Blouson de cuir noir, jeans et lunettes à la mode, Salomé est une jeune fille de 16 ans pleinement dans son époque. Juste un détail la distingue peut-être: les petites croix dorées suspendues à ses oreilles et à son cou.
Car Salomé ne cherche aucunement à cacher cette foi qu’elle a découverte depuis qu’elle est toute petite. Cette native de Grolley, près de Fribourg, fait partie de cette génération née hors d’un contexte catholique omniprésent, comme cela a été le cas à une époque pas si lointaine dans le canton de Fribourg.
Elle a vu le jour en dernière position d’une fratrie de six enfants, de parents «pas beaucoup dans la religion». Ils ont ainsi laissé à Salomé le choix de se faire baptiser ou pas. C’est avec l’aide d’une marraine «fortement dans la religion», qu’elle développe ainsi son «côté spirituel». A l’âge de sept ans déjà, elle décide de se faire baptiser. Sa marraine l’assiste ainsi dans son parcours.
Salomé suit aussi les traces de sa grande sœur Margaux, qui a été l’une des fondatrices du festival Crossfire. Cette manifestation, de plus en plus populaire en Suisse romande, a été créée par de jeunes catholiques avec l’aide de l’Unité pastorale Sainte-Trinité (paroisses de Belfaux, Courtion et Grolley). Depuis 2018, elle propose des activités de jeux pour divers âges, des rencontres avec des personnalités inspirantes, des célébrations liturgiques, ainsi que des concerts. L’édition 2024 a notamment accueilli le prêtre-DJ portugais Padre Guilherme, qui avait joué devant le pape François aux JMJ de Lisbonne en août 2023.
«A Crossfire, nous sommes une très bonne équipe»
Margaux Elbaum a fonctionné ainsi, lors des premières éditions, en tant que secrétaire de Crossfire. Lorsqu’elle doit stopper son engagement à cause de ses études, Jean-Marc Andenmatten, animateur pastoral à l’UP Sainte-Trinité et cheville ouvrière du festival, demande à sa petite sœur si elle veut reprendre le flambeau.
Salomé décide de relever le défi. Une gageure alors qu’elle n’a que 13 ans. «Quand j’ai commencé le secrétariat je devais prendre les procès-verbaux. C’était pas mal de stress parce que je n’avais jamais fait ça. Mais petit à petit, j’ai réussi à gérer.» Voyant que tout fonctionne, le comité d’organisation lui donne davantage de tâches, tels que la gestion du courrier et de la boîte mail.
En 2024, elle devient ainsi responsable pour les médias, la communication et les réseaux sociaux. Un travail qui lui prend bien quelques heures par mois, et qu’elle s’efforce d’articuler avec ses études. «Heureusement, à Crossfire, nous sommes une très bonne équipe. Nous communiquons très bien entre nous et tout le monde fait preuve de beaucoup de compréhension. Par exemple, quand j’ai une période un plus chargée, à l’école, ils comprennent tout à fait et me laissent plus de temps.»
Salomé est depuis août 2024 en première année au Collège St-Michel, à Fribourg. Elle prend aussi son action de bénévolat comme une utile expérience professionnelle. Son inscription dans son CV lui a notamment permis de pouvoir donner des cours d’appui de français.
Sur un autre plan, son engagement lui permet d’ancrer sa pratique religieuse. «Je ne trouve souvent pas le temps de pratiquer tous les jours, d’aller chaque dimanche à l’église, car cela demande beaucoup de discipline. Crossfire me permet de me rapprocher du côté spirituel, notamment grâce aux messes que nous animons régulièrement.»
Salomé trouve «très beau» le concept de Crossfire de rassembler des jeunes autour de l’Église et de la religion, aussi dans un cadre où ils peuvent s’amuser. «Car de nombreuses personnes pensent qu’être catholique c’est juste aller à la messe le dimanche. Alors qu’il y a beaucoup d’autres choses qui sont proposées dans le cadre de l’Église.»
«J’ai toujours ressenti un grand respect dans mon entourage pour mon engagement»
Pour la jeune fille, le bénévolat est un moyen important de répondre à l’appel du Christ à œuvrer pour le bien dans le monde. «On prend de notre temps pour qu’une chose à laquelle on croit se réalise. Cette idée de gratuité est essentielle dans notre monde d’aujourd’hui où peu de choses fonctionnent de cette façon. Les jeunes peuvent ainsi comprendre qu’en donnant gratuitement, on reçoit encore plus en retour.»
Des activités qui trouvent davantage de résonance à mesure que les jeunes se lassent aussi des écrans et sont à la recherche de relations sincères et concrètes. Salomé explique avoir amené nombre de ses amis à s’engager dans Crossfire, «même certains qui ne sont pas forcément chrétiens». Dans son entourage et dans sa classe de collège, elle n’hésite pas à en parler et à encourager ses camarades à venir voir.
«J’ai toujours ressenti un grand respect dans mon entourage pour mon engagement», assure-t-elle. «Aujourd’hui, on sent qu’un tabou s’est brisé, on se sent plus libre de parler de notre foi, de pratiquer et d’assumer cela.» La jeune Fribourgeoise y voit notamment l’influence des réseaux sociaux. «Les réseaux sont souvent associés à des choses négatives, mais on y trouve aussi beaucoup d’éléments qui peuvent faire réfléchir les jeunes, les rapprocher de la foi.»
Au sein de Crossfire, Salomé compte ainsi bien continuer de proposer à la jeunesse locale des occasions de découvrir Dieu à travers le jeu, la joie et l’émotion. (cath.ch/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/salome-elbaum-le-benevolat-donne-aux-jeunes-le-sens-de-la-gratuite/