Mgr Slawomir Kawecki – Eglise Saint-Jean-Baptiste, Corsier-Anières, GE
ÊTRE OU PARAÌTRE – Chers frères et sœurs, aujourd’hui, l’Eglise, par les lectures de ce dimanche, nous demande de faire le choix entre être ou paraître. Plus être ou plus paraître ? Le paraître, c’est-à-dire l’image qu’on veut donner de soi, reste la grande préoccupation de beaucoup. Voilà pourquoi, au lieu de chercher à dépasser les apparences pour entrer dans l’essentiel, l’être, on cultive trop souvent, une certaine forme de duplicité ! On vit alors dans la mise en scène du personnage qu’on veut composer au regard des autres. Cela me rappelle la pièce de Molière, le Tartuffe ou l’imposteur, l’histoire de cet homme obsédé par le paraître et l’argent. Il est prêt à toutes les compromissions pour se présenter comme quelqu’un de bien-pensant. Tout homme, toute femme, un jour ou l’autre peut tomber dans cette tentation, même si c’est de manière inconsciente !
Dieu rejoint la vérité des êtres
L’évangile d’aujourd’hui nous montre les scribes qui veulent se faire valoir à tout prix. C’est la caricature de l’authentique homme religieux. Si les apparences peuvent tromper les hommes, le regard de Dieu, Lui, rejoint la vérité des êtres. Ce n’est que dans la mesure où nous nous connaissons, selon la belle formule de Socrate : ›Connais-toi toi-même’, que nous pourrons reconnaître et crier notre pauvreté, notre insuffisance à Dieu. Et ce n’est qu’ainsi qu’il peut nous sauver. Les deux veuves de la 1ère lecture et de l’évangile sont vraies, franches et droites. Elles ne cherchent pas à se faire remarquer. La valeur de leur geste n’échappe pas à Dieu et Il nous les donne en exemple.
L’action de grâce pour les récoltes
Aujourd’hui, dans notre paroisse, nous célébrons l’action de grâce pour les vendanges et les récoltes. Le Livre de L’Exode nous exhorte : ›Tu apporteras les tout premiers fruits de ton sol à la maison du Seigneur ton Dieu’.
Dans cet esprit, nous avons la chance de pouvoir réactualiser la vie de Jésus par les images des vignerons et des agriculteurs ! Nous admirons leur travail, honnête et digne et surtout leur persévérance, malgré les maladies des plantes, la grêle, le gel. Au fond de leur cœur, ils savent que tout est don de Dieu, car tout vient de Lui et tout retourne à Lui. Les fruits de leur travail sont greffés, par leur foi, au Créateur et à sa Vigne véritable qu’est le Christ. Leur travail est empreint de sagesse et enraciné dans le terroir. Leur savoir-faire a été transmis de génération en génération. A l’instar de la vigne et des vignerons, Jésus nous dit : ›Je vous envoie afin que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure’. C’est pour cela qu’aucune tricherie n’est possible ! Ainsi, on peut les admirer parce qu’ils placent l’être au centre de leur comportement.
Le vin pour le sacrement de l’Alliance
Quelle chance et quel honneur que ce vin, produit par le raisin et les vignerons, soit le vin pour le sacrement de l’Alliance ! Soyons très attentifs quand le prêtre prononce ces paroles pendant l’offertoire : ›Comme cette eau se mêle au vin pour le sacrement de l’Alliance, puissions-nous être unis à la divinité de celui qui a pris notre humanité.’
Chers frères et sœurs, que cette messe d’action de grâce soit, pour les vignerons, pour les agriculteurs et pour nous tous et toutes, source de réconfort ! Qu’elle nous redonne l’espoir que le Seigneur est, chaque jour, présent dans notre vie ! Que cette parole de Dieu méditée aujourd’hui, et qui donne beaucoup de fruits dans la vie des vignerons et agriculteurs, nous apporte force et sagesse pour plus être que paraître !
32e Dimanche du temps ordinaire
Lectures bibliques : 1 Rois 17, 10-16; Psaume 145; Hébreux 9, 24-28; Marc 12, 38-44
https://www.cath.ch/homelie-du-10-novembre-2024-mc-12-38-44/