Trump exige des excuses de l’évêque épiscopalienne de Washington

Donald Trump a réclamé, le 22 janvier 2025, les excuses de Marianne Budde, évêque épiscopalienne de Washington, et de son Église pour le ton «méchant» de son sermon tenu la veille à la cathédrale nationale de Washington. S’adressant à lui, l’évêque lui avait demandé de «faire preuve de miséricorde».

Dans le cadre des festivités organisées autour de l’investiture du président Donald Trump, un service religieux assuré par l’évêque épiscopalienne Marianne Budde a eu lieu le 21 janvier 2025 à la cathédrale nationale de Washington, en présence de Donald Trump et son vice-président J.D. Vance, ainsi que leurs épouses respectives. L’évêque s’est dite inquiète de la peur semée par le président américain chez les immigrants et les membres de la communauté LGBTQ.

Les promesses de Trump

Lors de son discours d’investiture du 20 janvier 2025, Trump a déclaré que son administration allait rapidement «commencer le processus de renvoi de millions et de millions de criminels étrangers d’où ils viennent». Il a également promis pendant sa campagne de mettre fin au «délire transgenre» et a signé un décret exécutif affirmant que les États-Unis ne reconnaîtraient plus que «deux sexes, masculin et féminin», définis à la naissance.

Le sermon de l’évêque épiscopalienne de Washington, Marianne Budde, qui assurait le service mardi à Washington, ne pouvait donc pas le laisser de marbre.

Interpellant directement le président, elle lui a demandé «de faire preuve de miséricorde envers les gens de notre pays qui ont peur maintenant (…) Il y a des enfants gays, lesbiennes, transgenres de familles démocrates, républicaines ou indépendantes, dont certains craignent pour leurs vies», a-t-elle lancé.

Ne pas confondre étrangers et criminels

Marianne Budde a aussi plaidé la cause des migrants. «Ils ne sont peut-être pas des citoyens, ou n’ont peut-être pas les bons papiers, mais la grande majorité des immigrants ne sont pas des criminels». «Il y a des gens qui cueillent nos récoltes, qui nettoient nos bureaux, qui peinent dans les élevages de volaille et les abattoirs, qui font la plonge après que nous dînons dans les restaurants, et qui travaillent la nuit dans les hôpitaux», a-t-elle listé.

«Je vous demande d’avoir pitié, monsieur le président, de ceux dans nos communautés, dont les enfants craignent que leurs parents leur soient enlevés et d’aider ceux qui fuient les zones de guerre et les persécutions dans leur propre pays à trouver ici compassion et accueil», a-t-elle ajouté.

«Une radicale de gauche»

Donald Trump est resté impassible, déclarant seulement à son retour à la Maison-Blanche que le service religieux «aurait pu être bien meilleur». Mais, le lendemain, il lui a réclamé «des excuses» sur son réseau Truth Social. «Cette pseudo-évêque qui a parlé lors du service national de prière, mardi matin, était une radicale de gauche, qui déteste Trump avec acharnement», y est-il écrit. «Elle a introduit son église dans le monde de la politique de manière très ingrate. Elle était méchante par son ton et ce n’était ni convaincant ni intelligent… Elle et son Église doivent des excuses au public!», a-t-il ajouté.

«À part ses déclarations inappropriées, le service était très ennuyeux et sans inspiration. Elle n’est pas très douée dans son travail!» a-t-il estimé, tout en fustigeant à nouveau les «migrants illégaux».

La première femme à la tête de ce diocèse

Marianne Budde est la première femme à occuper le poste de cheffe spirituelle du diocèse épiscopal de Washington, qui comprend la cathédrale nationale, souligne le New York Times. Avant de s’installer dans la capitale américaine en 2011, la religieuse de 65 ans a été durant 20 ans environ rectrice de l’Église épiscopale St. John à Minneapolis, dans l’État du Minnesota.

Marianne Budde est connue pour s’être déjà opposée à Donald Trump. En 2020, elle avait écrit une tribune dans le New York Times dans laquelle elle s’était dite «outrée» et «horrifiée» par l’utilisation de la Bible par le président républicain. Ce dernier avait en effet brandi le livre sacré dans l’église St. John après que des policiers aient utilisé des gaz lacrymogènes contre des manifestants, sur fond de mobilisations Black Lives Matter à la suite de la mort de Georges Flyod. Donald Trump a «utilisé des symboles sacrés» tout en «adoptant des positions contraires à la Bible», avait-elle dénoncé. (cath.ch/ag/lb)

Lucienne Bittar

Portail catholique suisse

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