Chaque année, les chrétiens du monde entier sont invités du 18 au 25 janvier à se remémorer la prière de Jésus à ses disciples: «Que tous soient un (…) afin que le monde croie» (Jn, 17: 21). Les chrétiens se rassemblent à cette occasion afin de prier pour leur unité. Mais quelle est la genèse de cette démarche?
On perçoit, au XIXe siècle, des tentatives de rapprochement chez les chrétiens non-catholiques, rapportent Jean-Michel Destors et Alain Massini, pour les Documents de l’épiscopat en 2021. La nécessité d’une meilleure coopération les a amenés à fonder les premières organisations internationales. L’Alliance évangélique, créée à Londres en 1846, lança le premier dimanche de l’année suivante, la première semaine de prière de l’Alliance évangélique, qui perdure aujourd’hui.
En 1857, l’Association pour la promotion de l’unité du christianisme, créée par des anglicans, se donne pour but de réunir anglicans, orthodoxes et catholiques pour prier uniquement pour l’unité. Mais le pape Pie IX, en 1864, interdira aux catholiques d’y participer.
Matinée œcuménique en direct de l’église Saint-Robert à Founex (VD)
Dimanche 19 janvier 2025, en écho à la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, RTSreligion propose une matinée œcuménique radiodiffusée de 9h à 11h sur RTS Espace 2, en direct de l’église Saint-Robert à Founex (VD) avec le Mouvement chrétien des retraité-es (MCR), aussi appelé Vie montante, qui fête ses 60 ans cette année.
La matinée commencera par un temps de discussion autour de l’histoire de ce mouvement, avec Josy Lambiel, Denise Pauchard, Jean-François Haas et Eric Monneron, toutes et tous membres des différents MCR cantonaux.
Puis, dès 9h30, place à une célébration œcuménique présidée par la pasteure Linda Sibuet et le diacre catholique Eric Monneron, accompagnée par les chorales de Founex.
Au terme de l’office religieux, la discussion se poursuivra sur la thématique anniversaire »Tourné-es vers l’avenir».
Présentation: Laurence Villoz et Grégory Roth, journalistes de RTSreligion.
La Communion anglicane, dès sa fondation en 1867, appelle à prier pour l’unité des chrétiens. En 1888, elle définit le socle doctrinal de la foi commune des Églises membres connu sous le nom de «Quadrilatère de Lambeth». C’est la première tentative pour offrir un cadre au débat interconfessionnel.
Face à ces volontés d’union ou d’alliance, le pape Léon XIII, à la fin du siècle, invite les catholiques à instaurer une neuvaine de prière dans le temps de Pentecôte pour «hâter l’unité du peuple chrétien», c’est-à-dire le «retour» des chrétiens séparés de l’Église catholique romaine.
À côté de ces mouvements institutionnels, un épiscopalien américain, le révérend Lewis Wattson, fonde une communauté de spiritualité franciscaine vouée à la promotion de l’unité de l’Église. En 1908, lui et sa communauté sont accueillis officiellement dans l’Église catholique romaine, où il prend le prénom de Paul.
Wattson lance en 1908, du 18 au 25 janvier, une «octave de prière pour l’unité de l’Église». Il choisit comme date l’intervalle entre les fêtes de saint Pierre et de saint Paul. Il reste néanmoins dans l’esprit d’un retour à Rome des chrétiens séparés. Sa démarche est reconnue en 1916 par le pape Pie X.
L’abbé Paul Couturier (1881-1953), prêtre diocésain de Lyon, donnera l’impulsion décisive à la forme actuelle de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Le professeur de sciences est confronté, au début des années 1920, à la misère des exilés russes à Lyon après la révolution de 1917. Avec sa sœur aînée, il se dépense sans compter pour les aider. Mais il découvre très vite l’inutilité de prétendre convertir ces orthodoxes très attachés à leur foi. Il s’intéresse alors à l’orthodoxie et à ses divers rites. C’est le point de départ de son engagement œcuménique.
En 1932, Paul Couturier songe à une possible célébration à Lyon de l’octave de prière initiée par Paul Wattson en 1908. Ce sera chose faite en 1935. Dès lors, l’«œcuménisme spirituel» est né: les divers rameaux de la chrétienté peuvent s’approprier une prière dépourvue de tout accent prosélyte.
Dès le début, le programme de la semaine de prière comprend aussi des conférences données à Lyon par des orateurs très variés permettant de s’initier à la théologie comparée des grandes religions.
Le mouvement de la Semaine de prière pour l’unité chrétienne a rapidement pris une dimension interconfessionnelle et internationale. L’abbé lyonnais composa et envoya dans le monde entier ses fameux «tracts» (73’000 en février 1953) à ses propres frais.
L’abbé Couturier meurt à la tâche, en 1953, avant de voir le triomphe de l’œcuménisme spirituel à Vatican II. Dans le décret sur l’œcuménisme (Unitatis redintegratio), au n°8, le Concile valide la formule de Couturier: «Cette conversion du cœur et cette sainteté de vie, ensemble avec les prières publiques et privées pour l’unité des chrétiens, doivent être regardées comme l’âme de tout l’œcuménisme et peuvent à bon droit être appelées œcuménisme spirituel.» (cath.ch/mp)
Les activités et célébrations en Suisse romande
Dans chaque canton diverses célébrations et activités sont proposées pour la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Le site de la Communauté de travail des Eglises chrétiennes CTEEC donne les indications utiles. Manifestations dans les cantons: FR, GE, JU, NE, VD,VS.
Thème de l’année 2025: «Crois-tu cela ?» (Jean 11,26)
Pour l’année 2025, les prières et réflexions de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens ont été préparées par les frères et sœurs de la communauté monastique de Bose, dans le nord de l’Italie.
Cette année marque le 1700e anniversaire du concile œcuménique qui se tint à Nicée, près de Constantinople, en 325. Cette commémoration offre une occasion unique de réfléchir à la foi commune des chrétiens et de la célébrer, telle qu’elle est exprimée dans le Credo formulé lors de ce concile.
Le Concile de Nicée convoqué par l’Empereur Constantin réunit, selon la tradition, 318 Pères, pour la plupart venus d’Orient. L’Église, à peine sortie de la clandestinité et de la persécution, commençait à découvrir combien il pouvait être difficile de partager la même foi dans les différents contextes culturels et politiques.
Trouver un accord sur le texte du Credo signifiait définir les fondements communs essentiels, notamment sur la nature du Christ par rapport à Dieu le Père, la date de Pâques ou la réintégration des croyants ayant abandonné la foi au cours des persécutions.
Le Credo était divisé en trois parties consacrées aux trois personnes de la Trinité. Son texte fut révisé et enrichi lors du Concile de Constantinople en 381. Le credo de Nicée Constantinople reste encore aujourd’hui la profession de foi des Églises chrétiennes.
«Crois-tu cela?»
Le thème est tiré de l’évangile de Jean (11,17-27): «Crois-tu cela?» (v. 26). L’épisode est celui de la résurrection de Lazare où Jésus dit à Marthe: «Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, même s’il meurt; et celui qui vit et croit en moi ne mourra jamais», avant de l’interpeller directement: «Crois-tu cela?»
Les Pères de Nicée s’efforcèrent de trouver des formules qui engloberaient tout le mystère de l’incarnation et de la passion, de la mort et de la résurrection de leur Seigneur. En attendant son retour, les chrétiens du monde entier sont appelés à témoigner ensemble de cette foi en la résurrection, qui est, pour eux, la source d’espérance et de joie qu’ils désirent partager avec tous les peuples. MP
Maurice Page
Portail catholique suisse
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