Sœur Scholastika vit depuis 60 ans au monastère de Wonnenstein dans une enclave du demi canton d’Appenzell Rhodes-Intérieures. L’octogénaire est l’unique et dernière religieuse du monastère qu’elle refuse obstinément de quitter. Son conflit avec l’autorité ecclésiale vient de connaître un nouvel épisode.
La capucine a porté plainte devant le tribunal de district des Rhodes-Intérieures afin de récupérer sa fortune personnelle qu’elle estime à 55’000 francs. Le tribunal de première instance vient de lui donner tort face à l’association qui a repris la propriété et la gestion du monastère. « Je me sens bien, même après la perte du procès. Car je suis du côté du Seigneur et de la vérité et j’ai donc bonne conscience », a déclaré Sœur Scholastika à kath.ch.
Depuis plus de deux ans, un conflit a éclaté autour du monastère de Wonnenstein. Il porte sur l’avenir de l’institution et sur le sort de la dernière sœur qui y vit actuellement seule.
Fondé au XIIIe, et rebâti au XVIIe siècle, ce couvent est un important bien culturel est une partie de l’histoire de la Suisse orientale. Faute de relève, après le décès de la dernière supérieure en 2020, la communauté monastique a été dissoute. Actuellement, sœur Scholastika vit seule au monastère qu’elle entend bien défendre jusqu’au bout.
A l’époque où elle est entrée au couvent, il était d’usage que les religieuses apportent avec elle leur fortune personnelle. Au fil des ans avec compléments d’héritage et de dons, elle estime que cette fortune se monte à 55’000 francs qu’elle n’entend pas laisser à l’association civile Kloster Rosengarten Wonnenstein qui a repris le monastère.
Le tribunal a toutefois rejeté la plainte de Sœur Scholastika et a accepté la demande de l’association responsable. La nonne doit désormais verser sa rente AVS mensuelle de 1’225 francs à l’association, même rétroactivement. En contrepartie, de quoi elle est nourrie et logée dans le couvent. «Vous pouvez toutefois quitter le couvent à tout moment, auquel cas vos biens vous seront restitués», a précisé le juge.
Sur le plan canonique la religieuse avait aussi interjeté un recours à Rome contre la dissolution de la communauté et le transfert de sa propriété à l’association. Là aussi sans succès. Une seule religieuse ne peut pas former une communauté, lui avait-on expliqué en lui recommandant de rejoindre un autre couvent ou une maison de personnes âgées. Ce qu’elle refuse obstinément de faire.
« Je ne me sens pas du tout seule », assure Sœur Scholastika à kath.ch. D’une part, elle vit en communion avec le Seigneur. « D’autre part, je suis toujours en lien avec la communauté de toutes les consœurs défuntes, soit près de 500. C’est un lien merveilleux ». (cath.ch/kath.ch/mp)
Maurice Page
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