Jésus est très probablement né avant la naissance de Jésus-Christ

Il y a 1500 ans, un moine érudit de la mer Noire calculait l’Annus Domini (système de datation partant de la naissance conventionnelle de Jésus-Christ) définissant ainsi l’ère chrétienne. Une datation toujours utilisée en 2025, bien que son exactitude soit remise en question.

Par Christoph Arens, traduction et adaptation Grégory Roth

Qui a stipulé qu’une grande partie du monde fête le Nouvel An 2025 le 1er janvier? C’est le moine chrétien érudit, Denys le Petit (Dionysius Exiguus en latin), qui a inventé le «calendrier chrétien» il y a exactement 1500 ans, c’est-à-dire en l’an 525 après la naissance du Christ.

Des années après l’ère des martyrs

Les premiers chrétiens, vivant dans l’Empire romain, avaient initialement adopté le calendrier des Romains, basé à partir de la fondation mythique de la ville de Rome (en -753).

Puis certains, notamment à Alexandrie, ont commencé à calculer les années qui ont suivi l’«ère des Martyrs». Le début a été fixé lors de l’avènement de l’empereur romain Dioclétien en 284, grand persécuteur des chrétiens, qui est responsable de nombreux martyrs. C’est la datation que les Églises copte et éthiopienne orthodoxe utilisent encore aujourd’hui. Mais du point de vue de certains chrétiens, il n’était pas possible de s’aligner sur l’heure de l’empereur romain païen.

Celui qui date a le pouvoir

Car celui qui définit le calendrier est celui qui détient le pouvoir. Mais l’Empire romain d’Occident s’était dissous sous l’assaut des peuples germaniques, tandis que l’Empire romain d’Orient prospérait à Constantinople.

Le pape basé à Rome a montré son ambition à changer la donne. Il voulait prouver sa prétention à diriger toute l’Église. Le christianisme primitif était fragmenté et encore bien loin d’une organisation et de doctrines ecclésiastiques solidement établies. Cette division s’est montrée particulièrement éloquente concernant la date de Pâques, à propos de laquelle les évêques et les patriarches de la chrétienté ne parvenaient pas toujours à un accord.

Enseignement classique helléniste

Dans cette situation difficile, Denys a joué un rôle clé. Né sur la rive ouest de la mer Noire, il avait bénéficié d’une éducation classique hellénistique complète et s’est fait un nom en tant que traducteur de textes grecs en latin. Il est considéré comme l’un des médiateurs les plus importants de son temps entre le monde intellectuel grec et latin.

Il est venu à Rome vers l’an 496 pour traduire les sources grecques des canons des premiers conciles en latin. Ce qui a consolidé la connaissance et le pouvoir des papes romains de son époque.

Au cours du différend au sujet de la date de Pâques, le pape Jean Ier a eu recours à Denys en 525. Le moine a invoqué les décisions du célèbre concile de Nicée à partir de l’an 325, afin de calculer les dates de Pâques des 95 années suivantes. Ce qui a permis pour un temps d’apaiser les différentes Églises.

Nouveau calendrier à l’Incarnation

Au cours de ses études, Denys est également été convaincu qu’un nouveau comput (calendrier) devait voir le jour. La nouvelle ère chrétienne devait commencer avec l’année de l’Incarnation du Christ.

À partir de 753 après la naissance de Rome et le début de l’ère des martyrs, Denys a calculé le moment supposé de la naissance de Jésus. Il l’a fixé comme l’année 1, et il s’est situé en 525 après la naissance du Christ.

Jésus né entre 7 et 4 av. J-C

Ce ›comput dionysien’ mit longtemps à s’imposer. Ce n’est qu’à partir du 8e siècle qui fut adopté à travers l’Europe, et encore plus tard dans le monde chrétien.

Aujourd’hui, il est clair que les calculs de Denys sont approximatifs. Si l’on compare les quelques événements relatés dans les Évangiles avec les faits historiques, il y a des contradictions. Ainsi, le roi Hérode, bien qu’ayant commandité la mort de l’enfant Jésus, est mort quatre ans avant la naissance du Christ. Beaucoup d’historiens concluent donc que Jésus devrait être né entre 7 et 4 av. J-C.

Le problème du zéro

Et puis il y a le problème du zéro. Comme les Romains ne connaissaient pas ce nombre, Denys désigne l’année de la naissance de Jésus comme la première année : l’année 1. Ce qui est devenu problématique, dès que le calendrier chrétien s’est étendu à l’époque pré-chrétienne.

L’année 1 (après J-C) suit immédiatement l’année 1 av. J-C. Cela veut dire qu’entre le début de la 2e année avant le Christ et celui de l’année 2 après le Christ, il n’y a que 3 ans et non 4 ans. Ce qui laissant penser à au moins deux approximations dans le calcul de Denys Le Petit. (cath.ch/kath/ca/gr)

Grégory Roth

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