Homélie du 8 décembre 2024 (Lc 3, 1-6)

Bertrand Georges, diacre – Eglise Saint-Laurent, Charmey, FR

Chers frères et soeurs, chers auditeurs et auditrices de RTS Espace 2. Nous voici au cœur de ce temps de l’Avent, moment favorable durant lequel nous nous préparons à accueillir le Sauveur d’un cœur nouveau. Pour cela, nous ne sommes pas seuls : trois guides nous accompagnent vers Noël.

Prenons maintenant le temps de développer ces trois dimensions et de voir en quoi elles nous concernent.

Celui que tu cherches : c’est lui, Jésus

Dans l’Évangile de Jean, Jean-Baptiste s’efface pour désigner Jésus comme : « l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde » et comme celui sur qui repose l’Esprit saint. Puis, de manière saisissante, il révèle sa véritable identité : « Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. » (Jn 1,29 ; 32 ; 34).
Aux personnes qui, dans la dureté de leur temps, espéraient un Messie Sauveur, il affirme : le voici ! Celui que l’on attendait depuis des siècles est ici au milieu de vous. L’entendre parler de la sorte devait être très émouvant ! Pourtant, ce témoignage n’est pas périmé. C’est à nous également que Jean-Baptiste dit : Celui que tu cherches, peut-être sans le savoir, qui peut donner un sens nouveau à ta vie, qui pardonne les péchés, redonne le goût de vivre, réactive la joie, établit la paix du cœur …. C’est Lui, Jésus de Nazareth ! C’est aussi pour toi qu’il vient à Noël. Laisse-toi prendre par la main, saisir par son amour et éclairer par sa lumière.

Appelés à un changement de vie

À certains moments, le Baptiste prend des accents plus vigoureux, nous appelant à la conversion, c’est-à-dire au changement de vie. Cela apparaîtra de manière encore plus explicite dans l’Évangile de dimanche prochain où il invitera :
Ceux qui ont de quoi se vêtir et se nourrir, à partager avec ceux qui n’ont rien.
Les collecteurs d’impôts à ne rien exiger de plus que ce qui leur est fixé.
Les soldats à ne faire violence à personne.
Actuellement, tout un chacun ressent douloureusement que le monde est traversé de multiples crises. Il n’y a malheureusement pas de solutions «clés en mains», mais la prédication de Jean-Baptiste, que l’on peut adapter à différentes situations contemporaines, nous rappelle que la violence ne fait qu’engendrer la violence et que la paix n’est pas possible sans la justice.

Enfin, et j’y vois le troisième axe du ministère de Jean-Baptiste, pour préparer la venue du Messie, il faut encore que la route soit déblayée. D’où son appel à rendre droit les chemins tortueux, à combler les ravins, abaisser les obstacles et aplanir les sentiers rocailleux.

Invités à jeter des ponts

Ne pourrait-on y voir une invitation à jeter des ponts entre ceux qui ne se comprennent plus ou qui n’arrivent plus à dialoguer ? Reconnaissons que l’harmonie, le dialogue, la communion, ne sont pas toujours au cœur de nos relations. Au contraire : l’actualité nous montre combien, trop souvent notre monde est fractionné, ou même polarisé. Et que dire de nos difficultés à écouter et respecter un point de vue différent du nôtre ? Sans parler de tous ces sujets tellement délicats, voire « explosifs » que l’on ose plus aborder en famille ou entre amis.

Cet appel à restaurer les voies de communication, mieux, de communion, éventuellement au moyen du pardon, constitue une piste inspirante pour vivre un Avent vraiment apaisant.
Pour cela, il est bon de se souvenir qu’il est difficile de bâtir une fraternité, si on se prive d’une paternité commune et que la communion entre les hommes et les femmes se nourrit d’abord de la communion avec Dieu.

En conclusion, nous pouvons retenir que ces trois aspects de la prédication de Jean-Baptiste, à savoir : l’annonce de Jésus, l’engagement pour une société plus juste, et la communion fraternelle, ne devraient jamais être séparés. Car :

L’impuissance que nous pouvons ressentir face aux grands défis de notre époque risque de nous faire baisser les bras. Pourtant, l’enseignement de Jean-Baptiste est applicable jusque dans nos petits cercles familiaux, professionnels ou sociétaux. C’est ainsi que notre monde pourra retrouver le chemin de l’apaisement, de la reconstruction, de la guérison.

Alors, chers frères et sœurs paroissiens et auditeurs, reprenons courage et laissons-nous encore interpeller par l’appel du prophète :
« Jérusalem, quitte ta robe de tristesse et de misère, et revêts la parure de la gloire de Dieu pour toujours. […]. Debout, Jérusalem ! tiens-toi sur la hauteur […] vois tes enfants rassemblés du couchant au levant par la parole du Dieu Saint ; ils se réjouissent parce que Dieu se souvient ». (Ba 5,5).

2e Dimanche de l’Avent
Lectures bibliques : Baruc 5, 1-9 ; Psaume 125 ; Philippiens 1, 4-11; Luc 3, 1-6

https://www.cath.ch/homelie-du-8-decembre-2024-lc-3-1-6/