À bientôt 88 ans, le pape François n’a pas souhaité faire le déplacement pour la réouverture de Notre-Dame de Paris. C’est donc «par la pensée et la prière» qu’il a préféré s’associer à cet événement.
Dans son message à l’intention de l’archevêque de Paris et lu par le nonce apostolique en France Mgr Celestino Migliore, le pape se souvient d’abord du «terrible incendie» qui a touché l’édifice le 15 avril 2019. «Nos cœurs s’étaient serrés devant le risque de voir disparaître un chef d’œuvre de foi et d’architecture chrétienne», se remémore-t-il.
Le pape salue ensuite les pompiers qui sont intervenus «courageusement» sur le sinistre. Ce samedi soir à Paris, les pompiers et les restaurateurs présents dans la cathédrale ont été applaudis de longues minutes.
Dans son message, le pape loue aussi le «grand élan de générosité internationale» pour la restauration de cette cathédrale dont la première pierre avait été posée en 1163. Au total, 846 millions d’euros de dons ont été récoltés auprès de 340’000 donateurs: des particuliers, mais aussi des entreprises, des collectivités territoriales, des associations et des fondations. «Cet élan est le signe non seulement d’un attachement à l’art et à l’histoire, mais plus encore – et combien cela est encourageant! – le signe que la valeur symbolique et sacrée d’un tel édifice est encore largement perçue, du plus petit au plus grand», se réjouit le pape.
Saluant encore «le travail remarquable» des personnes ayant travaillé sur le chantier – environ 2000 -, le pape se félicite que «nombre d’ouvriers et d’artisans aient témoigné avoir vécu cette aventure de la restauration dans une authentique démarche spirituelle». «Ils se sont mis sur les traces de leurs pères dont seule la foi, vécue dans leur travail, a pu édifier un tel chef d’œuvre où rien de profane, d’inintelligible ni de vulgaire n’a sa place», ajoute-t-il.
S’adressant plus particulièrement aux catholiques de France, «pierres vivantes» de l’Église, le pape les enjoint à «se ré-approprier leur héritage de foi». Cette cathédrale, explique le pape, recèle d’innombrables symboles et représentations qui doivent «vous guider plus sûrement vers la rencontre du Dieu-fait-homme».
Enfin, le pape demande à Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris, de garder «largement ouvertes » les portes à la foule de visiteurs «de toutes conditions, provenances, religions, langues et cultures, pour beaucoup en recherche d’absolu et de sens à leur vie».
«Je sais, Excellence, […] que vous serez attachée à les accueillir généreusement et gratuitement, comme des frères et sœurs», ajoute le pape François, comme une réponse à la polémique suscitée récemment par une proposition de l’ancienne ministre de la culture, Rachida Dati, de faire payer l’entrée de la cathédrale aux touristes. Le diocèse de Paris avait rejeté fermement cette idée dans un communiqué officiel.
L’absence du pape François à Paris pour la réouverture de la cathédrale a suscité de l’incompréhension et de la déception chez de nombreux Français, catholiques ou non. D’autant plus que le pontife argentin a choisi de se rendre en Corse la semaine suivante pour participer à un colloque sur la piété populaire.
Dans un entretien diffusé hier par Vatican News, média officiel du Saint-Siège, Mgr Migliore a assuré que le pape n’avait pas souhaité faire de l’ombre au diocèse de Paris. « Si le Saint-Père venait à Paris pour l’inauguration, il serait la vedette de ce jour-là », a-t-il insisté. Par ailleurs, toujours selon le nonce apostolique, le choix du pape correspond à sa vision du monde, lui « qui privilégie les périphéries, les pays pauvres, ceux qui n’ont pas encore eu de visite de sa part ».
Le dernier pape à être venu à Notre-Dame de Paris est Benoît XVI, en 2008. Le pape Jean-Paul II avait célébré une messe à Notre-Dame dès son premier voyage en France, le 30 mai 1980. (cath.ch/imedia/hl/lb)
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