturbés par des slogans agressifs et des troubles», a récemment déclaré l’évêque catholique d’Allahabad, Louis Mascarenhas. Yogi Adityanath refuse également de rencontrer les chrétiens, selon l’évêque. (cath.ch/thecommune/ucanews/rz)
Raphaël Zbinden
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