«Depuis des mois, le dialogue entre catholiques et juifs est en ruines», a estimé Riccardo Di Segni, rapporte Catholic News Service (CNS). Le grand rabbin de Rome s’exprimait le 16 janvier 2025, lors d’une réunion à l’Université pontificale du Latran à Rome sur les liens entre juifs et catholiques. Le rabbin a également insisté sur le fait que «pour les croyants, le dialogue n’est pas et ne peut pas être quelque chose d’insignifiant à interrompre».
«Il semble que l’Église cède à nouveau à la tentation de couper les liens avec le judaïsme», a-t-il regretté. Le rabbin a accusé le pape François «d’indignation sélective» en se concentrant sur les souffrances des Palestiniens de Gaza et en ne reconnaissant pas les multiples menaces pesant sur l’existence d’Israël.
Lors de la réunion, le Père Marco Gnavi, directeur du Bureau du diocèse de Rome pour le dialogue œcuménique et interreligieux, a estimé faux que le pape garde le silence sur «certaines des horreurs de notre époque», notamment la barbarie de l’attaque du Hamas contre Israël et la poursuite de la prise d’otages, ainsi que les menaces plus répandues contre Israël.
Pour le prêtre, la critique des actions militaires d’Israël à Gaza ne signifie pas une remise en cause du droit d’Israël à exister ou à se défendre. Il a cependant insisté sur le fait que les catholiques devaient veiller à ne pas franchir une ligne qui pourrait alimenter la propagande anti-israélienne ou anti-juive. Insistant sur le fait que «le seul ennemi est la haine», le prêtre a déclaré que les catholiques et les juifs devaient poursuivre leur dialogue et leurs efforts pour mieux se connaître et partager leurs connaissances avec les jeunes générations de croyants.
Dans son discours du 9 janvier aux diplomates accrédités auprès du Saint-Siège, le pape François avait renouvelé son appel à un cessez-le-feu et avait de nouveau demandé la libération des otages. Il avait toutefois également parlé de Gaza en évoquant «la situation humanitaire très grave et honteuse».
Les relations entre les milieux juifs ont été également écornés par un récent questionnement du pape sur la possibilité d’une enquête pour savoir si un «génocide» avait lieu en Palestine (19 novembre 2024). La crèche de la Salle Paul VI, au Vatican, dans laquelle le petit Jésus reposait dans un premier temps sur un keffieh (foulard symbole de la lutte palestinienne), avait également provoqué l’ire de la diplomatie israélienne et des milieux juifs. Le drap avait finalement été retiré.
A la faveur du cessez-le-feu annoncé, des Gazaouis déplacés ont commencé à rentrer chez eux dans la matinée du 19 janvier, rapporte la BBC. Le pape a souhaité à l’Angélus de dimanche «que ce qui a été convenu soit immédiatement respecté par les parties et que tous les otages puissent enfin rentrer chez eux pour embrasser de nouveau leurs proches». (cath.ch/cns/arch/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/le-dialogue-judeo-chretien-grande-victime-de-la-guerre-a-gaza/