L’Abbé Pierre raconte avoir été agressé sexuellement lorsqu’il était pensionnaire au collège Notre-Dame des Minimes, à Lyon. «Des grands vicieux m’entreprennent. Je deviens durant deux mois, sous la menace d’un pistolet, leur jeu», écrit-il dans une lettre datée de 1932.
Ce passage fait partie d’un courrier de plus d’une dizaine de pages qu’Henri Grouès rédige alors qu’il est novice chez les capucins à Saint-Etienne. Le courrier est adressé au maître des novices de l’époque, Louis-Antoine de Clermont-Ferrand.
Par souci de transparence, les actuels capucins de Notre-Dame-de-Bon-Secours ont accepté que Le Monde consulte la correspondance monastique de «frère Philippe», nom d’entrée en religion du futur Abbé Pierre.
Il dit avoir sept ans au moment de ces agressions qui l’ont rendu malade, l’ont conduit à fuir le collège et de rester chez lui pendant trois mois. «Quand, après, je remonte aux Minimes, les grands m’ont oublié», précise-t-il. Ses agresseurs auraient ensuite été surpris avec une autre victime et «renvoyés à grand scandale».
L’Abbé Pierre demandera à quitter l’ordre des capucins peu de temps après son ordination sacerdotale. A la lecture de la correspondance d’Henri Grouès, les journalistes du Monde en dessinent «le portrait d’un homme tourmenté par la chair dès sa tendre enfance», dont «les pulsions pressantes et désordonnées ne semblent jamais avoir été canalisées».
Figure iconique et fondateur d’Emmaüs, l’Abbé Pierre est depuis le mois de juillet 2024 visé par une série de témoignages de femmes sur des violences sexuelles commises entre les années 1950 et 2000.
Suite à ces révélations, une commission d’experts indépendants a été chargée de faire la lumière sur les dysfonctionnements lui ayant permis de «ne pas être inquiété» pour ses agissements. De son côté, l’Église a ouvert ses archives le concernant. (cathch/ag/gr)
Grégory Roth
Portail catholique suisse
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