Deux décors dans l’évangile de ce dimanche. L’un est historico-géographique, et politique aussi: un temps, un lieu, des dirigeants politiques et religieux. L’autre est prophétique: un paysage symbolique appelé à être bouleversé, en un temps non-défini mais approchant.
Un décor extérieur et un décor intérieur pourrait-on dire, même si le second est signifié extérieurement: les ravins, montagnes, collines, sentiers et chemins appelés à être rendus droits ou aplanis ne sont que figure d’une réalité plus difficile à circonscrire que la Judée, la Galilée et la Traconitide.
«Il y a le cadre de notre histoire et de notre quotidien… Et il y a cette autre réalité, celle du salut proposé à notre foi»
N’en va-t-il pas ainsi dans nos vies? Il y a le cadre de notre histoire et de notre quotidien, les personnes qui l’animent et l’orientent au proche et au lointain, positivement et négativement. Et puis, il y a cette autre réalité, celle du salut proposé à notre foi, à notre liberté, à notre amour, et qui mérite souvent quelques travaux de voirie.
Le premier décor est donné. Le second est une invitation à collaborer avec Celui qui veut frayer un chemin de salut dans nos existences. Ce n’est jamais hors du premier décor – celui de notre quotidien – que se révèle le salut offert. Jésus le sait bien qui sera pris dans l’étau de deux pouvoirs oppressants et réalisera le salut du monde entier dans ce contexte précis de sa condamnation à mort et de son exécution.
«Nos vies sont marquées par toutes sortes d’influences dans lesquelles le Seigneur se révèle à nous»
Sans être forcément aussi tragiques, nos vies subissent, ou du moins sont marquées par toutes sortes d’influences dans lesquelles le Seigneur se révèle à nous et se communique.
Les obstacles à sa venue dans notre «décor» ne manquent pas. Puissent les Jean-Baptiste ne pas manquer non plus pour nous appeler à nous retrousser les manches! Mais s’agit-il vraiment d’un gros chantier de terrassement nécessitant muscles et sueur? Bien sûr, notre part est essentielle.
Mais l’appel du Baptiste résonne-t-il exactement à nos oreilles comme il résonnait aux oreilles de ses contemporains? Sûrement pas! Car comme baptisés plongés dans la mort et la résurrection du Christ, nous vivons de ce salut déjà réalisé en nous. Nous sommes ces vivants qui avons vu le salut de Dieu, réalisant la prophétie d’Isaïe. Salut déjà là et pas encore.
«Le paysage intérieur du cœur humain est ainsi rendu apte à accueillir le Seigneur…»
Mais nous avons «l’Outil» efficace à notre disposition: l’Esprit Saint qui travaille en nous. D’ailleurs la séquence de la Pentecôte (Veni Sancte Spiritu) ressemble étrangement à la prophétie d’Isaïe reprise par Jean-Baptiste: «Lave ce qui est souillé, baigne ce qui est aride, guéris ce qui est blessé. Assouplis ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rends droit ce qui est faussé.»
Le paysage intérieur du cœur humain – dont le paysage de la prophétie d’Isaïe avec ses montagnes aplaties et ses voies redressées était la figure – est ainsi préparé et rendu apte à accueillir le Seigneur. Et qui fait le travail? Dieu lui-même, par l’Esprit de Jésus.
Viens Seigneur Jésus dans le décor de nos existences et dans le décor de nos âmes. Donne-nous de les aimer l’un et l’autre: celui qui est donné et celui qui reste à monter. Conduis-nous au désert pour t’entendre, au bord du Jourdain pour devenir terre d’accueil à ta venue.
Sr Anne-Sophie Porret OP | Vendredi 6 décembre 2024
Lc 3, 1-6
L’an quinze du règne de l’empereur Tibère,
Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée,
Hérode étant alors au pouvoir en Galilée,
son frère Philippe dans le pays d’Iturée et de Traconitide,
Lysanias en Abilène,
les grands prêtres étant Hanne et Caïphe,
la parole de Dieu fut adressée dans le désert
à Jean, le fils de Zacharie.
Il parcourut toute la région du Jourdain,
en proclamant un baptême de conversion
pour le pardon des péchés,
comme il est écrit dans le livre des oracles d’Isaïe, le prophète :
Voix de celui qui crie dans le désert :
Préparez le chemin du Seigneur,
rendez droits ses sentiers.
Tout ravin sera comblé,
toute montagne et toute colline seront abaissées ;
les passages tortueux deviendront droits,
les chemins rocailleux seront aplanis ;
et tout être vivant verra le salut de Dieu.
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/blogsf/evangile-de-dimanche-dans-le-decor/