Synode: les médias catholiques relèvent l’importance du «chemin»

Le Synode sur la synodalité s’est achevé fin octobre 2024 dans une ambiance mitigée mais sans «coup de sang» généralisé dans les médias. La presse catholique voit cet épilogue d’un œil globalement positif, soulignant entre autres les bienfaits du «processus».

«Certains redoutaient la révolution, d’autres prédisaient un non-événement ; après plusieurs années de travaux, la grande démarche synodale voulue par le pape François ne débouche ni sur l’un ni sur l’autre, mais sur un apparent consensus qui laissera sans doute un goût d’inachevé», affirme Marie-Lucile Kubacki dans le magazine chrétien français La Vie. «Il est sûr que le document final ne peut que ravir certains, décevoir d’autres et même peut-être mettre en colère d’autres encore», note de son côté le jésuite James Martin dans le magazine America.

Cette vision d’un Synode «mi-figue mi-raisin» ressort dans nombre de médias proches de l’Église. Une analyse générale veut que la démarche ait enclenché des dynamiques, mais sans réellement apporter des solutions aux demandes des fidèles. «S’il ouvre des pistes d’évolution, le synode est également traversé par des blocages sur les questions les plus délicates, comme celle de la place des femmes ou de la décentralisation, véritables serpents de mer du débat ecclésial», souligne encore Marie-Lucile Kubacki.

Une autre image de l’Église?

Alors, coup d’épée dans l’eau ou vague de fond? Pour certains médias, le Synode donne un réel nouveau souffle à l’Église. Andrea Tornielli, directeur éditorial de Vatican Media, juge que le document final est «la prise de conscience que la synodalité est la manière de vivre et de témoigner de la communion». Le vaticaniste estime que l’horizon du texte «est la mission (…) de faire en sorte que ‘l’Église sortante’ ne reste pas une intuition ou ne finisse par se réduire à un simple slogan, mais qu’elle se réalise pleinement avec la contribution de tous».

Un grand nombre de commentateurs catholiques se retrouvent en tout cas positivement sur le fait que le Synode a été valable tout d’abord pour le processus qu’il a enclenché. «Avec une série de déclarations doctrinales et de documents ainsi qu’un marathon d’interrogations, de consultations et d’assemblées synodales au niveau national, continental et mondial, François a réussi à changer l’image que l’Église a d’elle-même», note le journaliste Ludwig Ring-Eifel de l’agence allemande KNA.

Assemblée progressiste, résultat centriste?

«À une époque profondément divisée et polarisée, le fait que l’Église catholique ait pu organiser un exercice de consultation d’une telle ampleur et qu’elle soit parvenue à rassembler tout le monde à la fin, même si personne n’est pleinement satisfait, doit être considéré comme un petit miracle – et, à bien y réfléchir, peut-être pas si petit que cela après tout», renchérit le vaticaniste John Allen, sur le site américain Crux.

Il est certain que les sensibilités plus conservatrices dans l’Église peuvent voir les choses sous un autre angle. Les commentaires émanant des médias correspondants mettent l’accent sur la préservation de la doctrine et de la tradition. Certaines publications pointent du doigt le «biais progressiste» du Synode. «Personne ne peut s’opposer à ce que l’Église soit à l’écoute de ses membres. Le problème est que l’exercice d’écoute qui a précédé le Synode a été partiel et sélectif», assure le média britannique Catholic Herald. Un point sur lequel s’interroge également John Allen. «(…) la vraie question concernant le synode de 2024 est peut-être de savoir comment une assemblée aussi déséquilibrée a néanmoins produit un résultat fondamentalement prudent et non révolutionnaire». Pour le journaliste de Crux, «en examinant le document final, on constate que sur la plupart des points, il semble se plier en quatre pour trouver un équilibre entre l’innovation et la continuité, et qu’il n’approuve jamais un changement radical sur quelque front que ce soit.»

Chêne ou roseau

Une assemblée donc plutôt «progressiste» pour un résultat résolument «centriste»? Les observateurs s’accordent à dire que la préservation de l’unité de l’Église a été en filigrane du document final. «Les raisons pour lesquelles le pontife a choisi cette voie sont diverses. Peut-être que l’exemple de la voie synodale allemande, avec son risque apparemment réel de schisme, a servi de mise en garde; peut-être que le pontife ne voulait pas que l’année jubilaire en 2025 soit assombrie par les récits d’une guerre civile catholique», note ainsi Marie-Lucile Kubacki.

Le résultat du Synode aurait-il donc été volontairement un flexible «roseau» pour ne pas être un «chêne» susceptible de se briser face à la tempête ? Au-delà de ces questions, certains mettent en avant toute l’ampleur du chemin parcouru au cours de cette démarche par l’Église catholique. «Il s’agit d’abord d’un changement des mentalités, au niveau communal et au niveau ecclésial», note ainsi Claire Jonard, facilitatrice au Synode, sur RTBF. Pour celle qui a fait partie de la délégation suisse à Rome, «c’est un chemin de longue haleine dans notre manière de changer nos processus, notre manière d’être. Mais il s’agit d’un changement nécessaire, pour être plus en phase avec l’Évangile et le message de Jésus-Christ.» (cath.ch/ag/arch/rz)

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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