Lors d’un point-presse organisé à Rome, il a évoqué la réception du rapport de la Ciase au Vatican, le défi de l’explosion du nombre de catéchumènes en France et le rôle que la CEF va jouer dans les « groupes de travail » du Synode sur la synodalité.
La délégation de la conférence épiscopale française qui a rencontré le pape François dans un bureau de la Salle Paul VI était composée de Mgr de Moulins-Beaufort, de Mgr Vincent Jordy, archevêque de Tours et vice-président et du secrétaire de la CEF, le Père Hugues de Woillemont. Cette visite, habituelle, visait à présenter au pape François les principaux travaux des évêques français réalisés lors de leur assemblée à Lourdes du 5 au 10 novembre dernier. Ils ont aussi rencontré les principaux responsables de la Curie romaine.
Les trois hommes sont arrivés dimanche soir à Rome dans l’avion qui ramenait le pape François d’Ajaccio. « Cela lui a beaucoup plu », a assuré Mgr de Moulins-Beaufort avant de revenir sur les deux discours que le pontife a prononcés dans la ›cité impériale’.
À propos de la mise en valeur par le pape François d’une forme de « laïcité à la Corse », le président de la CEF y a vu une invitation à réfléchir au lien au territoire dans la perspective de contribuer à une vie plus riche et plus dense. S’il a reconnu que la question de la laïcité pouvait être sensible en France, notamment dans le cas de l’école, il a mis en avant l’existence d’un discours républicain ouvert et donné en exemple la réouverture de Notre-Dame de Paris.
Le pape François parle de la laïcité à la française «avec un peu de distance ou une évaluation gentiment critique», a reconnu Mgr de Moulins-Beaufort. Mgr Jordy a insisté sur le fait que la laïcité n’était pas ‘monolithique’ en France, quand Mgr de Moulins-Beaufort a demandé de ne pas «donner l’impression que la France est la Corée du Nord».
Quand au second discours du pontife, prononcé dans la cathédrale d’Ajaccio devant le clergé corse, le président de la CEF a noté que le pape avait voulu être encourageant pour les prêtres. «En bon prédicateur de retraites, [le pape] pratique souvent le principe de l’Écclésiaste selon lequel qui aime bien châtie bien », a-t-il affirmé.
Mgr de Moulins-Beaufort a aussi noté la ‘faiblesse’ du document final du Synode sur la synodalité concernant la place des prêtres et diacres par rapport à celle des laïcs et des évêques. «Il faut repenser leur place», a-t-il insisté en rappelant que l’Église en France était amenée à vivre «avec beaucoup moins de prêtres qu’elle en a connus».
Lors de leur visite à Rome, l’archevêque et ses confrères se sont aussi rendus dans les bureaux du Synode des évêques où ils ont été reçus par son secrétaire, le cardinal Mario Grech. Ce dernier a insisté sur le besoin de commencer à travailler sur le document final produit par la dernière assemblée, leur demandant d’« avancer sans attendre les documents romains », a rapporté Mgr de Moulins-Beaufort, qui a estimé que le travail était bien commencé en France.
Le cardinal maltais a aussi demandé à ses hôtes de travailler à des contributions pour les dix groupes de travail institués par le pape dans le cadre du Synode, en les faisant parvenir à ses services d’ici mars. Les travaux de ces groupes qui portent notamment sur la place des femmes, mais aussi sur le rôle des nonces ou la place du numérique doivent être rendus au pontife en juin prochain.
Lors de leur rencontre avec le pape François, mais aussi avec les cardinaux Victor Manuel Fernández (Doctrine de la foi) et Robert Francis Prevost (Évêques), les évêques français ont discuté de l’augmentation importante du nombre de catéchumènes mais aussi de «recommençants» (qui demandent la confirmation après une déconnexion totale avec l’Église) en France. Mgr Jordy a souligné l’importance depuis trois ans de ce «phénomène français» qui touche spécifiquement l’Hexagone, et a confié que le pontife était au courant de cette évolution.
Cet intérêt des adultes pour l’Église, a expliqué l’archevêque de Tours, n’est pas lié aux milieux traditionalistes ou charismatiques. « Le grand défi est d’être capable de les accueillir », a-t-il souligné affirmant que l’enjeu était déterminant pour des diocèses où leur nombre a pu être multiplié par quatre.
Concernant le rapport de la Ciase, Mgr de Moulins-Beaufort a reconnu que «la manière dont a été présenté le rapport n’a pas été comprise» à Rome, mais assure que la façon dont l’Église en France combat les abus en son sein «n’est pas un sujet de tension» avec le Saint-Siège. «Le pape a toujours soutenu nos travaux», a-t-il insisté, affirmant que les évêques lui présenteraient lors de leur visite en mai prochain les résultats du point d’étape sur la mise en place des préconisations de la Ciase qui est prévu en mars-avril.
Enfin, le président de la CEF a affirmé que la question du pèlerinage de Chartres – et d’une éventuelle intervention de Rome concernant la liturgie – n’avait pas été au sujet des discussions lors de leur séjour à Rome. La délégation française ne s’est pas rendue dans les bureaux du dicastère pour le Culte divin et la discipline des sacrements, qui est en charge de ces questions. (cath.ch/imedia/cd/mp)
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