L’un après l’autre, les diocèses catholiques des États clés ont dû rappeler à leurs fidèles que les journaux dont le titre comprend le mot ‘catholic’ et qui apparaissent dans les boîtes aux lettres ne sont pas ce qu’ils prétendent être et ne sont pas liés à l’Église, rapporte le site de l’orgnisation ProPublica .
Avec leur police de caractères classique et leur conception traditionnelle, les journaux de la Catholic Tribune envoyés en masse se donnent des signes de légitimité. Mais la plupart des articles publiés sont incendiaires et ouvertement partisans, se concentrant sur des questions de guerre culturelle qui trouvent un écho auprès des électeurs conservateurs.
Un titre du Wisconsin Catholic Tribune, repris dans les versions d’autres États, pose la ainsi question suivante: «Combien d’opérations chirurgicales de mutilation pour changer de sexe ont été pratiquées sur des enfants du Wisconsin? Un autre: «Les clandestins haïtiens en Amérique: Que disent les partisans de Harris?»
Des diocèses et des paroisses du Michigan, du Nevada et du Wisconsin ont émis des avertissements au sujet de ces publications. «Cela donne l’impression que le diocèse de Grand Rapids ou l’Église catholique est derrière ce journal», a déclaré Annalise Laumeyer, porte-parole du diocèse. En raison de leur contenu clairement partisan, ce journaux risquent en outre de donner une image ›inquiétante’ aux non-catholiques.
Les journaux, également publiés en Arizona et en Pennsylvanie, sont ce que les universitaires américains surnomment la ‘bave rose’ (Pink Slime). Ce terme vient du produit de remplissage des saucisses industrielles de viande transformée .
En imitant l’apparence d’un journal traditionnel, la Catholic Tribune peut attirer plus d’attention que les sites en ligne, explique Ben Lyons, professeur adjoint à l’université de l’Utah. Pour lui, il s’agit en quelque sorte d’un «piratage de crédibilité» en apparaissant comme une source d’information locale liée à l’Église catholique. En envoyant ces journaux par la poste, on a plus de chances qu’ils soient remarqués, en particulier par les électeurs plus âgés.
ProPublica a remonté la piste jusqu’à un réseau d’édition basé à Chicago et dirigé par l’ancien journaliste de télévision Brian Timpone. Ses entreprises, dont Metric Media, sont connues des chercheurs pour colporter des informations erronées et des reportages biaisés.
De fait l’Église catholique ne soutient pas les candidats et n’appelle pas à leur défaite, mais elle s’exprime sur des questions morales et participe aux débats sur les politiques publiques. De nombreux diocèses publient des journaux, mais ils ne sont pas partisans. Les Eglises exonérées d’impôts ne sont pas autorisées à s’impliquer dans la politique partisane. L’archidiocèse de Milwaukee renvoie à un document de la Conférence catholique du Wisconsin énonçant des lignes directrices pour l’implication des Eglises dans les élections.
Si l’Eglise ne donne pas de consigne de vote, divers groupes catholiques s’engagent cependant en faveur de Donald Trump, dont CatholicVote. L’organisation est citée à plusieurs reprises dans les articles de la Catholic Tribune, sans qu’on puisse cependant établir un lien direct entre elles. (cath.ch/propublica/mp)
Maurice Page
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/de-faux-journaux-catholiques-pour-soutenir-donald-trump/