Genève: la mosquée du Petit-Saconnex dans la tourmente

Suite à des incidents liés à l’islam politique, la gouvernance de la mosquée du Petit-Saconnex, à Genève, sera transformée. Mohammad Abdulkarim Alissa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale, qui soutient l’institution, a expliqué la situation du lieu de culte.

Mohammad Abdulkarim Alissa, de passage à Genève, a confirmé au journal Le Temps (4 novembre 2024) certains événements ayant conduit à la décision de recadrage de la mosquée. Début 2024, des fidèles auraient alerté sur le fait qu’une employée de l’institution était fichée S en France voisine. Le responsable saoudien a assuré au quotidien romand qu’après vérification, cette personne avait été écartée. «Nous aspirons à avoir des critères plus rigoureux», a commenté le secrétaire général de la Ligue islamique mondiale, basée en Arabie saoudite.

Sermons politiques pas acceptés

Au lendemain de l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, certains fidèles de la mosquée se sont également plaints d’un sermon sur la Palestine qui relayait un discours politique. Un épisode suite auquel la Ligue aurait interdit l’imam de prédications. «Les sermons du vendredi doivent prôner la paix et la fin des conflits, y compris la fin de la guerre dévastatrice à Gaza. Nous ne voulons pas d’imams abordant les questions de conflits», a affirmé Mohammad Abdulkarim Alissa. Au nom de la Ligue islamique mondiale, le responsable saoudien a déclaré: «Nous condamnons les événements du 7 octobre, ainsi que les sanctions collectives qui tuent des innocents à Gaza. On ne peut pas répondre à un crime par un autre crime.»

Pas de transfert à une entité suisse

La gouvernance de la principale mosquée de Genève devrait ainsi être transformée avec le départ de son actuel directeur et la démission de trois membres de la Fondation culturelle islamique assurant son financement.

La Ligue avait également annoncé vouloir remettre la direction de la mosquée du Petit-Saconnex à une entité suisse. Mohammad Abdulkarim Alissa a toutefois indiqué n’avoir pas trouvé d’association qualifiée pour cela, «en raison de leur discours politique islamique». «Nous avons décidé de transformer le conseil d’administration en un conseil international, comprenant des personnalités de Suisse et d’ailleurs, pour garantir la diversité et la transparence, afin que la mosquée soit un lieu ouvert à tous, reflétant l’islam authentique et sa véritable amitié avec les communautés», assure le responsable saoudien.

L’image positive de la Suisse en Occident et en Orient

Le secrétaire général de la Ligue islamique mondiale est également revenu sur la volonté de l’organisation d’établir à Genève un forum pour le dialogue des religions. Un projet que la Ligue espère finaliser d’ici un an. «Nous souhaitons une plateforme solide, avec une exposition annuelle qui présente la culture des peuples à travers des spectacles et explique leur philosophie à travers des conférences et des dialogues», affirme Mohammad Abdulkarim Alissa. «La Suisse est un pays neutre, où siègent des organisations internationales, et jouit d’une image positive en Orient et en Occident, ajoute-t-il. Tout le monde souhaite que ce forum avec son exposition annuelle se tienne en Suisse.» (cath.ch/letemps/arch/rz)

La Ligue islamique mondiale (LIM) est une ONG musulmane fondée en 1962 à La Mecque par le prince Fayçal d’Arabie saoudite. Elle a un statut d’observateur à l’Organisation des Nations unies. Selon son site internet, sa mission est de «clarifier la véritable image de l’islam, fournir de l’aide humanitaire, créer des ponts de dialogue et de coopération avec les autres religions, engager des initiatives d’ouverture vers les autres cultures et civilisations, contribuer à faire vivre le message de l’Islam, dans le sens qui est le sien». La LIM contribue financièrement à la création de mosquées et de lieux d’enseignement dans de nombreux endroits du monde. RZ

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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