Évêques de Corée du Sud: les règles démocratiques s'appliquent au président

Suite à la motion de destitution déposée le 14 décembre 2024 par le Parlement sud-coréen contre le président Yoon Suk-yeol, les évêques du pays demandent que justice soit faite. Ils appellent aussi à «mettre de côté les conflits politiques, pour travailler ensemble pour le bien de l’État et le bien-être du peuple».

Depuis onze jours, la Corée du Sud traverse une période de grande turbulence politique. Dans une prise de position publique, rapporte l’agence Fides, les évêques catholiques de Corée du Sud ont assuré que «l’Église catholique coréenne continuera à être aux côtés du peuple, jusqu’à la fin, afin de construire un pays où soit respecté le principe fondamental de la démocratie, selon lequel tous sont égaux devant la loi, et où personne ne puisse imposer ses propres opinions en violant les procédures démocratiques».

Loi martiale et motion de destitution du président

Procureur général de 2019 à 2021, candidat du Parti du Pouvoir du Peuple (PPP), élu président en mars 2022, Yoon Suk-yeol est connu pour sa ligne politique conservatrice et ses positions fermes, notamment envers la Corée du Nord. Dans la nuit du 3 au 4 décembre, il a déclaré la loi martiale et envoyé l’armée au Parlement afin de l’empêcher de siéger, en faisant allusion à une possible infiltration du système électoral sud-coréen par les forces communistes nord-coréennes. Sous la pression de l’Assemblée nationale et des manifestants, il a du faire marche arrière six heures plus tard.

Les députés sud-coréens ont alors adopté, le 14 décembre 2024, par 204 voix contre 85, une motion de destitution contre le président. Celui-ci est suspendu de ses fonctions en attendant le verdict de la Cour constitutionnelle du pays, qui a tenu sa première réunion à ce sujet le 16 décembre 2024.

La Cour a environ six mois pour se prononcer sur la validité de la motion de destitution. Si elle la confirme, Yoon Suk-yeol sera déposé et une élection présidentielle devra être tenue dans les deux mois. En attendant, c’est le premier ministre Han Duck-soo qui assure l’intérim.

Le chef du PPP pour sa part, Han Dong-hoon, parti au pouvoir en Corée du Sud a annoncé le 16 décembre, dans la foulée des événements, sa propre démission.

Les évêques saluent la réaction de la rue et du Parlement

Les évêques saluent le fait que la réaction collective à l’imposition de la loi martiale ait pris la voie d’une protestation pacifique mais résolue, visant à protéger les institutions démocratiques acquises après des décennies marquées par l’occupation japonaise, la guerre de Corée, l’armistice et la succession de gouvernements autoritaires et de coups d’État militaires.

Des groupes de la société civile, des associations, des organisations religieuses, des communautés chrétiennes et des groupes paroissiaux catholiques de différentes régions du pays se sont pacifiquement rassemblés en effet samedi 14 décembre, à Séoul, dès les premières heures du matin, pour soutenir la demande de destitution du président par le Parlement et préserver l’ordre constitutionnel. A leur tour, des partisans du président sud-coréen Yoon Suk Yeol ont organisé un rassemblement contre sa destitution lundi 16 décembre.

Au cours des onze derniers jours, le peuple sud-coréen «a traversé des moments difficiles» mais «a fait preuve d’une grande patience à travers des actions démocratiques et modérées», ont déclaré les évêques, appelant chacun à «mettre de côté les conflits politiques et à travailler ensemble pour le bien de l’État et le bien-être du peuple».

Appel au respect des lois démocratiques

Il reste «extrêmement désagréable d’être confronté à la nécessité de destituer le chef de l’État par voie d’impeachment, que l’on ait été ou non son partisan», ajoutent les évêques sud-coréens. «Chaque président, soulignent-ils, est appelé à exercer ses fonctions de manière sincère et responsable, dans le respect de la Constitution et des lois. Si, dans l’exercice de sa fonction, les lois et les principes fondamentaux ne sont pas respectés, toute personne dans une société démocratique doit être démise de ses fonctions. C’est la justice dans une société démocratique».

M. Yoon bénéficie de l’immunité présidentielle, mais celle-ci ne s’applique pas aux accusations de rébellion ou de trahison. Selon des observateurs avertis, l’issue des délibérations de la Cour constitutionnelle ne fait guère de doute, tant les violations de la constitution et de la loi reprochées à M. Yoon sont flagrantes.

Le président Yoon doit demander pardon

Les évêques demandent à nouveau au président et à son gouvernement de demander pardon au peuple, en espérant que «la Cour évaluera rapidement cette question cruciale, afin que le pays puisse retrouver la stabilité et que la vie quotidienne des citoyens puisse revenir à la normale le plus rapidement possible». (cath.ch/fides/ag/lb)

Lucienne Bittar

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